Jonction CMA-Plateforme: l’espoir en carton !

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Publié le mercredi 17 fevrier 2016 | Info Matin

© Autre presse par DR
Rebelles touaregs

Entre les bourdonnements des marchands d’illusions, la persistance des actes d’insécurité, à Kidal et environ; la vérité est que la jonction CMA-Plateforme ne suscite qu’un maigre espoir. Et pour cause ! Les fruits n’ont tenu la promesse des fleurs ni du point de vue de la lutte antiterroriste ni de la gestion de la ville de Kidal où Iyad, par procuration, continue à faire régner sa loi.

Face à une réalité sur laquelle nul ne se méprend, des marchands d’illusions ont tenté de trouver des endorphines. Dans cette délicate manœuvre, la jonction CMA-Plateforme, renouvelée à l’issue d’un accord trouvé le 2 février dernier, à Kidal, entre les deux mouvements armés, est présentée comme une panacée. L’hypnose n’aura été que de courte durée, si jamais elle avait effectivement eu lieu. Les attaques terroristes de Kidal font redescendre sur terre tous ceux qui s’étaient installés sur des nuages d’illusion. Et pour cause, de la jonction de ces mouvements, étaient attendus deux volets : le renforcement de la sécurité dans le cadre de la lutte antiterroriste ; et la gestion de la ville de Kidal.
Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, il est de plus en plus évident que nous assistons à un leurre des nouveaux alliés. Les mouvements armés s’y sont engagés, sans avoir véritablement la volonté de le faire. D’ailleurs, au-delà des forfanteries, en ont-ils les moyens ? Il y a lieu d’en douter. Pourtant, ils n’ont pas hésité un instant à prendre la lourde responsabilité d’emprunter cette voie sur laquelle ils ont été rapidement confondus. Il était difficile pour les Maliens de ne pas céder à ce chant de sirène au regard de la multiplication des actes terroristes. Cet engagement était aussi une couverture parfaite pour la MINUSMA de donner sa bénédiction à des retrouvailles aux dessous brumeux.
En tentant de faire croire que l’accord entre la Plateforme et la CMA représente une avancée (« Mais jusqu’à présent, les signaux qui me parviennent me disent qu’il y a des prédispositions pour nous permettre d’aller de l’avant», selon M. Annadif), la Mission onusienne se risque à une dangereuse manipulation des faits. Et pour cause, par la voix du Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamad Saleh Annadif, intervenant sur Mikado FM, l’on apprend : « L’accord intervenu entre la Plateforme et la CMA est d’autant plus salutaire aux yeux du diplomate onusien que celui-ci a permis, dit-il, d’apaiser les tensions suscitées par l’arrivée des combattants de la Plateforme dans la ville qui était tenue exclusivement par la CMA depuis les événements de mai 2014 ».
Sur ce point, la Mission se prend les pieds dans une nasse de mensonges dans la mesure où la Plateforme prétend que son entrée à Kidal était prévue dans l’accord issu des « discussions directes » d’Anéfis.
Si tant est que cela soit avéré, aucune tension n’avait par conséquent lieu d’être. Et c’est certainement sur la foi de cet accord d’Anéfis que la MINUSMA ne s’est pas opposée à l’entrée du GATIA à Kidal et s’est abstenue de tout commentaire sous le feu de l’action quand bien même le RSSG déclarera après : «Nous avons encouragé la CMA et la Plateforme. Nous avons salué l’arrangement interne qu’ils ont trouvé (…). Donc les arrangements locaux, nous sommes d’accord ».
Il est d’autant plus important de rappeler cela qu’il y a seulement quelques mois que la Mission empêchait la Plateforme d’occuper Kidal et décidait unilatéralement de l’établissement d’une zone de sécurité de 20 km autour de ladite ville.
Pour ce qui est de la gestion de la ville de Kidal, par la CMA et la Plateforme, l’on est buté à un océan d’interrogations. Pourquoi la Plateforme devrait-elle aller cogérer Kidal sous le contrôle de la CMA depuis mai 2014 ? Difficile d’y répondre, dans la mesure où elle n’a jamais été mentionnée dans les annales comme une réponse à une gestion administrative de crise. Pourtant la MINUSMA a salué cet arrangement vraiment bancal puisqu’il se fait en échange de l’allègement du dispositif militaire du GATIA à Kidal, tel que exigé par Alghabass Ag Intallah. Ne pourrait-il pas s’agir d’une fourberie devant permettre de faire de Kidal une passoire pour Iyad avec qui ses accointances douteuses restent toujours d’actualité et qui vient d’ailleurs de faire une nouvelle fois parler de lui en attaquant le camp de la MINUSMA à Kidal. Troublante coïncidence.
En définitive, il y a très peu de doute : l’arrangement interne, entre la CMA et la Plateforme sert en réalité des intérêts autres que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali brandi paradoxalement comme un creuset par la MINUSMA. Parce que quand deux groupes armés vont se retrouver à Kidal, signent un accord (après celui d’Anéfis), sous prétexte de calmer les tensions, il y a indubitablement anguille sous roche. Mais la vérité sur cette conspiration finira par éclater au grand jour.

Par Bertin DAKOUO