Accusé de « traîtrise » par la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans une vidéo diffusée le lundi dernier, le président du Haut conseil islamique du Mali fait l’objet d’une menace de mort. Approché par nos soins, l’imam Mahamoud Dicko affirme ne pas vouloir répondre à ce qu’il met sur le compte de la provocation.
Réputé être un fervent connaisseur et pratiquant des principes de l’Islam, l’Imam Mahamoud Dicko est une référence pour les religieux maliens en général et le monde musulman en particulier. Aussi, son franc-parler force-t-il l’admiration. Dans cette logique, Mahamoud Dicko se dresse toujours en rempart contre les transgressions à l’encontre de la religion musulmane. C’était le cas avec le Code de la famille sous le régime ATT en 2009. Mais, il a refusé de soutenir la philosophie des pseudos-djhihadistes qui sèment la terreur à travers le monde. Cela, contre les principes édictés par le prophète Mahomet (PSL), lesquels guident tout bon musulman. Ce refus de l’Imam Dicko de pactiser avec le diable contre son prochain est qualifié de traîtrise par Al-Qaeda au Maghreb islamique. Du coup, les groupes islamistes l’ont inscrit sur leur liste noire. Le respecté président du Haut conseil islamique est aujourd’hui devenu l’homme à abattre par les islamistes. C’est du moins ce que laisse penser une vidéo de propagande diffusée par Dar al-islam. Dans ladite vidéo, Aqmi accuse l’Imam de traîtrise pour avoir soutenu l’intervention française à travers l’opération Serval de janvier 2013, visant à freiner la progression des islamistes vers le Sud du Mali. Ils ont aussi diffusé un passage d’une conférence de presse du leader religieux dans lequel il soutient que l’intervention française est soutenable, car la guerre que mènent ces gens n’est pas une guerre confessionnelle. Au contraire, c’est du terrorisme. C’est ce passage qui semble déranger les «fous » de Dieu qui pensaient que l’Imam était de leur côté, au point de vouloir lui faire la peau.
Au regard de l’ampleur de l’accusation et de l’intransigeance des terroristes, nous avons contacté l’Imam Dicko pour savoir comment il a accueilli ce message. Dans notre entrevue, Mahamoud Dicko a été on ne peut plus précis : « je ne veux pas répondre à la provocation». Pour lui, cette vidéo n’est rien d’autre que la provocation et il n’entend pas se rabaisser au niveau de ces petits esprits.
Dans l’entourage de l’Imam Dicko, on se dit serein. D’ailleurs, précisent ses proches, l’homme n’a jamais manqué une occasion pour condamner les agissements de ces barbares et autres sanguinaires qui se prennent pour des missionnaires d’une religion qui n’a jamais demandé de verser le sang d’innocents. En clair, Mahamoud Dicko ne cesse d’inciter son prochain à aller sur le droit chemin, et s’est toujours refusé à épouser l’idéologie des terroristes. Cette franchise de Dicko fait de lui, aux yeux de certaines personnes, un personnage complexe.
Ce n’est pas la première fois que l’Imam Dicko est sous les feux des projecteurs, ajoutent nos interlocuteurs. L’on se rappelle que suite à l’attaque de l’hôtel Radisson-Blu, le 20 novembre 2015, il a été accusé de faire l’apologie du terrorisme, à tel point que certains l’ont traité de tous les noms d’oiseaux. Il est resté serein, droit dans ses bottes. Ce n’est donc pas surprenant qu’il ne veuille pas répondre à de telles provocations. A l’analyse de ces différentes accusations, l’on est en droit de déduire que Mahamoud Dicko n’a rien en commun avec les terroristes. Il n’est pas aussi proche des pourfendeurs de l’Islam.
Toutefois, ces menaces ne sont pas à prendre à la légère, car ces gens sont capables de créer beaucoup de ‘’petites misères’’. A noter que Mahamoud Dicko n’est pas la seule personnalité menacée dans ladite vidéo. Le candidat aux primaires républicains des USA, Donal Trump, et la française Marine Le Pen le sont également. Dieu veille !
Harber MAIGA