La libération des régions du nord par les forces françaises dans le cadre de l’opération Serval en parfaite harmonie avec l’armée malienne s’est arrêtée à la porte de Kidal. Au moment où on interdisait aux forces armées maliennes de prendre position à Kidal, on confiait le contrôle de la ville aux combattants du MNLA, jusque là interdits de séjour dans leur imaginaire Azawad après leur bérézina à Gao face aux islamistes du MUJAO. C’est un secret de polichinelle, que de dire que la France a permis au MNLA de renaître de ses cendres avec l’intégration et le recyclage des éléments djihadistes. Depuis lors, la ville de Kidal est devenue une sorte d’enclave désertique.
« Il n’est pas besoin d’être un observateur rompu aux arguties de la géopolitique sous-régionale pour comprendre que la France joue sur la partition du Mali, en imposant Kidal au Mali alors que le MNLA est largement responsable avec certains responsables maliens et étrangers de l’implantation des islamistes terroristes. Ou encore il s’agit d’une façon d’imposer son diktat au Mali en utilisant le MNLA, diktat ayant les odeurs de pétrole, d’uranium, de gaz, entre autres.
L’opération Serval n’était donc que la poudre aux yeux, un écran de fumée. Du reste, comme par hasard, cette opération Serval était déjà préparée avant même l’avancée des djihadistes vers le sud du Mali. Nicolas Sarkozy, au nom de la France a joué au pyromane dans le nord Mali. François Hollande y joue le rôle de faux pompier. Actuellement, il est interdit à l’armée malienne de rentrer dans la ville de Kidal aux mains du MNLA et de l’armée française ». Ces phrases sont extraites d’une lettre ouverte adressée, en novembre 2013, aux Présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale de la France par un franco-malien, Yamadou Traoré.
La suite, vous la connaissez avec la signature de l’accord préliminaire pour la tenue de l’élection présidentielle sur laquelle le maître de l’Elysée s’est montré intraitable. Les agents de l’administration et les forces armées et de sécurité sont obligés de faire profil bas jusqu’à la date du 21 mai 2014. Ce jour là, la tentative de reprise du gouvernorat par l’armée malienne échoue de façon lamentable et permet aux forces coalisées de la CMA de renforcer leur position. La visite controversée du Premier ministre Moussa MARA, a été un prétexte pour la France de se dédouaner au moment où ses diplomates commençaient à reconnaître des maladresses dans la gestion du cas Kidal.
Ni la signature d’un traité de coopération militaire avec l’ancienne puissance coloniale, ni l’avènement d’un accord pour la paix et la réconciliation n’ont permis au gouvernement de la République du Mali d’asseoir son contrôle sur cette enclave désertique. Kidal où ont été sauvagement assassinés nos confrères de RFI, Gislaine Dupont et Claude Verlon, est aujourd’hui plus qu’une zone de non droit. L’attaque du camp de la MINUSMA de Kidal, le 12 février dernier, pendant que les forces de la CMA et de la Plateforme sont présentes dans la ville, en est la parfaite illustration.
Le Gouvernement du Mali est impuissant. La communauté internationale avec en tête la France affiche une grande hypocrisie à l’image de la visite qu’effectue à partir de ce jeudi 18 février, le Premier ministre français, Manuel Valls. On prétend défendre et soutenir l’intégrité territoriale du Mali. Mais, en réalité, on soutient une poignée d’aventuriers instrumentalisés, totalement illégitimes contre la majorité d’un peuple qui aspire à la paix et à la cohésion sociale. La vie de ces soldats africains et l’avis de cette majorité silencieuse ne comptent pas aux yeux des dirigeants de cette fameuse communauté internationale qui clame la défense des valeurs de démocratie, de liberté et de justice.
Chiaka Doumbia