Tous les partenaires techniques et financiers du Mali ont salué l’état de l’économie malienne, notamment sa croissance. Mais le hic est que cette croissance, pour le moment, ne bénéficie pas à toute la population.
Le gouvernement a considérablement réussi à stabiliser l’économie du pays. Il y avait autrefois-depuis 2012- une très forte inflation qui a été maîtrisée et ramenée à des chiffres très bas. La croissance a atteint un taux de 5,4%. Mais, les bailleurs de fonds invitent le gouvernement malien à élargir les bienfaits de cette croissance à toute la population. Ils lui avaient recommandé de créer une marge de manœuvre dans le budget, de façon à pouvoir construire les infrastructures dont il a besoin, afin de pouvoir investir dans les secteurs de l’éducation et de la santé.
L’économie malienne a confirmé la reprise amorcée en 2013, avec un taux qui est passé de 1.7 % à 5.8 % en 2014 et prévu à 5.4 % en 2015, dans l’hypothèse d’un accord de paix conclu à Alger. Malgré les efforts du gouvernement et de la communauté internationale, la crise politique et sécuritaire de 2012 s’est soldée par une hausse de la pauvreté, passée de 41.7 % en 2011 à 42.7% en 2012. L’inclusion spatiale est devenue l’une des priorités du Mali, aussi bien pour réhabiliter l’État que pour rétablir la sécurité et reconstruire l’économie.
Le contexte macroéconomique du Mali est marqué en 2014 par une consolidation de la reprise avec un taux de croissance du PIB réel, prévu à 5.8 %, contre 1.7 % en 2013. Cette croissance est tirée par le secteur primaire (9.4 %), grâce aux performances du sous-secteur agricole (en hausse de 13 %), consécutives à une bonne campagne.
L’activité a aussi été stimulée par le secteur tertiaire (4.8 %), avec un regain d’activités dans les transports et les télécommunications (7.4 %) ainsi que le commerce (3%). En revanche, le secteur secondaire a connu une contre-performance en 2014 (1.8 % contre 5.5% en 2013), même si les branches agroalimentaires, l’énergie et les BTP (bâtiment et travaux publics) ont connu des croissances respectives de 12.2 %, 10 % et 5 % grâce à la reprise de l’économie. Le déficit du compte courant (dons inclus) s’est aggravé en 2014 (6.2) par rapport à 2013. En perspective, il devra s’améliorer sur 2015 et 2016. Cette tendance s’explique par la diminution des importations en valeur, suite à la baisse des cours des produits pétroliers.
D’où une amélioration des termes de l’échange. Les perspectives macroéconomiques à moyen terme sont favorables: la reprise de l’économie devrait se consolider en 2015 et 2016 avec des taux de croissance du PIB réel de 5.4 % et 5.1 %. Cette croissance devrait être de nouveau tirée par les secteurs agricole et tertiaire, outre le retour massif des partenaires techniques et financiers (PTF). Toutefois, les mêmes risques persistent, susceptibles de compromettre ces perspectives. Se trouvent en cause la volatilité des cours de l’or et du coton, les deux principaux produits à l’exportation, ainsi que la fragilité de la situation sécuritaire dans le pays.
La situation humanitaire reste très précaire dans le nord du pays. Les attaques se multiplient et les combats persistent contre les positions de l’armée malienne, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et même entre les différents groupes armés. La situation se solde par de graves problèmes d’insécurité alimentaire et de malnutrition, impliquant des besoins urgents d’aide alimentaire (environ 1.7 million de personnes dont 260 000 en situation de crise). Le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs régions d’origine ne peut se faire que dans des conditions difficiles. Le Plan de réponse stratégique (SRP) mis au point par la communauté humanitaire en 2014 au Mali a été estimé à 481 millions USD.
63% de la population malienne sous le seuil de la pauvreté
Selon certaines statistiques, 63 % de la population malienne vit sous le seuil de la pauvreté. Ce chiffre a été annoncé au moment où intervenait l’évaluation de la 2ème revue annuelle du Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté de deuxième génération (Dscrp II). Le défi reste immense, car les fruits de la croissance ne sont pas encore perçus par les populations maliennes, dont 63% vivent encore sous le seuil de la pauvreté. Le taux de mortalité maternelle et infantile reste très élevé et le climat des affaires doit être assaini pour encourager les investisseurs du secteur privé. Même si l’équipe de la Troïka salue la croissance malienne, elle soutient que cette croissance, pour le moment, ne bénéficie pas à toute la population.
Paul N’GUESSAN