Il y a 47 ans, jour pour jour, s’ouvrait à Kidal la deuxième édition de la Foire des Etats riverains du Sahara
Le 22 février 1969, ce rendez-vous commercial et culturel regroupait dans la capitale de l’Adrar des Iforas, des participants du Niger, d’Algérie, de Mauritanie et du Mali. Le quotidien national L’Essor décrivait cette foire comme « un rendez-vous africain d’une grande importance car elle constitue non seulement un facteur de rapprochement entre ces Etats mais leur permet aussi de procéder à des échanges commerciaux et culturels ».
Côté malien, les sociétés et entreprises nationales ont fait massivement le déplacement. Ainsi, la SOMIEX, la SONAREM, la SOCOMA, la SONEA, la COMATEX et l’Usine de céramique proposaient leurs produits aux habitants des 9 cercles de la 6è Région et aux étrangers venus des pays voisins. Pour cette deuxième édition, la participation malienne avait gagné en qualité, notait L’Essor qui constatait une nette amélioration de la production artisanale et céréalière. « Les stands regorgent des échantillons dont la qualité rivalise avec les produits mauritaniens, nigériens et algériens. »
A l’époque, Kidal était un chef-lieu de cercle relevant de la 6è Région dont le gouverneur était le capitaine Diby Sylas Diarra. Pour l’ouverture de la foire, le gouvernement était représenté par le lieutenant Amadou Baba Diarra, membre du Comité militaire de libération nationale (CMLN). A ses côtés, on notait la présence donc du capitaine Diby Sylas Diarra, gouverneur de la 6è Région et du capitaine Alassane Diarra, commandant de cercle de Kidal.
Dans son allocution de bienvenue, le capitaine Alassane Diarra a indiqué que l’organisation de cette foire était « une victoire de l’homme sur la nature hostile, particulièrement dans cette région du Sahara ». Le lieutenant Amadou Baba Diarra a ouvert officiellement la foire en saluant la présence de nos voisins du Sahara. Il a ensuite exprimé l’attachement de notre pays au maintien et au développement harmonieux des traditionnelles relations de bon voisinage. « Cette foire est une manifestation du bon voisinage car ici à Kidal, nous avons les résultats du brassage ethnique, culturel et sociologique », soulignera le lieutenant Amadou Baba Diarra.
Quarante-sept ans plus tard, Kidal n’est plus cette ville du « brassage ethnique, culturel et sociologique ». Les populations qui ont fait le choix d’y rester (ou qui n’avaient d’autre choix), sont privées des services sociaux de base à cause de l’absence des structures de l’Etat. Administrée de fait par les groupes armés ayant souscrit pourtant à l’intégrité territoriale du pays, la ville est en proie à la violence orchestrée par les forces obscurantistes malgré la présence des Casques bleus et des troupes françaises de Barkhane. La capitale de l’Adrar des Iforas demeure « une plaie béante au flanc du Mali », dixit le président de la République Ibrahim Boubacar Keita.
B. TOURE
Source: Esso