Revendiquée par un nouveau groupe rebelle, l’attaque de Ménaka est la preuve que l’ex-rébellion ne contrôle plus ses éléments et ses prétendus fiefs. La création surprenante du Mouvement de la jeunesse pour la libération totale de l’Azawad, est-elle le point de départ d’une nouvelle rébellion ? Les faits les démontrent à suffisance.
Vendredi dernier, la région de Ménaka a été attaquée par des hommes armés. L’attaque armée qui a eu lieu vers 5 h visait une position des FAMa. Selon plusieurs témoins sur place, les assaillants étaient venus de l’axe menant à Andéraboukane.
Officiellement, on dénombre, deux militaires tués et un blessé. Des sources font état de deux véhicules saisis par l’armée, ce qui permettra de se situer par rapport aux auteurs de l’attaque.
Si, au départ, l’identité des assaillants n’était pas connue toute la matinée du vendredi, dans l’après-midi, on en savait un peu plus. Un groupe jusqu’ici méconnu a revendiqué l’attaque sur un média français. Il s’agit du Mouvement de la jeunesse pour la libération totale de l’Azawad.
Et tout porte à croire qu’il s’agit d’une dissidence de l’ex-rébellion qui semble ne pas partager le contenu de l’accord pour la paix et la réconciliation. Sitôt l’information tombée, nous avons tenté de joindre sans succès plusieurs responsables de la Coordination. Certains porte-paroles que nous avons interrogés ont préféré minimiser l’existence d’un tel mouvement rebelle, qui à la différence des autres, ne reconnait pas l’autorité nationale sur le Nord du Mali.
Une nouvelle rébellion pourquoi…
Hasard de coïncidence ou acte délibéré ? Toujours est-il que cette attaque est intervenue à un moment ou les ténors de l’ex-rébellion sont en Bamako pour la première fois et seront en consultations avec la Minusma et les autorités maliennes.
S’agissait-il d’une manière tacite de montrer qu’il y a une fissure au sein des groupes signataires ou stratégie visant à saboter le processus ? L’évidence est que cette attaque lève un coin de voile sur l’unité au sein des groupes de la Coordination et le leadership de ses dirigeants. Le fait que l’attaque soit perpétrée contre la ville de Ménaka est aussi symbolique, elle vient d’avoir son premier gouverneur nommé en tant que 9e région administrative du Mali.
Ménaka, considérée comme étant le point de départ de toutes les rébellions du Nord, vient d’être frappée à nouveau, cela peut susciter des interrogations. D’où la question de savoir qui est derrière cette nouvelle rébellion qui revendique la chimérique République de l’Azawad ?
Depuis l’attaque et sa revendication, c’est l’annonce d’un sentiment de peur de voir une nouvelle rébellion en gestation alors que le processus de paix tarde à se concrétiser sur le terrain.
Alpha Mahamane Cissé