Le week-end dernier, Manuel Valls a effectué une visite de travail dans deux pays sahéliens en proie au terrorisme international. Au Mali et au Burkina Faso, le Premier ministre français a promis, de la façon la plus solennelle, l’assurance que son pays va apporter toute l’aide militaire et économique nécessaire aux deux gouvernements. Mais comment la France peut-elle procéder pour aider militairement un pays comme le Mali dont une bonne partie du territoire, à la faveur de sa propre présence militaire, est devenue le sanctuaire des groupes pseudo-rebelles et des bandes de narcotrafiquants ?
En tirant les leçons du passé et de la situation désastreuse qui prévaut actuellement sur le terrain au Sahel, en l’occurrence au Mali, l’évidence lui recommande d’œuvrer urgemment au renforcement des moyens de l’armée nationale de ce pays. Mais aussi, à la redéfinition du statut de la MINUSMA afin que celui-ci évolue vers une mission offensive. Lorsque sur le terrain, on sait que la même France, pourtant garante des accords de paix d’Alger, continue avec la mission onusienne et le Mali à payer de lourds sacrifices humains.
De sorte que, même s’il est bien établi que l’intervention de l’opération Serval a pu empêcher l’effondrement du Mali, permis le déploiement de la MINUSMA et la réalisation des élections présidentielle et législatives au Mali en 2013, puis la signature des accords d’Alger en 2015 entre les belligérants, il est aussi évident qu’elle n’a pu apporter la moindre paix au Mali. D’où une nécessaire évolution et clarification de la présence étrangère, notamment française dans notre pays. Cela est d’ailleurs d’autant nécessaire que les autorités maliennes et la communauté internationale, compte tenu des agendas inavoués des uns et des autres, peinent à appliquer lesdits accords. Mais aussi, quand l’opération Serval, désormais mue en Barkhane, dans son combat contre le terrorisme international est dans l’impasse. Qui, malheureusement, se manifeste désormais sur l’ensemble du territoire malien, mais avec une recrudescence dans les régions septentrionales.
A telle enseigne que l’opinion nationale ne fait plus confiance aux forces étrangères et réclame, à travers des sondages effectués, que Barkhane ne demeure plus la principale force antiterroriste au Sahel. A l’effet de permettre désormais à la MINUSMA d’être offensive et aux forces de défense nationales de retrouver assez de prérogatives sur les régions du nord. Ce qui devra leur permettre enfin de se redéployer sur l’ensemble de la région de Kidal. Un redéploiement maintes fois empêché par la France et la communauté internationale, alors que c’est une condition sine qua non, pour réaffirmer la souveraineté du Mali sur cette région.
Quoi qu’il en soit, la présence étrangère (française et onusienne) actuellement perçue comme très opaque dans notre septentrion, est incompréhensiblement vécue par les citoyens maliens. Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus l’accepter comme telle, au motif qu’ils ne comprennent pas que depuis quatre ans, l’intégrité territoriale de leur pays soit restée un vain mot.
Gaoussou M. Traoré