Il y a de cela quelques jours à l’issue du Conseil des ministres, on nous annonçait les nominations des gouverneurs des régions de Taoudénit et de Ménaka. Et la semaine dernière, l’ORTM nous offrait les cérémonies de leur installation. Au-delà des aspects protocolaires et ostentatoires, il faudrait voir dans ces nominations et ces cérémonies d’installation des nouveaux gouverneurs, un signe lancé à nos PTF (Partenaires techniques et financiers), terme punique pour désigner ceux qui, en réalité nous gèrent. Il est vrai que dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, il est stipulé, au Titre I, Chapitre1, Article 4: « Les dispositions de portée nationale arrêtées dans le présent Accord seront mises en œuvre prioritairement dans les régions du Nord du Mali, sans préjudice des mesures spécifiques convenues pour cette partie du pays. Ces dispositions sont applicables aux autres régions du pays ».
Ceci est clair, il n’y a rien à redire de ces nominations faites en priorité. Mais de là à les effectuer à brûle-pourpoint, il y a ici une sensation d’ukase exécuté par le gouvernement. Comment peut-il en être autrement si l’on sait qu’aucune mesure institutionnelle n’est encore prise ? Les actes posés par le gouvernement ne semblent pas entrés dans son calendrier si tant soit peu, il en a un. Ils ont tout l’air de camisoles de force que les « amis » des PTF lui ont ordonné de porter !
En effet, pas plus que la semaine dernière, les représentants de ces PTF ne faisaient-ils savoir le désir, pour ne pas dire l’exigence, que le Mali organise le plus rapidement possible, les élections locales, régionales et du district de Bamako ? Alors pourquoi ne pas saisir l’occasion pour mettre à table le débat institutionnel ? C’est l’occasion de porter ce débat et dans les partis politiques, dans la société civile et à l’Assemblée nationale. S’il veut se faire respecter de ses partenaires, il faut que le gouvernement l’initie afin d’arrêter une feuille de route sur les mesures à prendre dans le cadre de la mise en route de cet accord.
Des mesures parcellaires inciteraient à penser qu’on est en présence d’un Etat faible, sans boussole. Il est vrai que la décentralisation en soi n’est pas une mauvaise chose, mais dans le monde entier, nous constatons que les Etats les plus décentralisés ont les pouvoirs centraux les plus forts. On pourrait citer entre autres : Etats-Unis, Chine, Russie, Allemagne, Canada, Inde, Brésil etc.
Intégrer dans un plan global du réaménagement du territoire national et de la décentralisation, ces actes posés n’éveilleraient aucun soupçon et les régions de Nioro, Koutiala, San, Bandiagara, Douentza et autres pourraient attendre et ne seraient pas frustrées d’avoir été oubliées ou négligées. En attendant la nomination des gouverneurs des régions précitées, nous souhaitons beaucoup d’audace, d’imagination et de courage à messieurs les gouverneurs des régions deTaoudénit et de Ménaka. En terme d’imagination, pourquoi ne demanderaient-ils pas au ministre Abdoulaye Idrissa Maïga de leur allouer des tentes afin de bivouaquer auprès de leurs administrés qui sont en majorité nomades ? Après tout, enseignants et infirmiers de l’époque coloniale n’y étaient-ils pas astreints ? Cette solution à notre avis serait plus enviable à celle du gouverneur de la région de Kidal qui est un éternel déplacé depuis mai 2014 !
Wamseru A. Asama
Source: Delta News