Le spectacle qu’offrent les vendeurs ambulants de pain est hygiéniquement effarant et mérite réflexion. A Bamako, la capitale, la vente ambulante de pain dans les rues est banale et on ne se préoccupe guère de la qualité et des inconvénients de ces pains vendus sans protection.
En effet, face à la demande croissante du pain par les Maliens, on assiste à une ruée de chômeurs dans la distribution de cet aliment. En lieu et place des véhicules de livraison, ce sont des motos munis de caissons qui prolifèrent à travers la capitale. Si l’accroissement du nombre de distributeurs contribue à lutter contre le chômage des jeunes, force est de reconnaitre que le mode de distribution met en danger la santé des consommateurs.
En effet, ces pains entassés dans les caissons accrochés sur des motos font le tour de la ville sans protection, sans aucune mesure d’hygiène. N’étant pas couverts en général ou mal couverts, le pain est trainé des boulangeries aux boutiques et un peu partout à travers la ville, à la merci de la poussière, des eaux usées, et autres malpropretés. Parlant des eaux usées, cette scène que nous avons vécue est de nature à vous enlever toute envie de consommer le pain transporté sur ces motos. Ce jour-là, après que des habitants d’une cour commune aient vidé toute l’eau de leur fosse dans la rue, un distributeur de pain à vive allure est venu traverser ces immondices.
Les éclaboussures ont arrosé aussi bien la moto que le caisson de pain. Vous devinez que le pain a été en partie mouillé par ces eaux sales. Sans crier garde, notre livreur a continué son petit bonhomme de chemin pour aller sans doute empoisonner un infortuné consommateur. En plus des revendeurs motorisés, il existe une autre catégorie de distributeurs : les vendeuses ambulantes.
Dans les communes de Bamako, la vente des baguettes de pain dans les rues est une affaire courante. De nombreuses femmes sont dans ce secteur d'activité. Au niveau des gares routières et des postes de contrôles, des vendeurs de pain mettent à la disposition des voyageurs des pains à l'air libre. «Que ce soit à la gare et même dans nos différents quartiers, nous rendons service aux clients. Tout le monde ne peut se rendre à la boulangerie», se justifie un revendeur. De façon générale, dans la ville de Bamako, le transport des baguettes de pain sur les motos, la distribution ambulante à pieds, les ventes de porte-à-porte et les ventes à la criée constituent un danger pour les consommateurs.
Selon, le Dr. Amara Coulibaly de l’hôpital Gabriel Touré, recouverts de poussières pendant leur transport, les consommateurs de ces pains restent sous la menace des plusieurs infections. Selon toujours le docteur, les poussières qui sont de très fines particules solides sont considérées comme gênantes ou dangereuses pour la santé. « Dans ces conditions, les populations sont exposées à certaines maladies, compte tenu de l'environnement malsain dans nos localités », argumente le médecin.
Il a pris l'exemple des maladies comme le choléra, la dysenterie et la diarrhée. Pour lui, le pain doit être transporté dans des conditions hygiéniques par des véhicules appropriés. Aminata Sanogo, une ménagère préfère aller payer son pain dans la boulangerie que dans les boutiques car, au moins là, elle remarque que le guichet est propre et que le pain est bien protégé.
De toutes les façons, il est évident que la consommation de ces pains peut être très dangereuse pour les consommateurs qui, pour la plupart ignorent les risques auxquels ils sont exposés. Le pain impropre à la consommation, il y en a dans « tous les rayons et sur tous les étals aujourd’hui», reconnait pour sa part un agent de la Direction nationale du commerce et de la concurrence, structure en charge de la veille sur les marchés.
« Les clients sont donc livrés à la merci des boulangers et commerçants qui exploitent la pauvreté et l’ignorance pour déverser les pains dont le transport est non conforme aux normes », ajoute-t-il. Il revient donc au ministère du Commerce et de l’Industrie à travers l’Agence malienne de la normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM) de prendre toutes ses responsabilités.
D’abord sensibiliser les consommateurs ainsi que les producteurs et distributeurs pour que des mesures soient prises pour une meilleure protection du pain. La mesure ultime pourrait être l’interdiction pure et simple de la vente ambulante du pain. La Côte d’Ivoire l’a fait. Depuis le 1er janvier 2016, la vente ambulante de pain y est interdite.
Source: Delta News