Pris pour cible par une attaque terroriste revendiquée par le groupe Ansar Dine et ayant fait un bilan de sept morts et 35 blessés parmi les soldats de la paix, le camp de Kidal, qui a été sérieusement détruit par des tirs de roquette, sera reconstruit dans exactement 3 semaines. L’information a été donnée par le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions de la paix, Atul Khare, à la faveur de l’ouverture de la session de fond de 2016 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dit « Comité des 34 » (C34).
À l’ouverture, la semaine dernière de la session de fond de 2016 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dit « Comité des 34 » (C34), les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix ont servi de fil conducteur aux délégations d’États membres pour proposer des améliorations dans ce domaine. Le Comité, dont les travaux se déroulent jusqu’au vendredi 11 mars 2016, est saisi du rapport de ce groupe publié le 17 juin 2015 et des rapports du Secrétaire général prévoyant les moyens de traduire ces recommandations en pratique.
Conscient du fait que la dernière grande évaluation externe de ces opérations avait été menée en l’an 2000, le Groupe, constitué en octobre 2014, a effectué une évaluation complète de l’état des opérations de paix de l’ONU et des besoins futurs, dans l’optique d’apporter des changements pour s’assurer que ces opérations restent un outil indispensable et efficace de promotion de la paix et de la sécurité internationales.
De manière générale et comme le recommande le Secrétaire général, des appels ont été lancés pour que les opérations de maintien de la paix soient conçues et axées sur l’humain, avec deux grandes priorités : la protection des civils et la sécurité du personnel des missions. La présidente par intérim de l’Assemblée générale, Mme MARLENE MOSES, au nom du président de cet organe, Mogens Lykketoft, a rappelé les recommandations importantes du rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix qui exprime l’engagement des États membres à mettre en œuvre ces recommandations.
La présente session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a-t-elle prédit, sera cruciale dans l’examen des différentes dimensions du maintien de la paix. Évoquant la montée de l’extrémisme violent, la prolifération de toutes sortes d’armes, le caractère asymétrique de la guerre et les nouvelles menaces, elle a souligné que les menaces à la paix mondiale changeaient sans cesse.
Elle a également fait remarquer que, dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté, les opérations de paix de l’ONU méritent d’être toujours plus affinées, en utilisant les capacités analytiques et opérationnelles et en tirant au mieux parti des nouvelles technologies. Elle a recommandé, par exemple, d’accorder une attention particulière à la diplomatie préventive, aux accords politiques, aux approches intégrales et à la souplesse sur les questions budgétaires et de gestion. Elle a annoncé la tenue d’un débat thématique à l’Assemblée générale, les 10 et 11 mai 2016, pour identifier les thèmes et les synergies communs aux différents examens menés sur le système de maintien de la paix, un débat qui se nourrira des travaux du Comité spécial.
Le Vice-Secrétaire général de l’ONU, Jan Eliasson, a expliqué que le caractère changeant des conflits met sous pression la communauté internationale. Il a relevé les dangers que les Casques bleus affrontent et cité, à cet égard, le cas de l’incident survenu, la semaine dernière, au Mali. Il a salué les travaux du Groupe de haut niveau indépendant sur le maintien de la paix, espérant que ce processus entrainerait des changements et un engagement afin de façonner les opérations pour l’avenir. Il a rappelé que ces opérations permettaient de trouver des solutions politiques et non militaires aux conflits. Elles sont aussi le reflet de nos valeurs telles que l’état de droit, a-t-il ajouté.
Le Vice-Secrétaire général a plaidé en faveur du renforcement des opérations de maintien de la paix, dans le cadre du programme pluriannuel lancé dans ce sens. Les 125 000 membres des OMP ont besoin de mandats adéquats et de stratégies politiques, d’accords de sécurité efficaces, d’accès aux technologies de pointe, ainsi que de responsabilités, a-t-il indiqué. Il a également souligné l’importance d’être à la hauteur de la confiance placée dans ces opérations, avant de prôner une tolérance zéro pour les abus sexuels.
Le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, M. Atul Khare, quant à lui, a tenu à préciser à ce sujet que le camp touché par l’attaque serait reconstruit dans un délai de quatre semaines. La sécurité du personnel des missions a d’ailleurs figuré au premier plan des questions abordées par les délégations.
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déclaré que cette session des travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix intervenait après une année 2015 qui aura été un « moment pivot » autant pour l’ONU que pour le maintien de la paix. Il a souligné que les efforts de l’ONU visant à professionnaliser et moderniser les opérations de maintien de la paix ne peuvent se faire sans l’engagement et le soutien des États membres. Il est en outre revenu sur l’incident de Kidal, dans le nord du Mali, en déplorant le bilan de sept morts et 35 blessés parmi les soldats de la paix. Il a souhaité que des efforts soient consentis afin de « renforcer au mieux possible la protection des hommes sur le terrain ».
Pour sa part, le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions de la paix, Atul Khare, est également revenu sur le drame de Kidal, précisant que les blessés ont été transportés par voie aérienne vers des centres hospitaliers à Gao, dans le nord du Mali, à Bamako, la capitale, et à Dakar, au Sénégal. Il a affirmé que le camp touché par l’attaque serait reconstruit dans un délai exactement de trois semaines, saluant au passage le soutien de l’opération française Barkhane qui a prêté une centaine de tentes pour loger provisoirement les soldats de la paix.
Le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions a en outre invité les participants à transmettre deux messages clefs à leurs capitales : le premier est que la communauté internationale doit agir de concert pour renforcer la sécurité des soldats de la paix, et en second lieu, qu’elle veille à ce que les auteurs des attaques de Kidal soient traduits devant la justice pour crime de guerre.
Par Mohamed D. DIAWARA