L’insécurité grandissante dans notre pays notamment à Bamako a entrainé une recrudescence des agences de sécurité privée et de gardiennage. Depuis l’attaque de l’Hôtel Radisson Blu, le 20 novembre 2015, un nouveau cap est franchi. Le permis de port d’armes a été élargi à certaines agences. Non sans conséquences.
Les hôtels, les entreprises, les services, les commerces, les particuliers, de plus en plus de personnes au sens juridique du terme ont recours à leurs services. Elles, les agences de sécurité privée poussent comme des champignons dans notre capitale comme des autres. Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dans un pays en proie à l’insécurité, ce sont les rares entreprises à tirer leur épingle du jeu.
711, une agence de sécurité privée et de gardiennage située au Korofina-nord en Commune II du District de Bamako, prestataire de service auprès des particuliers et des sociétés minières. Avec la mine d’or de Kalana dans la région de Sikasso, elle signe un contrat fin 2015 et envoie quelques agents pour gardiennage. Armés de gadgets habituels, les agents ont été équipés d’un pistolet. Fiers de leurs nouveaux bijoux, deux jeunes agents fraichement recrutés sont en faction, ce jour là. De passage, un des responsables de la mine, un blanc, amateur d’armes à feux, sans doute, remarque la nouvelle acquisition et demande à le voir. Après un coup d’œil rapide, ‘’le blanc’’ laisse transparaitre un visage de déception et ajoute: « ça c’est juste bon pour tuer des pigeons, hein !».
Après ce verdict aux conséquences insoupçonnées, le blanc continue son chemin. Quelques moments de causerie et de bavardage, après, l’un des agents de sécurité se souvient qu’il a un gris-gris qui le met à l’épreuve des balles comme on le lui a certifié. C’est l’occasion, se dit-il, de tester son amulette.
Il en parle à son collègue qui hésite sur le coup mais il parvient à convaincre ce dernier sans grande peine. D’autant plus que le blanc avait affirmé que le pistolet ne pouvait tuer que des pigeons. Marché conclu. Nous sommes un vendredi. Le tireur recule de quelques pas pendant que l’homme au gris-gris se prépare. « Prêt ? ». Le coup part… des cris de douleurs… un homme est à terre. Du sang partout. En homme avisé, le jeune agent de sécurité avait visé la jambe droite de son collègue. Elle est complètement broyée.
Transporté d’urgence, à Bamako, à l’hôpital du Mali, le savoir-faire des médecins chinois, nous a-t-on dit, a permis de sauver la jambe du jeune agent de sécurité de 711.
Notre jeune agent l’aurait compris, à ses dépens, ce qui peut tuer un pigeon peut tout aussi bien tuer un homme. Au mieux, lui broyer la jambe.
Mamadou TOGOLA