La multiplication des acteurs, des fournisseurs et des gestionnaires de GAB, n’est pas pour accélérer la mise à l’ordre d’un secteur en forte croissance en Afrique. Le cas récent d’une banque Belge qui s’est vue frauduleusement soutirer 170 millions de dollars par des informaticiens basés en Israël ; lesquels ont ensuite viré les fonds en Europe de l’Est et, de là-bas, en France, dans l’achat d’actifs immobiliers, renseigne sur la sophistication des réseaux criminels.
Que dire donc de l’Afrique dans un contexte législatif où le trafic de drogue, fortement réprimé par la loi, rapporte moins que la fraude des GAB et des réseaux bancaires? Comment les banques, les organisations et les particuliers font-ils face à ces risques nouveaux peu réprimés ?
C’est pour débattre de cette dimension sécuritaire de la forte croissance de la monnaie électronique en Afrique que s’est tenue en début février à Dakar une rencontre sur la monétique et la sécurité informatique des banques à l’initiative du Groupe Monetis et de Suricate Solutions Sénégal. D’entrée de jeu, le représentant du Groupe Monetis insiste sur le partage des rôles: «la banque doit gérer l’argent c’est son cœur de métier. Le fonctionnement des GAB et des terminaux fait appel à d’autres compétences et ne doit pas être de son ressort». La maintenance des GAB avec des visites hebdomadaires, la relance à distance et des interventions sur sites en cas de panne sont du ressort de spécialistes en la matière. Ils apportent à la fois une plus grande disponibilité du service, une sécurité des transactions tout en réduisant les coûts de gestion. Or, la multiplication des acteurs, des fournisseurs et des gestionnaires de GAB, n’est pas pour accélérer la mise à l’ordre d’un secteur en forte croissance en Afrique. «Les pays avec les petits parcs gérés par des sociétés locales qui n’ont ni la capacité ni les moyens de mettre leurs techniciens à jour» sont particulièrement exposés aux fraudes. Heureusement que dans la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), la plus intégrée d’Afrique en termes de monétique, le problème ne se pose pas en ces termes. Le groupement monétique interbancaire, GIM UEMOA, a réussi à créer un vaste réseau interconnecté de 3000 GAB appartenant à différents opérateurs soumis, tous qu’ils sont, aux mêmes normes. Cette intégration est en soi un gage de sécurité et de confort pour le client final qui peut retirer de l’argent de n’importe quel GAB des 110 banques membres.
Dans l’UEMOA, c’est la recherche de valeur ajoutée qui mobilise les acteurs comme l’explique Fatou Blondin DIOP, directrice de Groupe Monetis. Et de détailler les dernières innovations de Monetis qui commercialise une application permettant d’envoyer du crédit à partir d’un seul terminal et pouvant cohabiter avec une application bancaire. Quel que soit leur complexité et leur mode de fonctionnement, les GAB ont besoin d’un ingrédient essentiel: la confiance numérique, premier gage du service.
Paul d’Affery