La rencontre quadripartite (CMA-Plateforme-Médiation-Etat du Mali) annoncée pour le 25 février est reportée au 15 mars. Motif : le budget élaboré par la commission d’organisation à hauteur de 200 millions de nos francs n’est toujours pas bouclé. Le gouvernement malien, la MINUSMA, d’autres partenaires, comme la Coopération Suisse, sont invités à apporter leur contribution. Les mouvements armés, organisateurs de la Conférence, mettront aussi quelque chose dans la cagnotte.
Il s’agit d’aller parler de paix entre communautés, de réconciliation nationale, des difficultés qui entravent la mise en route de l’Accord issu du processus d’Alger. Ce sera un bon départ pour que Kidal retourne dans le giron de la République puisque depuis mai 2014, la capitale de l’Adrar des Ifoghas est devenue un « territoire autonome » où flottent les drapeaux de la fantomatique République de l’Azawad, des drapeaux représentant le MNLA et le HCUA. Kidal demeure une région administrée depuis Gao par un gouverneur qui n’a pas accès ni à sa contrée, a fortiori à ses administrés.
Cette rencontre à laquelle l’Etat du Mali est convié est très symbolique et dénote d’une évolution positive des tendances des mouvements armés qui règnent sur Kidal. Au nom de cette évolution positive, l’Etat du Mali a décidé, nous a-t-on dit, de source proche de la Primature, de se faire représenter par une forte délégation, conduite par le Premier ministre, Modibo Keïta lui-même. Plusieurs ministres, notamment ceux de la réconciliation nationale, de la décentralisation, du développement des régions du nord ainsi que les gouverneurs de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal, entre autres, feront partie de la mission gouvernementale. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation, présidée par Ousmane Oumarou Sidibé, est également attendue à ce forum.
Du côté de la médiation, outre la MINUSMA, tous les partenaires qui ont pris part au processus d’Alger y sont attendus, en l’occurrence Alger et Paris.
Maintenant, on peut s’interroger sur l’impact d’une telle rencontre sur le processus de paix. Il doit être positif parce qu’il sera question de la sécurité des Maliens, de la paix et du développement des régions du nord du Mali, avec les acteurs concernés au premier plan.
Cette rencontre pourrait hâter le cours du processus de paix, si chaque partie y met la bonne foi. Elle pourrait aussi être le début d’une confiance mutuelle, si les paroles sont jointes à l’acte.
Avec le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion en cours, la situation sécuritaire sera davantage éclaircie parce que cette étape, une fois achevée, suppose que les partisans de la paix ne sont plus en mesure de porter illégalement une arme, et toute personne arrêtée en possession de matériel de guerre sera considérée comme un terroriste ou un allié des terroristes. Aujourd’hui, il y a trop de confusions, d’amalgames entre terroristes, acteurs ou signataires de l’Accord issu du processus d’Alger.
La clarification est donc nécessaire pour avancer et savoir qui est réellement qui. Qui fait quoi ? Qui est sincère ou pas ? Il ne s’agit pas d’imaginer ou d’inventer des thèses venues d’ailleurs pour conclure. Il s’agit, de notre point de vue, d’apprécier la situation sur la base des faits, rien que les faits et tous les faits afin d’agir pour ne pas rater la cible. A suivre.
Chahana Takiou