Ce 19 Septembre 2015 a été un jour maudit pour Monsieur Amadou Baïba KOUMA, les bureaux de contrôle et la profession d’ingénieur conseil.
C’est ce jour que l’immeuble à 8 niveaux appartenant à M. Amadou B. KOUMA s’est effondré à l’ACI-2000 vers 21h .Conçu au préalable pour 6 niveaux, il s’est retrouvé à 8 niveaux en fin de travaux. Cela ne devrait pas poser de problème, si chaque acteur engagé avait joué son rôle conformément aux règles de l’art.
En effet, le promoteur Amadou B. KOUMA, a recruté chaque type de professionnel pour le bon déroulement de son projet. Voyons donc le rôle que chaque professionnel avait joué pour nous amener à cette catastrophe.
1. Le Promoteur Amadou B. KOUMA :
Il a initié son projet d’immeuble commercial comprenant un Rez de chaussée (RDC), une mezzanine et cinq étages pour un coût de 690 million de FCFA et un avenant de 159 millions de F CFA. Pour ce faire, il a recruté dans un premier temps un Architecte agréé Directeur du cabinet QUARC suivant le contrat N°03-Déc.-2010-Q/AB KOUMA pour établir le plan d’architecture et suivre les travaux de construction du dit Immeuble.
M. KOUMA a ensuite établi le 29 Novembre 2011 un second contrat avec le même Architecte pour le suivi Architectural et Ingénierie d’un montant de 11millions de F CFA.
L’Architecte a rassuré M. KOUMA, avant la signature du contrat, qu’il a le l’expertise professionnelle nécessaire et la technique requise pour le travail demandé. Dans l’exécution, l’architecte lui a même présenté un avenant pour des missions supplémentaires qu’il a signé et ensuite a procédé au paiement.
En ce qui concerne M. Amadou KOUMA, il a suivi la procédure normale. Aucune erreur ou faute ne peut lui être rapprochée à ce stade de maître d’ouvrage.
2. L’Architecte représentant du Bureau QUARC :
Quel a été le rôle joué par l’Architecte lorsque le Bureau de Recherche en Ingénierie pour le Développement (BRID-SARL) dans le cadre de la volonté exprimée par le Promoteur d’aller à deux niveaux supplémentaires (RDC+7) ? On constate que dans les notes de vérification de la stabilité des structures de l’Immeuble établies par le BRID-SARL, il est dit ceci en conclusion : « les résultats obtenus après l’augmentation de deux niveaux supplémentaires confirment que les nouvelles charges n’ont pas d’incidence ni sur les fondations, ni sur les autres structures de l’immeuble.
Par conséquent, nous confirmons que le changement de l’Immeuble en(R + 6 + 7) en lieu et place d’un immeuble (R+5) est sans aucune incidence sur la stabilité de la structure de l’immeuble ».
3) Le bureau BRID-SARL :
Il a été chargé par le promoteur de vérification du dimensionnement des structures pour le niveau (R+M+7).
La note de validation de la stabilité des structures date du 28 Décembre 2011 et signée par Daniel SOGOBA, Ingénieur de Génie Civil, Expert Assermenté près la Cour d’Appel et les tribunaux de la République du Mali.
Le BRID-SARL s’est basé sur le rapport d’études de sol de fondation de Janvier 2011 établi par le laboratoire L.E.E.G (Laboratoire d’Etudes et Essais Géotechniques). Son rapport d’études donne une couche d’argile à 2m de profondeur. En matière de fondation, la couche d’argile n’est pas recommandée pour bâtir un immeuble là-dessus. L’argile se gonfle et s’amincit suivant son degré d’humidité, donc elle est instable. L’essai devrait continuer jusqu’à une autre couche portante en profondeur.
Le Bureau BRID-SARL devrait recommander dans son rapport le type de fondation qu’il fallait pour ce faire. C’est là que réside la faute du Bureau BRID-SARL pour avoir fait un rapport incomplet.
Le Promoteur M. KOUMA a également, recruté un bureau d’Ingénierie dénommé ALPAGES (Contrôle Technique, Inspections, Essais et Mesures, Formation) pour la normalisation des risques d’effondrement et de l’obtention de la Responsabilité décennale.
Ce bureau est donc le premier responsable de la stabilité de l’Immeuble. Il s’était engagé à assurer cette mission au nom du Promoteur.
Dans ces documents, nous n’avons rencontré aucune observation relative au changement envisagé.
Au terme de cette analyse, il se trouve être le premier responsable de cet accident. Surtout qu’il a été payé par le promoteur dans un premier temps à 6 millions de CFA et dans un second temps à 1,5 million de F CFA et 2 millions de F CFA soit 9,5 millions de FCFA pour faire le travail, mais malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Certes que ce montant est dérisoire par rapport à sa responsabilité dans le contrôle technique et l’obtention de la garantie décennale ; mais pourquoi a-t-il donc accepté un montant faible et refusé de remplir le contrat daté du 9 Juillet 2012, celui du 31 Août 2012 et 16 Septembre 2013 ?
4) Le Directeur Régional de l’Urbanisme du District de Bamako
Quant à la Direction Régionale de l’Urbanisme, lorsqu’il a constaté que le cahier de charge pour lequel, l’autorisation a été donnée, a changé ; il s’est contenté tout simplement d’écrire pour dire d’arrêter les travaux.
Cet écrit n’a pas eu de suite et lui non plus n’a plus bougé. Il n’a même pas jugé utile d’informer ses chefs afin d’appliquer des mesures contraignantes. Disons que cette pratique est aussi une tare de l’Administration malienne.
Le cas de la suspension du droit de vote du Mali à l’ONU, le mois dernier illustre bien cela. Il ressort donc de ces analyses que le directeur régional de l’urbanisme est le second responsable de cet accident grave ayant entrainé deux morts.
5) Concernant le Laboratoire d’Etudes et d’Essais Géotechniques, LEEG, Il faut dire tout de suite que son incapacité en ressources humaines et en équipements adéquats pour une telle profession se sont avérées au grand jour.
Il a mis en doute le professionnalisme de tous les intervenants dans ce projet. Il doit se mettre à hauteur de mission par rapport à ses capacités intellectuelles et matérielles, sinon à défaut, se démettre et aller faire autre chose.
En conclusion, si l’on veut désigner les responsables dans l’effondrement dudit immeuble à l’ACI, les coupables sont : le laboratoire L.E.E.G, le Cabinet d’Ingénierie BRID-SARL, le Cabinet d’Architecture QUARC, le Bureau d’Ingénierie Alpages, la Direction Régionale de l’Urbanisme. Chacun de ces services a failli à ses missions. Les trois bureaux d’Ingénierie ont fait honte à l’ordre des ingénieurs conseils du Mali (O.I.C.M), par conséquent, ils méritent des sanctions.
Le Promoteur a loisir d’intenter un procès contre eux, pour non-exécution correcte de contrats. Même si la foi musulmane prédomine chez lui profondément, mais perdre banalement environ 900 millions de FCFA par la faute des soient- disant professionnels n’est pas tolérable de notre point de vue. Mais le dernier mot revient toujours au promoteur.
Alassane TRAORE
Source: Carrefour