Le Mali a connu un régime militaire de 1968 à 1978 après le renversement du régime socialiste du Président Modibo KEITA, le fils de Daba, dont nous célébrons le cinquantenaire de sa naissance cette année.
A partir de 1978, il y a eu un régime politique de parti unique toujours dirigé par les militaires issus du coup d’état du 19 Novembre 1968.
Un autre coût d’Etat est intervenu en Mars 1991, suite à une révolution du peuple malien pour réclamer plus de démocratie, plus de liberté collective et privée, l’implantation de l’initiative privée.
Si les trois régimes précédents qui se sont succédés à partir de l’indépendance du Mali, ont accordé peu de liberté à la presse privée ou communautaire, le changement de régime en 1991 a amené avec lui, les toutes premières radios libres qui se sont implantées d’abord à Bamako, ensuite dans les régions pour la ville de Bamako l’ordre d’implantation a été le suivant : BAMAKAN- Septembre 1991, LIBERTE-27 Octobre 1991, BENKAN-1995, PATRIOTE, KAYIRA I- 20 Juin 1992, JEKAFO-26 Octobre 1995, KLEDU- Décembre 1992, CANAL 2000-31/12/94, La Voix du Coran et du Hadith, TABALE-25 Nov. 1992, FR3- Mai 1991, GUINTAN-31 Juillet 1994, ESPOIR, DAMBE, EMERGENCE etc...
Nous pouvons dégager sept principaux facteurs qui ont permis le développement des radios libres au Mali à savoir
1- l’établissement du pluralisme politique amené par la révolution de Mars 1991,
2- la participation de nouveaux acteurs de la société civile dans la vie politique, 3- la libéralisation des ondes,
4- la croissance du marché publicitaire liée elle-même à la croissance de l’initiative privée ;
5- l’expansion de l’audience liée à l’exigence des masses populaires d’être informées dans leurs langues nationales, donc elles ont voulu être mieux informées pour prendre leur part dans les décisions relatives à l’avenir du Mali.
6- l’intérêt des ONG pour les radios libres dans le cadre du développement local ;
7- le contexte obligeant les leaders religieux, les hommes politiques, les frustrés de la société, les ONG de s’expliquer aux masses populaires par rapport à leurs programmes.
En effet, il est établi donc que la démocratie a crée les conditions de l’avènement des radios libres.
La multiplication des radios libres, a permis de former de niveaux types de communicateurs locaux dotés de grands talents dans nos langues nationales pour faire passer les différents messages (vie politique, gouvernance, vie religieuse, autres activités concernant la société).
A la date d’aujourd’hui, toutes les communes rurales ont au moins une station de radio libre, il y a au moins trois radios libres par chef lieu de cercle et au moins cinq radios libres par chef leu de région. Il y a environ 15 radios libres dans la capitale Bamako. Elles ont contribué à créer des talentueux communicateurs dont on peut citer pour ce qui est de la ville de Bamako : Daba Tounkara et Seydou Traore dit Bamanan de la Radio Djékafo, Vieux Blén de la radio FR3, Bouran-mosso ani Bouranké, Kassim Traoré, les animateurs de l’émission ‟ Voix du cœur à savoir : Tenin, Tonton Lamine, Mme Diabaté, Le Beau, le Nko, Mme Diallo de la radio Klédu”, Yas-coul et Famola de la radio Nassiraoulé, Sy Solo et Abdoul MAZAK MINTA de la radio Bamakan, Tiou et Diossé de la radio Nièta, Konaré de la radio Njiba à Kati, Diallo de la radio Citoyen à ACI-Golf, Bou Traoré de la radio Binkadi de la commune de Binkadi et Sidi Coulibaly de la radio Mandé de Kangaba ; sans oublier les autres animateurs qui ne sont pas cités ici, chacun dans sa spécialité. Ils sont à remercier pour leur talent non seulement mais aussi pour avoir ouvert l’esprit des maliennes et des maliens qui n’ont pas eu la chance d’avoir été à l’école, mais ensuite au renforcement de la démocratie malienne, l’animer la vie politique au Mali. Leur expertise en langue nationale a conféré une grande audience à ces stations qui sont de nos jours les plus écoutées ils sont à la base de l’éveil de la conscience politique du peuple.
Ces communicateurs ont permis dans la diffusion des informations et des messages d’éliminer la frontière entre l’information et le divertissement. Ils ont crée un espace de rencontre et de débats entre les pouvoirs publics et les populations sur divers sujets concernant le pays, les communautés, les corporations professionnelles. Ils méritent des médailles pour le travail très intéressant qu’ils font dextérité et dévouement.
Les radios libres ont donc jouer leur rôle de véhiculer l’information plurielle, honnête, tenant compte des préoccupations de tous les citoyens de quelque sensibilité qu’ils soient, à passer au crible l’action du gouvernement, d’organiser des débats autour des thèmes qui donnent à l’opinion publique le moyen de se faire entendre des autorités politiques.
Malgré ce bon travail il y a une nécessité de réguler les types d’émissions pour interdire certaines émissions qui sont plus mensongères qu’éducatives (prêches et publicité sur les notions magiques et la pharmacopée etc….).
Alassane TRAORE