La rencontre quadripartite CMA-Plateforme- Médiation-Etat du Mali, initialement prévue pour démarrer hier 25 février 2016 et qui a ensuite été reportée au 15 mars prochain, semble avoir tout d’une concertation nationale sauf qu’elle n’inclut pas toutes les forces vives de la nation tel que le réclame le PARENA à tue-tête à tout bout de champ. Bien qu’elle ne soit pas une initiative du gouvernement malien, cette rencontre devra rester au travers de la gorge de Tiébilé Dramé et les siens. Car si elle devrait avoir lieu, elle amenuiserait considérablement les chances à ces opposant au régime IBK, de ruminer leur échec via une concertation d’envergure beaucoup plus nationale.
Cette concertation nationale inscrite en lettre d’or sur les tableaux du Parti de la Renaissance Nationale comme la seule issue du salut de notre pays, doit s’avérer de plus en plus chimérique aux yeux de Tiébilé Dramé et Djiguiba Keita, son bouillant acolyte de tous les temps. La nouvelle donne qui donnera bientôt droit de cité à une rencontre devant se tenir dans l’Adra des Ifoghas entre la CMA, la Plateforme, la médiation de la crise malienne et Bamako, montre à suffisance qu’elle a toutes les chances de projeter le projet PARENA, mieux le desiderata Tiébilé Dramé aux calendes grecques. Le vœu pieux du bélier blanc, le crédo de PPR se révèle au fil du temps en une construction de château en Espagne. Il est certes vrai que le gouvernement ne s’est jamais prononcé sur l’organisation ou non de ce que l’on considère au PARENA comme la porte de sortie de crise ; mais comme pour signifier que les jérémiades de Tiébilé Dramé constituent du folklore, l’initiative de cette rencontre tripartite est venue des groupes armés du nord. C’est donc indépendamment de la volonté du pouvoir en place que les concertations nationales qu’on lui réclame, est en train de prendre du plomb dans les ailes. A moins d’un virage de PPR et son mentor les menant à s’aligner sur la même longueur d’onde que le chef de file de l’opposition qui lui, a fini par se résigner au sujet de ces concertations nationales ; ils se devront de se chercher un autre canal par où jeter leur dévolu. Ce, en ce sens que ces concertations nationales très chères à eux deux surtout, deviennent caduques à plus d’un titre. Le fond et la forme de la très proche rencontre quadripartite sont assez dissuasifs.
En effet, l’objectif assigné à cette initiative des groupes armés du nord Mali ainsi que la composition des participants côté gouvernement du Mali, sont involontairement de nature à amener les béliers blancs à se recroqueviller sur leur sort d’éternels aigris.
Au niveau de sa raison d’être, pratiquement point de différence par rapport aux sujets censés être débattus aux fameuses concertations nationales du PARENA. Puisqu’ il s’agit d’aller à Kidal pour parler de paix entre communautés, de réconciliation nationale, des difficultés qui entravent la mise en oeuvre de l’Accord issu du processus d’Alger. il sera également question de la sécurité des Maliens, de la paix et du développement des régions du nord. Ce sera a priori un bon départ pour que Kidal retourne dans le giron de la République. Cette rencontre pourrait ainsi se targuer de servir de déclic au processus de paix, si chaque partie venait à y mettre la bonne foi. Elle pourrait aussi être le début d’une confiance mutuelle, si les paroles venaient à être jointes à l’acte. Toute chose qui pourrait définitivement sonner le glas au PARENA sur l’échiquier politique national.
Pour l’heure, le comble de sa déchéance vis-à-vis de l’organisation de la rencontre de Kidal, réside dans la composition de la délégation gouvernementale qui va y participer. De source proche de la Primature, l’Etat du Mali a décidé de se faire représenter par une forte délégation, conduite par le Premier ministre, Modibo Keïta lui-même. Plusieurs ministres, notamment ceux de la réconciliation nationale, de la décentralisation, du développement des régions du nord ainsi que les gouverneurs de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal, entre autres, feront partie de la mission gouvernementale. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation, est également attendue à ce forum.
Bien que l’on sache que la présence du premier ministre à cette occasion est une victoire retentissante pour Koulouba sur ses adversaires, on peut se permettre de s’interroger s’il y a une participation de plus représentative de la nation malienne qui puisse faire languir l’opposition de Tiébilé Dramé ? Le moment est peut-être alors venu pour lui d’ameuter la société civile malienne pour laquelle il a toujours clamé se battre.
André SEGBEDJI/abamako.com