Ouestafnews – L’Afrique de l’ouest, avec le Mali et le Cap-Vert en tête, reste une des régions les plus ouvertes en matière d’octroi de visas aux autres ressortissants du continent, indique une étude de la Banque africaine de développement (BAD).
Cette étude, qui vient d’être rendue publique par l’institution financière panafricaine, s’appuie sur un « Indice d’ouverture » sur les visas en Afrique.
Le classement établi selon cet indice (le premier du genre) met les Seychelles en tête. Ce petit pays de l’océan indien a la particularité d’exempter de visa tous les ressortissants africains.
L’Afrique de l’ouest se distingue particulièrement dans ce classement, en plaçant 5 pays parmi les 12 les moins fermés aux autres Africains.
Au second rang, derrière les Seychelles, figure le Mali, de facto le pays le plus ouvert à l’Afrique, parmi les 15 nations membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao, 15 pays), un espace sous-régionale où déjà le principe de libre circulation des personnes est en vigueur depuis plusieurs années.
Le Mali se distingue par sa politique de délivrance de visa « à l’entrée » qui s’applique à 67% des pays africains, ceux provenant des autres pays en sont exemptés.
Une approche bénéfique pour le secteur touristique malien, qui représente en 2014 10,1% dans le produit intérieur brut du Mali, et qui, selon des prévisions fournies par la BAD, va augmenter de 3%.
Au Cap-Vert (arrivée en quatrième position de cet indice continental), la contribution du tourisme au PIB s’établit à 40 % en 2014 et va enregistrer une croissance de 5% à partir de 2015. Dans ce petit pays archipel, situé au large des côtes du Sénégal, la délivrance de visas à l’arrivée concerne 70 % des Africains, et les 30% restants ont un libre accès au pays.
Les deux autres Etats ouest africains dans le haut du classement, sont le Togo (5ème ) et la Guinée Bissau (6ème ), qui donnent respectivement un libre accès à leurs territoires à 54% des africains et pratiquent pour le reste la délivrance sur place.
La difficulté pour les Africains de voyager dans leur propre continent constitue un handicap aux investissements et à la promotion des affaires. En janvier 2014, ces difficultés avaient été déplorées par l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote lors d’un forum à Davos (Suisse).
« A ce jour, un Américain a plus accès à l’Afrique que moi-même, en prenant les questions de visa en considération. Il me faudrait 38 visas pour visiter 38 pays africains en dehors de la Cedeao) », avait souligné l’homme d’affaires et investisseurs nigérian (le plus riche d’Afrique) dans des propos largement relayés par la presse africaine.
A la suite de ce constant M. Dangote avait lancé un appel public en décembre 2015 pour que les pays africains revoient leur politique en la matière.
« En moyenne, les Africains ont besoin d’un visa pour se rendre dans 55 % des autres pays africains, (ils) peuvent obtenir un visa à leur arrivée dans seulement 25 % des autres pays. (Ils) n’ont pas besoin de visa pour se rendre dans à peine 20 % des autres pays du continent », fait remarquer la BAD, tout en précisant que 75% des pays les plus ouverts se trouve en Afrique de l’ouest et de l’est.
Selon l’étude de la BAD 55% des Africains ont besoin d’un visa avant de se rendre dans un autre pays de leur continent. Seuls 13 pays africains sur 55 offre un accès libre (exemption et délivrance à l’arrivée).
En Afrique de l’ouest, les moteurs économiques que sont le Nigeria, le Ghana, restent peu flexibles dans leur politique en la matière. Pour entrer au Nigeria, le visa est demandé à 65% des Africains, un taux qui atteint 61% au Ghana et en Côte d’Ivoire et 63% au Sénégal.
Entre autres solutions préconisées par les auteurs de l’étude figurent, la libre circulation des personnes, à l’image de c elle en vigueur dans la zone Cedeao, la délivrance de visa à l’arrivée pour tous les Africains ou encore une politique de visas régionaux comme celui en vigueur entre le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda.
Le 21 et mars 2016, lors d’un forum prévu à Abidjan, la BAD annonce son intention de porter une attention particulière sur cet indice dont les résultats feront l’objet d’une présentation et d’un débat.
Jeudi 25 Février 2016