D’Alpha Condé de la Guinée à Mahamadou Issoufou du Niger en passant par Alassane Ouattara de la Côte d’ivoire, le Takokélen est en passe de devenir la règle du jeu démocratique en Afrique. Et cela très souvent en violation des principes universellement reconnus de transparence, de crédibilité et de libre expression de la volonté populaire. Le maitre d’œuvre de cette machination semble être pourtant le régime socialiste de François Hollande qui privilégie les intérêts de stabilité de la France au détriment du respect des principes sacro-saints de la Démocratie comme au bon vieux temps de la France-Afrique.
Le Takokelen était-il possible dans des pays comme la Guinée où les clivages ethniques et régionalistes sont aussi déterminants dans les choix ? Mahamadou Issoufou pourra-t-il rempiler dès le premier tour au Niger, quand il a en face de lui, quatorze autres candidats tout aussi populaires dont des anciens présidents de la République, d’Assemblée Nationale et d’anciens premiers ministres ? D’autant plus que le pays n’a jamais connu de président élu dès le 1er tour depuis l’avènement de la Démocratie au Niger. De l’avis de bon nombre d’africains, la France socialiste de François Hollande semble être à la base de tel passage en force. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si François Hollande va-t-il continuer à trahir l’idéologie de son mentor François Mitterrand qui dans le souci de briser les chaînes de la France-Afrique avait su « imposer » aux dictateurs africains ?
Le discours de la Baule, qu’il prononça le 20 juin 1990 lors de la 16e conférence des chefs d’Etats d’Afrique et de France dont voici l’extrait historique : « Le vent de liberté qui a soufflé à l’Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud (…) Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement … L’aide française sera plus tiède envers les régimes autoritaires…, plus enthousiaste envers ceux qui franchiront le pas vers la démocratie » fera date dans les annales de l’histoire des relations Franco- Africaines. Ce discours de très belle facture qui a sonné le glas des dictatures, avait suscité un immense espoir chez la majorité des peuples africains, qui pensaient avoir vu le bout du tunnel en prenant en mains leur destin. 26 ans après ce discours historique de la Baule et plus de 20 ans après l’avènement de la démocratie, le continent africain est toujours à la traine. Les conflits armés ont succédé au bradage des ressources minières et énergétiques avec comme conséquences l’enrichissement d’une infime minorité dite de l’élite en complicité avec l’occident qui tire la partie substantielle, mais aussi et surtout la grande paupérisation des masses populaires. Les opposants au processus de démocratisation en Afrique auront-ils finalement raison sur le mirage démocratique quand ils affirment que la Démocratie a fabriqué des nouveaux milliardaires et appauvri la masse laborieuse ? La France de François Hollande mettra-t-elle sa marque dans le soutien de la France à la Démocratie en Afrique en liant cette fois-ci son aide au développement au respect des principes de l’alternance démocratique? A quand la révolution des élites africaines postcoloniales pour se défaire de l’emprise étouffante de la France sur nos ressources. A quand l’indépendance économique de l’Afrique Francophone ? Et surtout à quand la création de sa monnaie unique et souveraine ? Et si le président Modibo Keita avait raison.
Youssouf Sissoko
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