Selon Naffet Kéita, sociologue, maître de conférences à ULSH-FSHSE de Bamako la France a sauvé le Mali, mais pas sans arrière-pensée.
Les Echos : Que peut-on retenir de Serval ?
Naffet Kéita : L’opération Serval a été engagée au Mali à la demande des autorités de la transition lorsque les coalisés jihadistes avaient tenté de sauter le verrou de Konna en vue de descendre sur les régions dites du Centre et du Sud du pays. L’opération Serval a mis un coup d’arrêt aux offensives des jihadistes et permis la reconquête des régions de Gao et de Tombouctou.
Les Echos : Etait-il possible de se passer de Serval ?
N. K. : Les troupes communautaires régionales en préparation n’étaient pas assez aguerries et outillées pour rivaliser avec la célérité avec laquelle l’opération a été engagée. Elle a empêché les batailles de Mopti, Ségou, Bamako et autres.
Les Echos : Et après Serval, Barkhane a-t-il une mission différente ?
N. K. : L’opération Serval avait pour but de mettre un terme à l’offensive des jihadistes et engager le processus de libération des régions précédemment occupées. Par contre, Barkhane se concentre davantage sur la lutte contre le terrorisme sous-régional et international dans la région du Sahel.
N'oublions pas que ces deux opérations sont menées par l'ancienne puissance colonisatrice qui a des intérêts certains dans le pays. Ce sont ses oligopoles (France Télécom et Vivendi, majoritaire dans Maroc Télécom) qui gèrent la téléphonie mobile ; le Mali, un pays tampon entre l'Afrique blanche et l'Afrique noire ; la protection des exploitations minières du Niger, etc.