Jeune, courageuse et dynamique, toujours souriante, accueillante, elle ouvre les portes de son département à tous les opérateurs culturels et touristiques du pays ainsi qu’aux partenaires. Elle est très souvent la première à arriver au bureau et la dernière à en repartir. L’actuelle patronne de la culture et du tourisme a donné du sang neuf à son secteur. C’est pourquoi, souvent, elle se contente de son bureau.
Illustration, sa dernière sortie dans les régions de Ségou et Mopti pour être plus proche des intervenants, les acteurs culturels et touristiques dans le pays profond. À Bamako, son retour n’a pas été de tout repos. La signature d’une Convention de partenariat avec Orange-Mali, l’organisation avec réussite de la Rentrée culturelle et touristique 2016 à Bamako, avec un grand débat sur la renaissance culturelle et la reprise de la Biennale artistique et culturelle.
Elle a participé à la soirée «La Main Tendue», la Soirée dédiée à la promotion du textile malien, l’Hommage à Fantani Touré à Bozola. Un week-end mouvementé. On dira que quand l’art bouge, tout bouge et on va oublier la crise. En tout cas, la renaissance de la culture malienne est en train de faire renaître l’espoir au niveau du monde de la culture et du tourisme. Reste maintenant à N’Diaye Ramatoulaye Diallo de maintenir le cap.
Mopti peut se préparer
En 2016, la renaissance sera marquée par le retour et la consolidation de la Biennale artistique et culturelle, la Rencontre des chasseurs de l’Afrique de l’Ouest, le Triangle du balafon à Sikasso, le Spectacle des contes de la paix, le Marché des arts plastiques ainsi que la tenue des Rencontres sur la démocratie, l’éducation des jeunes au patrimoine, la relance des activités touristiques et les Journées nationales du patrimoine culturel.
C’est pourquoi, lors de la Rentrée culturelle, il y a eu une conférence sur la reprise de la Biennale. Plusieurs acteurs de la culture ont pris part à cette rencontre de réflexion et de partage, sous l’égide de la Direction nationale de l’action culturelle. Plusieurs recommandations ont été formulées. Pour la Directrice de l’action culturelle, Haïdara Aminata Sy, toutes les recommandations entrent dans le cadre de l’amélioration de la manifestation. Mieux, la Biennale aura lieu à Mopti, comme cela avait été décidé avant le coup d’Etat de 2012. Plusieurs travaux se dérouleront dans la Venise malienne.
Une nouvelle salle était en construction ainsi que des travaux d’aménagement et la construction des mascottes de la Biennale au niveau des ronds-points de la ville étaient en cours. Maintenant, tout cela doit reprendre. Mopti doit se préparer pour accueillir la Biennale en cette année 2016, c’est une volonté des autorités maliennes. Tout cela vise à consolider les acquis et à insuffler une nouvelle dynamique aux activités de promotion de la culture et du patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme ; à renforcer et à nouer des partenariats pour pallier le problème de financement des différents secteurs.
Hôtels en difficulté
Depuis plus de 4 ans, le monde de l’artisanat et du tourisme souffre sur tous les plans ; la crise de 2012 est passée par là. Les hôteliers, les artisans, les agences de voyage et de tourisme sont fermées. Plusieurs agences de voyage ont fait de la reconversion ; ce qui n’est pas possible pour les hôteliers. Si dans les régions du nord du pays les hôtels marchent un peu grâce à la clientèle onusienne ; à Bamako, les choses marchaient très peu jusqu’à l’attaque de l’hôtel Radisson du 20 novembre 2015. Cette attaque a tué la petite saison touristique, car les rares Blancs qui venaient, ont pris peur cette année.
Les activités de l’année touristique ont diminué encore, comme en 2015. Conséquences : les recettes de 50 milliards Fcfa, en 2014, ont chuté à 40 milliards Fcfa. Selon l’OMATHO, l’attaque terroriste qui a visé l’hôtel Radisson Blu de Bamako en fin novembre en est une cause essentielle. Les réservations de janvier et février, mois propices aux touristes européens, ont été annulées. C’est pour cela que le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme était en tournée à l’intérieur pour discuter directement avec les acteurs du secteur et pour voir ce qui est faisable, malgré la crise. Car, la situation se complique d’année en année.
«À 500 000 Fcfa»
Une autre première à la «Passion du service public», qui est devenue la «Passion de payer pour être servi». Tout le monde a applaudi la création d’une rubrique culture dans le JT de l’Ortm, mais personne ne savait l’ambition de son animateur : se faire de l’argent. Ah oui, c’est ce que disent certains opérateurs culturels, qui ont été contactés pour passer dans cette rubrique et cela fait quelques moments ces opérateurs culturels le murmurent. Cette année à Ségou, lors du Festival sur le Niger, certains ont posé la question de savoir : si payer les 500 000 Fcfa est une obligation pour passer dans le Journal télévisé. Leur surprise a été grande, quand un de nos confrères de l’Ortm a dit clairement ceci : «Cette rubrique est gratuite».
Cela n’est point surprenant dans la mesure où des mécènes de la culture, pour ne pas dire des promoteurs de Festivals, n’ont pas vu leurs activités traitées, encore moins diffusées, parce qu’ils n’ont pas payé le journaliste qui réalise cette rubrique. Pis, plusieurs journalistes connaissant et couvrant les activités culturelles ne sont plus envoyés sur les terrains de reportage à cause de cette rubrique. En tout cas, des opérateurs culturels étaient dans la logique de venir en savoir davantage, mais avec le départ de Bally Idrissa Sissoko, ils veulent attendre le nouveau Directeur général pour connaître les conditions de leur passage dans cette rubrique.
Guimba social
Habib Dembélé dit Guimba national est d’une sympathie sans pareille. Très humble et respectueux, il a passé tout son séjour à Ségou avec les habitants de la Cité des Balanzans. Cette année, il était parti dans sa voiture personnelle et c’est celle-ci qui faisait la navette avec bon nombre d’artistes et autres connaissances du grand comédien. Le jour de son spectacle au Centre Korê, il a joué avec son ami Michel Sangaré.
Entre Sabugnouma et Dioro, le public de Sébougou a passé toute la nuit à rire. Certes Guimba et Michel sont tous de la région de Ségou, respectivement de San et Niono. Mais ils se sont retrouvés à l’INA de Bamako. Michel, c’est un autre cas de solidarité. Les deux, au-delà de la scène, sont des exemples : leur amitié dure depuis plus de 30 ans. Ils sont toujours des amis, dans la douleur ou dans la joie, ils se partagent tout, même à distance.
Les jeunes de Ségou qui ont eu la chance d’échanger avec Guimba national, se sont rendu compte, qu’au-delà de la comédie, c’est un homme social, prêt à tout moment à servir les autres. Mais, pas avec de l’argent, plutôt avec les bonnes manières de la société : le Maaya et le respect des valeurs traditionnelles. Guimba, en dehors de la scène, est un véritable défenseur de la société traditionnelle. Il est, selon bon nombre de jeunes, un exemple à suivre. Plein de jeunes de la Cité des Balanzans sont tombés sous le charme d’un autre Guimba
La rue perdue
La 12ème édition du Festival sur le Niger s’est déroulée du 3 au 7 février 2016 à Ségou. Il y a eu des changements avec un nouveau format : le Quai des arts a été abandonné pour des raisons de sécurité. Les festivaliers ont été sur deux sites : le Village du Festival et le Centre Korê. Cela n’a rien changé au rythme des activités du Festival, surtout le Samedi national. C’est le plus grand moment du Festival où les jeunes viennent par centaines de Bamako pour faire la fête ce jour-là, avant de retourner à Bamako.
Cette année, le Samedi national s’est déroulé au Village du Festival, mais les jeunes de Bamako, ne connaissant pas Ségou, affirmaient être dans une rue perdue. Les festivaliers, ne pouvant pas tous être au Village du Festival, ont été obligés de se contenter de la rue perdue, c'est-à-dire la route qui part de l’entrée du Camp jusqu’au centre-ville. Parce qu’il n’y avait pas de place.
Ça a été un Festival de voitures, dans un carnaval qui ne dit pas son nom. Ainsi, le Samedi national a été remplacé par ce show aux rythmes cadencés dans la rue perdue. Ça a été un autre spectacle que le maire de Ségou a qualifié de nouveauté. Les festivaliers, dans la rue perdue, c’était une véritable ambiance. Un carnaval qui a beaucoup inspiré les organisateurs du Festival.
Capote utilisée à 5%
Les responsables de l’antenne Ségou du Secrétariat national de lutte contre le Sida, avec l’appui du Secrétariat exécutif national, ont saisi l’opportunité que leur offrait le Festival sur le Niger.
En effet, cet événement culturel est une aubaine pour tous les acteurs de la lutte contre le Sida de se rencontrer, d’échanger, mais aussi de faire des critiques et des suggestions. Le bilan de la lutte n’est pas mauvais dans la région, encore moins dans la ville de Ségou. Mais il y a de véritables inquiétudes, selon les responsables d’Arcad/Sida de Ségou, car, il n’y a que 5% de jeunes qui utilisent les capotes, avant les rapports sexuels, 95% préférant passer à l’acte sans préservatif. 80% de jeunes filles ne pratiquant pas la prostitution, n’exigeraient pas le port du préservatif à leur partenaire.
D’où l’inquiétude des responsables qui disent avoir fait des enquêtes dans des maisons de joie. Par contre, les professionnels du sexe n’acceptent jamais de rapports non protégés. Malick Sène du Haut conseil de lutte contre le Sida dira que, de nos jours, le Sida guette plus les couples stables plus que les professionnels du sexe. Ce constat est valable pour toutes les régions. C’est pourquoi il faut une grande attention de la part des couples et ce sont les femmes qui sont les plus exposées.
Un couple maudit
Dans la vie, il suffit de vivre longtemps pour voir certaines choses. Aujourd’hui, il n’y a pas une grande différence entre les unions ou unions séparées en ce qui concerne les couples. Les hommes et les femmes vivent dans leurs foyers respectifs, mais rares sont ceux qui sont fidèles. On nous dit que si l’homme est fidèle, on trouvera que chez la femme, c’est tout le contraire. Et vice-versa. Mais dans le couple dont nous parlons ici, les deux sont pareils : ça, c’est la malédiction. Un homme sur le lit de l'hôpital dit à son épouse: «Chérie, je veux me confesser, avant de mourir avec un cœur tranquille.
Pardonne-moi d'avoir couché avec ta mère, avec ta sœur, avec ta cousine, avec ta meilleure amie et avec ta fille que tu as eue hors mariage. Lors des cérémonies, ce sont les hôtesses et filles d’honneur que je tripotais dans les toilettes et les couloirs des lieux des différents dîners». La réponse de sa femme ne s’est pas fait attendre : «De rien chéri, je savais et c'est pourquoi je t’empoisonnais. Mais après ta mort, je ramènerai chacun de nos enfants chez son vrai père. L'aîné chez ton père ; la deuxième fille chez ton oncle ; le troisième chez ton patron ; la quatrième fille chez ton neveu et le benjamin chez notre chauffeur». Entre les deux, qui est le plus cruel ?
Collectif des rappeurs
Pour sauver les meubles lors de la 12ème édition du Festival sur le Niger, ce sont les rappeurs maliens, dans un spectacle inédit, qui ont animé la soirée du Samedi national. C’était au Village du Festival, devant un public des grands jours. Cette prestation devant leurs fans était un véritable show : les jeunes ont fait vibrer la Cité des Balanzans ; ils ont fait bouger tout Ségou et tous les festivaliers.
La prestation était aussi la restitution de l'atelier mis en place, qui était magnifique avec comme thème : «Paix au Mali». Un atelier dans lequel chaque artiste se mettait dans la peau d'un protagoniste pour exprimer ses prétentions et ses témoignages. Penzy, par exemple, était le chef religieux pour dire non au terrorisme, aux viols, aux crimes au nom de l'Islam. Il recommandait le respect, l’amour et la cohésion entre les Êtres vivants... Il y avait aussi, entre autres, Mylmo, Master Soumi, Tal B, les Kirakono de Kati, Coudy de Bénin, Palmer et deux rappeurs de Ségou... Le slogan phare était : «Ensemble, avec un engagement pour la paix, la jeunesse vaincra. Inch Allah !»