«L’art au service de l’amour, de la cohésion sociale et de la réconciliation». C’est le thème générique sous lequel Mamadou Amadou Kéïta a levé le voile sur ses œuvres réalisées dans le cadre de la première phase du programme «Kôrè-qualité» du Centre culturel Kôrè de Ségou (2013-2015).
Le jeudi 5 novembre 2015, le Centre soleil d’Afrique à l’ACI 2000 a abrité le vernissage de l’exposition de Mamadou Amadou Kéïta. Dans le cadre du programme «Kôrè-qualité» du Centre culturel de Kôrê de Ségou (2013-2015), Mamadou Amadou Kéïta a présenté 13 œuvres sous le thème : «Amour et cohésion sociale». Mamou Daffé, président de la Fondation Festival sur le Niger et initiateur du Centre Kôrè de Ségou, a indiqué que le Programme «Kôrè-qualité» vise à instituer une politique de développement qualitatif de l’art afin d’intensifier, de façon qualitative, les activités de renforcement de capacités des jeunes et acteurs culturels, tout en créant des conditions optimales afin qu’ils produisent des œuvres de qualité, mais aussi les aider à mieux diffuser leurs œuvres.
Dans le cadre de cette initiative du Centre culturel Kôrè, Mamadou Amadou Kéïta et d’autres artistes maliens ont bénéficié du coaching et des conseils de critiques d’art et de personnes ressources tels que le Pr. Yacouba Konaté de la Côte d’Ivoire, Ky Siriki du Burkina Faso, Abdoulaye Konaté du Mali, Bisi Silva du Nigéria, Kofi Setordji du Ghana, Amahiguré Dolo du Mali, Dany Leriche de la France, Diagne Chanel de la France et du Sénégal et Hama Goro du Mali…
C’est à l’issue de cette expérience que Mamadou Amadou Keïta a levé le voile sur ses œuvres dans lesquelles il explose sa créativité et aiguise sa technique de collage sur la toile. «L’amour comme facteur de paix, de quiétude, de tolérance, de compréhension mutuelle, d’union, de pardon, de réconciliation, a été exploré», nous a indiqué Mamadou Amadou Kéïta.
Avant d’ajouter que l’amour pour sa Patrie, l’amour de l’environnement, l’amour comme régulateur du dialogue interculturel et des relations sociales, a été un thème passionnant qui a été mis au centre de sa création pour susciter du beau, l’expression du symbole plein d’espoir et de vie. En effet, l’amour environnemental a été magnifié dans deux tableaux : Colline de savoir et Rentrée et sortie. Une œuvre intitulée : «Destruction» est la dénonciation que l’artiste fait de la destruction des mausolées dans le Nord du Mali par les jihadistes.
Dans une œuvre dénommée, «Consolidation», l’artiste invite ses frères du Nord du pays à une cordiale entente. Son œuvre, «Emotion» est la posture d’un artiste meurtri qui chante pour la libération de Kidal. Pour magnifier le Mali, pays de savoir, l’artiste a peint «La colline du savoir». Et, pour dire au monde que le Mali est un pays ouvert à tous, il a produit le tableau dénommé, «Way in, way out».
Bien que l’Islam soit une religion de tolérance, dans une œuvre dénommée «Désobéissance», l’artiste met en scène quelqu’un qui tue son frère. Perturbé par toutes les misères que la guerre a provoquées au Mali, Mamadou Amadou Kéïta y a consacré une œuvre intitulée «Déchirure», pour traduire la misère des réfugiés de guerre.
Pendant la crise du Nord, si quelqu’un a souffert le martyr, c’est bien les femmes. L’artiste leur rend un hommage dans l’œuvre, «La femme du Nord», et invite la communauté internationale et les autorités du pays à être à l’écoute des femmes du Nord du Mali. Ce n’est un secret pour les amoureux des arts plastiques au Mali : le sacré occupe une place très importante dans les œuvres de Mamadou Amadou Kéïta. À travers les signes de la cosmogonie Bambara, cet artiste tient à marquer son époque.
À travers son œuvre, «Sacrifice», il a utilisé un idéogramme bambara qui veut dire offrande, pour exhorter à la prière et aux offrandes pour se mettre à l’abri des guerres. Son œuvre, «Prière pour nos sanctuaires», est une dénonciation. «Ils se sont attaqués à nos sanctuaires», a-t-il déploré. Et, enfin, l’œuvre intitulée «Détermination» traduit la cohésion, à travers l’engagement de deux soldats, l’un du Sud et l’autre du Nord, dans un combat côte à côte.
Assane KONE
Source: Le Reporter