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Régulation du coût du loyer : « C’est une mauvaise politique… »
Publié le lundi 29 fevrier 2016  |  Le Repère




La crise du logement est une des préoccupations majeures des Maliens. Elle s’est répercutée sur la location, dont le coût grimpe de façon exponentielle à Bamako, en particulier. Dans l’optique de soulager nos concitoyens, le gouvernement envisage de réguler ce secteur. Pour comprendre la problématique du logement au Mali, nous sommes allés à la rencontre d’un expert de l’immobilier, Mamadou G. Coulibaly, Président Directeur Général de la Société immobilière et foncière du Mali (SIFMA). Qui écarte d’un revers de la main toute initiative visant à réguler la location au Mali. « C’est une mauvaise politique qui n’a jamais marché… », précise-t-il. Lisez plutôt ses explications.



Il y a quinze ou vingt ans, un appartement (2 chambres, 1 salon, 1 douche intérieure, et 1 magasin) est loué à 17500 FCFA. Ce même appartement coûte, même dans les quartiers reculés de Bamako, entre 75000 et 100.000 FCFA. Qu’est-ce qui est à la base de ces augmentations substantielles ?

Le PDG de la SIFMA, Mamadou Coulibaly, explique qu’il y a plusieurs facteurs qui concourent à cette augmentation. D’abord, Bamako est la capitale du Mali. Elle accueille les ressortissants de toutes les régions du Mali. Donc, il y a une urbanisation galopante et un taux de croissance extraordinaire de la population.

Ensuite, le Mali est un pays enclavé (sans débouchés sur la mer), dont les ressortissants ont des revenus faibles. Le Mali a également, du point de vue démographique, une population jeune. Qui aspire à fonder très rapidement son foyer. Du coup, la demande est plus forte que l’offre.

Autre réalité qui est probablement à la base de la crise du logement, c’est la mauvaise gestion du patrimoine foncier. Mamadou Coulibaly soutient que les maires sont allés au-delà en multipliant les lotissements illégaux. « Ce n’est pas leur vocation de vendre les parcelles… », a affirmé le PDG de la SIFMA. Qui précise que l’attribution d’un mètre carré de parcelle doit être approuvée en conseil des ministres.

S’agissant du rôle des agences immobilières dans la hausse du coût du loyer, elle n’est pas établie. Selon Mamadou Coulibaly, les agences immobilières ont pour vocation de construire des logements pour autrui. Autrement dit, elles doivent faciliter l’accès à un logement décent au plus grand nombre de Maliens et par conséquent réduire le coût du loyer.

D’ailleurs le gouvernement du Mali est en train d’œuvrer pour cette réduction. Voulant emboiter le pas à des pays voisins afin de mettre fin à l’anarchie dans la fixation des prix du loyer, le gouvernement préparerait un projet de texte pour plafonner la location. Bonne ou mauvaise initiative ? L’avis du PDG de la SIFMA est sans appel : « Ce n’est pas bien. C’est une mauvaise politique qui n’a jamais marché. Au Sénégal, on l’a fait, ça n’a rien donné. Vous sortez de ma maison, on renégocie… ». Pour M. Coulibaly, la réduction du coût de la location pourrait être une réalité si l’Etat accepte « de baisser les impôts sur les matériaux de construction et d’accorder des exonérations sur ces matériaux pour que les gens offrent plus de logements… ».



Une politique immobilière ?

Toutes fois, le PDG de la SIFMA consent que l’Etat soit en train de faire des efforts depuis le début de la 3ème République par la construction de logements sociaux. Mais, c’est un verre de sel dans un fleuve. Moins de 20.000 logements en vingt ans, dans un pays où il y a un besoin de 450 000 logements par an. Notre expert de l’immobilier salue quand même ces efforts, dont le but est d’offrir à chaque malien un logement décent.

Cependant, il précise que l’Etat n’est pas le seul détenteur de la solution. C’est pourquoi, Mamadou Coulibaly appelle les promoteurs immobiliers à s’approprier le programme présidentiel de 50.000 logements sociaux afin de lui donner un contenu. Même si ces derniers (les promoteurs immobiliers) ont aussi un besoin immense d’accompagnement. Parce que, l’immobilier est d’abord un métier neuf. Mais aussi, un secteur dont les acteurs n’ont pas assez de moyens pour faire face à la forte demande de logements. Il leur faut, alors, une bonne politique immobilière. Selon Mamadou Coulibaly, celle-ci nécessite l’association de « 3 F » (Foncier-Financement-Fiscalité), notamment une politique foncière, des sources de financement et une politique fiscale attractive. Mais les Maliens ne doivent pas se leurrer, « tous ces efforts ne peuvent pas avoir un impact réel sur le coût de la location que quand ils atteindront un seuil critique », a indiqué Mamadou Coulibaly.

Idrissa Maïga
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