Huit mois après la signature solennelle de l’Accord de Paix et de Réconciliation, émaillée encore d’incidents et d’accrochages meurtriers, place est toujours réservée au dialogue. C’est ainsi que plusieurs acteurs socio-politiques se sont retrouvés, hier au Palais des Congrès de Bamako, pour jeter les bases de futures et larges concertations. De la Mouvance présidentielle à l’Opposition, en passant par les Groupes armés (CMA-Plateforme), presque tous avaient répondu présents. Souhait unanimement exprimé : ” Une prochaine rencontre à Kidal “. En tout cas, Ould Siddati, au nom de la CMA, a réitéré l’engagement des ex-rebelles à aller toujours dans le sens de la paix. Coup de chapeau au PARENA qui avait fait un appel des pieds dans ce sens depuis longtemps.
L’Accord d’Alger signé à Bamako le 20 juin 2015 a eu 8 mois d’existence. Ces 8 mois ont été marqués par des actes concrets mais aussi des incertitudes. La rencontre d’hier a été l’occasion de jeter un coup d’œil critique mais serein sur ce que tous les acteurs ont qualifié de ”chance du Mali”. Les derniers actes de violence enregistrés au Nord, qu’ils relèvent du grand banditisme ou du terrorisme rappellent que la sécurité était loin d’être totale. Et l’insécurité persiste dans plusieurs endroits du Nord malien.
La volonté affichée par le gouvernement, l’opposition, la CMA et la Plate-forme ne s’est cependant jamais démentie. Leur credo commun : La paix rien que la paix. La toute récente rencontre entre majorité présidentielle, opposition, les mouvements armés, relative au retour de la paix et de la sécurité dans les régions nord procède de cette volonté commune d’aller vers la paix. Cette paix nécessaire à la quiétude de toutes les populations tant nomades que sédentaires exilées de l’intérieur comme de l’extérieur.
Ce qui a amené le président de la majorité présidentielle, Dr Boulkassoum Haïdara, à dire qu’au Mali, il ya quelque chose sur laquelle ”nous sommes tous d’accord qui est l’existence du Mali, notre désir de vivre ensemble, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité du pays”. Et d’ajouter : ”Au cours de cette rencontre, il s’agit d’apprécier, analyser et connaitre le rôle des uns et des autres sur la mise en œuvre de l’Accord d’Alger”.
Pour Tiébilé Dramé qui a parlé au nom du chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé absent du pays, cette rencontre était la démonstration de l’ardent désir de vivre en paix au-delà des divergences. Il s’agissait de conjuguer les efforts pour stabiliser le pays, restaurer la paix.
Selon Mohamed Ould Ibrahim Siddati, après un soutien exceptionnel à l’époque de la signature dudit Accord, ” On a vu un ralentissement de son application “. L’essentiel pour lui est d’aller vers du concret. Cependant, il a tenu à réaffirmer l’engagement sans faille de la CMA dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Quant à Me Harouna Toureh de la Plate-forme, cette rencontre a suscité le désir important des Maliens de vivre ensemble.
Il a lui aussi pris l’engagement que son mouvement n’entreprendrait rien pour compromettre la mise œuvre efficace et efficiente de cet Accord. Pour tous les participants, l’Accord d’Alger depuis sa signature a vu trois principales actions qui sont en voie de réalisation, il s’agit du retour de la paix avec des patrouilles mixtes CMA, Plate-forme et FAMA, la démobilisation, le désarmement et la réconciliation en cours, le retour et la réinsertion des populations déplacées.
Ils ont été unanimes à reconnaitre aussi que malgré tout l’Accord d’Alger demeurait toujours fragile et ses ennemis, tant de l’intérieur que l’extérieur, étaient nombreux. Pour eux, seule une vigilance et un discernement à la mesure de l’enjeu pouvaient favoriser l’éclosion des nouvelles manifestations concrètes de sa réalisation.
Notons que le Dr. Boulkassoum Haïdara, Pr. Mamadou Kassa Traoré, Bocar Moussa Diarra, Soumeylou Boubèye Maïga, Pr. Tiémoko Sangaré, … (majorité), Amadou Koïta, Tiébilé Dramé, Pr. Salikou Sanogo, … (Opposition), Alghabass Ag Intalla, Mohamed Ould Ibrahim Siddati, … (CMA), Me Harouna Toureh, Azaz Ag Dag Dag, … (Plateforme) étaient entre autres les principaux animateurs de cette table ronde cruciale pour l’avenir de notre pays.
Amadou Coulibaly
Source: Le Malien