Acquise à la suite d’une longue lutte syndicale, l’intégration des enseignants communautaires dans la Fonction publique des collectivités fait l’objet d’une tentative de récupération politique de la part d’un cadre du ministère de l’Education nationale.
Décidément, la politique s’invite dans tous les secteurs socioprofessionnels dans notre pays. L’intégration dans la Fonction publique qui était restée en marge de cette histoire intéresse certains cadres.
Faut-il le rappeler, sur injonction de la Banque mondiale et du FMI, certaines écoles de formation avaient été fermées (Ipeg, Insec), créant une pénurie d’enseignants à tous les niveaux. Au même moment, l’Etat avait la volonté d’augmenter le taux brut de scolarisation à travers l’opérationnalisation du Prodec (Pise). Pour compenser la pénurie d’enseignants née des injonctions des institutions de Bretton Woods, rappelle le Secrétaire général du Snec, Maouloud Ben Kattra, le gouvernement d’Alpha Oumar Konaré avait recruté des volontaires vacataires et encouragé la création des écoles communautaires. Or, ajoute-t-il, l’école étant obligatoire et gratuite, selon notre Constitution, le fait de faire payer les enseignants par les communautés constituait une entrave à la loi fondamentale.
Le Snec, tirant des leçons de cette pénurie d’enseignants et participant au processus de la conception du Prodec, avait mis en place une section syndicale des enseignants des écoles communautaires pour défendre leurs intérêts. Car, ils étaient payés mensuellement et de deux façons: 25 000 FCFA comme subventions de l’Etat pour certaines écoles et le paiement en nature (céréales) pour d’autres.
Ces enseignants qui, pour la plupart, n’avaient pas de niveau, poursuit l’orateur, ont acquis une somme d’expérience dans la pratique.
Au regard de leur apport dans la hausse du taux brut de scolarisation, explique Ben Kattra, le Snec a, au cours de son congrès de 2005, demandé la transformation des écoles communautaires en écoles publiques, le maintien des enseignants à leurs postes. Tout en demandant leur formation continue sur la didactique des disciplines. Ainsi que leur intégration dans la Fonction publique des collectivités.
Fort de ce constat, poursuit notre interlocuteur, le Snec a demandé l’appui institutionnel de l’International de l’éducation, en partenariat avec Oxfam Novide, une ONG Hollandaise, et la Coalition malienne pour l’éducation pour tous afin de former les enseignants, dans un premier temps à Kayes, Bamako, Sikasso. Et dans un second temps, 3 000 enseignants dans la région de Ségou.
Au regard des efforts obtenus par le Snec, Oxfam et la Coalition, le gouvernement a accédé à la demande d’intégration des enseignants des écoles communautaires dans la Fonction publique des collectivités, en 2012. Cela, en guise de reconnaissance à ces milliers d’enseignants des écoles communautaires.
«Pendant que le Snec salue cette initiative de portée politique du gouvernement, notamment du ministre de l’Education, c’est en ce moment que certains agents du Département, dont nous taisons volontairement les noms, veulent en faire une récupération politique», regrette le Secrétaire général, Maouloud Ben Kattra. Par des méthodes peu orthodoxes, ajoute-il, ces derniers installent des cellules en faveur de leurs proches et de leurs alliés. «Le Snec s’insurge contre ces oiseaux de mauvais augure qui sèment la confusion et la confrontation entre les enseignants sur le terrain par des informations contradictoires visant à annuler la dernière décision de l’intégration des enseignants des écoles communautaires dans la Fonction publique des collectivités». Pour lui, ces responsables d’une autre époque veulent saboter le travail colossal que l’actuel ministre de l’Education nationale est en train de mener par des actions contraires à la politique du Département. Selon notre interlocuteur, cette structure de l’Education est dirigée par un directeur qui se croit tout permis. Le Tout en se disant serein, le Snec, par la voix de son Secrétaire général, appelle ses militants à la vigilance et n’entend pas céder d’un pouce ses acquis sociaux.
Oumar KONATE