Insuffisance des moyens matériels et des effectifs, faible maillage du territoire national, insuffisance des dotations et des textes. Ce sont là, entre autres, les difficultés auxquelles la Protection civile malienne est confrontée. Cette situation est pourtant loin d’entamer la détermination des sapeurs pompiers qui, si l’on croit le Col. Doumbia, ont réalisé 13308 interventions, dont 655 morts et plus de 19 000 blessés en 2015.
Le jeudi 25 février 2016, le Directeur général de la Protection civile, Col Seydou Doumbia, a animé une conférence de presse dans les locaux de sa structure, à l’ACI 2000. A cette occasion, le conférencier a expliqué à ses interlocuteurs du jour les missions et les actions des services de la Protection civile. Mais, il a surtout levé un coin de voile sur les difficultés auxquelles les sapeurs pompiers sont confrontés. Ainsi, après avoir fait la genèse de ce corps, des années 1950 jusqu’en 1998, date de la création de la Direction générale de la protection civile, le Col. Doumbia a rappelé que celle-ci a pour missions d’élaborer la politique nationale en matière de protection civile et de veiller à la mise en œuvre de cette politique. Ainsi, elle est chargée d’organiser, de coordonner et d’évaluer les actions de prévention des risques et des secours en cas de catastrophe, de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans de secours et de protection. L’autre mission des sapeurs pompiers, c’est de veiller à assurer la protection des personnes, des biens et de l’environnement en cas d’accident, de sinistre et de catastrophe, en liaison avec les autres services concernés.
La Protection civile en chiffres
Selon le Col. Seydou Doumbia, la Protection civile compte au total 1660 éléments repartis en trois catégories. La première catégorie est constituée des professionnels du corps de la Protection civile. Ils sont au nombre de 1646, repartis entre le corps des administrateurs (73 agents), le corps des techniciens (au nombre de 192), le corps des agents techniques (un effectif de 883) et enfin le corps des sapeurs pompiers qui compte 500 élèves sapeurs pompiers, dont 105 femmes. La deuxième catégorie est formée par le personnel militaire de la gendarmerie, détaché auprès de la Protection civile. Ils sont au nombre de 5 officiers et 3 sous-officiers. La troisième catégorie est celle du personnel civil mis à la disposition de la Protection civile par la fonction publique. Leur nombre est de 6, dont 2 femmes.
Si l’on en croit le Directeur général, en 2015, les services de la Protection civile ont effectué, sur toute l’étendue du territoire national, au total 13308 interventions totalisant 655 morts et 19356 blessés. Les accidents de la circulation prédominent avec 11140 cas dont 410 morts et 18287 blessés. Les incendies comptent 948 interventions pour 13 morts et 28 blessés. Les inondations et les noyades, les secours à victimes comptent 1220 cas signalés, 232 morts, 1041 blessés. Toutefois, cet exploit cache mal les nombreuses difficultés auxquelles les services de la Protection civile font face, à savoir l’insuffisance des moyens matériels et des effectifs, le faible maillage du territoire national, l’insuffisance des dotations et des textes, la caducité de certains textes existants, etc. Partant, le Col. Doumbia dit fonder beaucoup d’espoir sur la loi d’orientation et de programmation sécuritaire en cours d’élaboration, pour résorber ces difficultés et donner une nouvelle impulsion à la Protection civile.
L’ambition dans le réalisme ?
Face à l’insuffisance des moyens, le Col. Doumbia a affirmé que la Protection civile se bat aujourd’hui pour avoir au moins deux ambulances dans chaque centre de secours. «Nous avons certes des ambitions, mais ce ne sont pas des avions qu’il nous faut», a-t-il répondu à un confrère qui avait fait allusion à un pays de la sous-région qui disposerait des avions pour lutter contre les incendies. Selon le conférencier, l’expertise étant déjà là, la Protection civile ne se dotera en moyens aériens que le jour où cela s’avérera nécessaire. Pour l’instant, estime-t-il, la seule doléance qui vaille, c’est surtout d’avoir un meilleur maillage du territoire.
Le conférencier a par ailleurs noté de bons rapports entre l’administration de la Protection civile et les syndicats. Pour lui, l’agression, il y a quelques semaines, du syndicaliste Sinaly Berthé n’a aucun caractère syndical. «Je n’ai pas placé cette agression dans un cadre syndical. C’est un élément de la Protection civile qui a été agressé. Après l’agression, j’ai immédiatement rendu compte au ministre pour nous aider dans les enquêtes. Nous nous investissons pour démasquer les agresseurs», a-t-il souligné.
Il est à rappeler que le nommé Sinaly Berthé avait, quelques jours avant son agression, dénoncé ce qu’il appelle la caporalisation de la Protection civile, en ce sens qu’elle est dirigée par un gendarme.
Soulignons enfin que cette conférence de presse s’inscrivait en droit ligne du plan de communication du ministère de tutelle. Lequel plan de communication veut que chaque mois, l’un des services centraux du département de la Sécurité et de la Protection civile s’ouvre à la presse en lui expliquant notamment ses missions, ses actions et les difficultés auxquelles il est confronté.
Bakary SOGODOGO