Au nord du Mali, les jours se passent et se ressemblent, avec un trait commun : la mort aux quatre points cardinaux. Au moins 35 morts et une cinquantaine de blessés, tel est le triste bilan d’une série d’actes meurtriers perpétrés au cours des trois derniers mois contre les forces armées et de sécurité maliennes, des soldats de la Minusma et des populations civiles. Tous ces attentats, attaques, embuscades, mines mortelles sont commis dans les régions du nord (Tombouctou, Gao et Kidal) et de Mopti par des terroristes et djihadistes engagés dans une spirale de violences sans précédent. Chronique de deux mois d’enfer au nord du Mali !
Deux dates repères pour illustrer cette boucherie sanguinaire. Le lundi 22 février, des Assaillants se sont rendus coupables de la mort de cinq personnes. Les faits se sont déroulés aux premières heures du jour dans la localité d’Inekar, à quelques encablures de Ménaka. Selon les informations reçues, une horde d’individus ont mis ce petit village à feu et à sang. Avec une barbarie indescriptible, ils ont tiré les populations de leur sommeil avant de les mitrailler littéralement, sans aucune forme de procédure. Outre les cinq morts enregistrés, on dénombre plusieurs blessés ainsi que des personnes portées disparues.
Le vendredi 12 février, tôt le matin, le camp de la Minusma à Kidal a été l’objet d’une attaque qui a fait six morts (des casques bleus guinéens) et une trentaine de blessés. Cet acte odieux a été revendiquée par le groupe terroriste Ansar Dine qui, dans un communiqué, affirme avoir «fait exploser un véhicule chargé d’explosifs au sein de la basse appelée Kandi, au cœur de Kidal». Parallèlement, trois soldats maliens sont morts et deux autres ont été blessés dans une embuscade dans la région de Tombouctou, où une attaque avait récemment coûté la vie à un militaire. Cet attentat, perpétré contre une base de policiers nigérians de la Minusma, avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Ces trois actes barbares meurtriers viennent nous rappeler que la situation sécuritaire est plus que préoccupante au Mali. Au quotidien, les rebelles et djihadistes laissent des traces de sang dans une localité bien déterminée. Et les terroristes d’AQMI sèment la mort. De Mopti à Kidal, en passant par Tombouctou et Gao, la violence (sanguinaire) devient le quotidien des forces militaires en présence. Et pour preuves :
Le 04 janvier 2016, un véhicule en provenance de Goundam pour Bintagoungou a été intercepté par quatre hommes armés. Après avoir dépouillé les victimes de tous leurs biens, les assaillants ouvrent le feu sur le véhicule tuant une personne. Deux autres sont blessées.
Dans la nuit du jeudi 07 janvier 2016, à Tombouctou, une ressortissante suisse, Stockly Béatrice a été enlevée par des hommes armés. Aucune revendication jusque-là.
Dans la nuit du mardi 12 janvier 2016, le neveu du chef d’Etat-major du MNLA, le colonel Mohamed Ag Najim, a été enlevé par des individus sur trois motos. Les ravisseurs sont soupçonnés d’être proche de Iyad Ag Ghali.
Le vendredi 15 janvier 2016, un convoi de l’armée malienne est tombé dans une embuscade à Zinzin, à l’Est de Goundam aux environs de 10h. Des hommes armés ont ouvert le feu sur les militaires qui escortaient des vivres destinés aux réfugiés de Léré. Le bilan est de 3 morts et 2 blessés maliens, et 3 assaillants tués.
Enfin, le mardi 19 janvier 2016, survient l’assassinat des 3 gendarmes de l’Escadron de Sévaré. Ils ont été abattus par des djihadistes dans le Bourgou, plus précisément à Bili, à environ 7 km de Kakagna, non loin de Mopti. Les victimes ont pour noms : Adjudant Siriki I. Traoré (inscrit au tableau pour être Adjudant-chef), Maréchal de logis chef Souleymane Sidibé et Maréchal de logis Tiécoura Dembélé.
Le jeudi 28 janvier 2016, aura été une journée mortifère pour les forces armées maliennes. Ce jour-là, dans la périphérie de la ville de Tombouctou, un militaire malien a été tué par balle lors d’une embuscade. La victime, nous apprend une source, était au volant d’un véhicule qui allait ravitailler les troupes. Le bourreau reste à ce jour irretrouvable.
Le même jeudi 28 janvier, trois militaires ont péri dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule. C’était aux environs de la ville de Gao, d’où partait une escorte pour Douentza.
Le vendredi 5 février 2016, vers 6 heures 30, des terroristes ont pris pour cible un camp de la MINUSMA à Tombouctou. L’attaque de ce camp, contrôlé par des éléments de l’armée malienne, a coûté la vie au commandant Karim Niang. Aussi, trois éléments des forces armées maliennes et deux civils ont été blessés.
Le mardi 9 février 2016, survenait la mort de trois autres militaires dont le véhicule avait sauté sur une mine dans la région de Mopti, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Moins d’une semaine après, soit le vendredi 12 février 2016, trois soldats ont péri dans une embuscade tendue par des jihadistes entre les localités de Tombouctou et de Goundam. Deux autres militaires ont été blessés dans cette attaque.
Le même vendredi 12 février, le camp de la MINUSMA a été pris pour cible à Kidal, avec le bilan que vous savez déjà.
Le jeudi 11 février, à Hombori (Douentza, région de Mopti), un douanier et deux civils ont été tués lors d’une attaque attribuée à de présumés djihadistes.
Toutes ces attaques ont été commises au cours de cette année 2016 qui reprenait juste le flambeau de la fin 2015.
En effet, le mercredi 9 décembre 2015, aux environs de 05 heures du matin, des hommes armés non encore identifiés ont attaqué un poste de contrôle de l’armée malienne situé à l’Est de Goundam dans la région de Tombouctou. Un militaire est blessé dans cette attaque.
Le lundi 14 décembre 2015, un camp de la MINUSMA à Gao a été la cible de tirs d’obus, qui n’ont fait ni blessé, ni dégâts. C’est le contingent hollandais qui était visé, semble-t-il, par les terroristes.
Le vendredi 25 décembre 2015, Ballaa Ag Chérif est tué dans une embuscade sur la route de Talahandaq, près de Kidal au Nord-Mali. Trois jours plus tard, sa mort est revendiquée par Ançardine. Ballaa Ag Cherif, est le petit frère du secrétaire général du Mnla, Bilal Ag Chérif. Il était le président de l’Union des Jeunes de l’Azawad.
Auparavant, deux soldats guinéens de l’ONU ont été tués fin novembre à Kidal dans une attaque à la roquette contre le camp de la MINUSMA. L’attaque avait été revendiquée par le groupe djihadiste Ansar Dine.
Ces attaques attestent la montée en puissance des groupes djihadistes qui continuent de causer d’importants dégâts matériels et humains au sein des forces armées maliennes et celles de la MINUSMA.
Salif Diallo