Les charges à l’encontre de Al Faqi Al Mahdi, membre du groupe jihadiste Ansar Dine, accusé d'avoir organisé la destruction de mausolées à Tombouctou, dans le Nord du Mali, "concernent des crimes les plus graves, qui ne sauraient rester impunis", a estimé mardi la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda.
"L’humanité doit rester ferme en rejetant ces crimes par des mesures punitives concrètes (…) Une telle attaque ne doit pas rester impunie", a plaidé Mme Bensouda, lors de l’audience de confirmation des charges à l’encontre de Al Mahdi.
Cette audience est censée déterminer s’il existe des preuves suffisantes donnant des motifs substantiels de croire que Al Faqi Al Mahdi, alias Abou Tourab, a commis les crimes qui lui sont imputés.
Détenu à la Haye depuis septembre 2015, Abou Tourab, 41 ans, est accusé d'avoir détruit intentionnellement dix sites historiques et religieux de Tombouctou, la "Cité aux 333 saints".
Lors de l’occupation du Nord du Mali par des groupes islamistes, d’avril 2012 à janvier 2013, Al Mahdi était le chef de la police islamique de Tombouctou et dirigeait nomment "l’Al Hesbah", la brigade des mœurs chargée d’y faire appliquer la charia.
Pour la procureure de la CPI, les mausolées détruits étaient le témoignage non seulement "inestimable et irremplaçable de l'histoire et un site de pratique religieuse, mais aussi, l’identité de Tombouctou".
Mme Bensouda a soutenu que les sites attaqués étaient importants pour les habitants de Tombouctou en particulier et le Mali en général, mais ils étaient aussi pour toute l'Afrique et le monde entier.
Al Madhi est le premier suspect déféré devant la CPI pour un chef d'accusation portant sur des biens, des bâtiments religieux et culturels et des monuments historiques.
"Nos enquêtes se poursuivent et nous entendons faire tout ce qui est à notre disposition pour que les responsables des crimes du Statut de Rome qui sont commis au Mali répondent de leurs actes", a souligné la procureure.
A l’issue de l’audience de confirmation des charges, la Chambre préliminaire de la CPI dispose d’un délai de 60 jours pour confirmer ou non toutes les charges qui sont imputées à Al Faqi Al Mahdi. Dans l’hypothèse où elles le seraient, une date provisoire pour l’ouverture d’un procès sera fixée.
RKO