Bien que moins médiatisée que les cérémonies du 15 mai et du 20 juin 2015, la cérémonie qui s’est déroulée le dimanche 28 février 2016 a, à nos yeux, une importance capitale et cela pour plusieurs raisons dont trois nous semblent fondamentales.
D’abord par la qualité des femmes et des hommes présents à cette rencontre. Pratiquement toutes les sensibilités aussi bien des mouvements armés et des politiques, majorité et opposition étaient présentes.
Si c’était pour le Docteur Haïdara une épreuve de rattrapage suite à l’interruption il y a de cela quelques mois, de sa rencontre majorité / opposition qu’il avait initiée et remise à des calendes grecques, alors nous lui disons bravo. Et tant mieux si ce nouvel essai s’enrichit d’acteurs incontournables de l’instauration de la paix au Mali que sont les mouvements armés CMA et Plateforme.
Ensuite, par la méthodologie adoptée pour cette rencontre. En effet, on a parlé de façon pragmatique des solutions à apporter aux problèmes réels que vivent les habitants des régions avec en priorité le problème de l’insécurité. Il est vrai que sans sécurité, aucune avancée n’est possible dans la réalisation de la feuille de route de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger.
Enfin, une des raisons et non des moindres est, il nous semble, le ton adopté et les mots énoncés par chacun des intervenants. Les termes et expressions utilisés étaient modérés, dépouillés de naïveté et d’un optimisme prudent. Sans que cela soit la grande confiance retrouvée, on sentait pour chacun des intervenants, un désir d’en finir.
Ils ont exprimé là, le sentiment de cette majorité silencieuse des habitants de toutes les régions du Mali et singulièrement ceux des régions du nord qui ne demandent qu’à vivre en paix. Les différents leaders de ces différents mouvements ont enfin compris que s’ils ne parviennent pas à s’entendre, alors, une troisième force plus brutale, plus archaïque viendrait les mettre tous aux pas.
Dans ce genre de situation, le gouvernement devrait intervenir en posant des actes concrets pour amener à une atmosphère plus décrispée afin de ramener petit à petit la confiance entre les différentes parties prenantes. La situation est propice car, depuis plusieurs mois, l’opinion internationale a toute son attention braquée sur la lutte contre Daesh.
Les monarchies du golfe, en plus de la guerre en Syrie sont empêtrées dans la guerre au Yémen. Et, il n’est pas superfétatoire de souligner que la chute du prix de l’or noir a eu des conséquences sur les tirelires de ces monarchies qui avaient fait de la déstabilisation des pays du sahel leur jeu préféré en balançant des pétrodollars par ci, par là sans compter, à ces malheureuses populations du sahel.
Quelles que soient les intentions des uns et des autres, un cadre inédit de dialogue a été créé ce dimanche 28 février 2016, cadre qui va rallumer le calumet de la paix. Aussi, n’avons-nous pas le droit de nous poser cette pertinente question : est-ce enfin, la paix des braves au Mali ?
Wamseru A. Asama