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Mali: la carrière en politique ou la voie de la facilité
Publié le mercredi 2 mars 2016  |  RP Medias
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Issaka SIDIBE




Ce qui va suivre est une analyse faite d’observations de la chose politique publique malienne depuis le début de l’ère post 26 Mars 1991 soit un quart de siècle de l’histoire moderne du Mali.
Sans revenir sur l’autre quart de siècle de règne du général Moussa Traoré, à la chute de ce dernier, beaucoup de rêves étaient permis. Le besoin de liberté et le multipartisme ont donné naissance à tous les fantasmes possibles depuis l’indépendance. Le malien nouveau n’a pas pu naître des cendres du maliens du passé puisqu’il n y a pas eu de centre du malien ancien. Nous sommes passés d’une époque à une autre sans changer les hommes et femmes qui ont fait l’époque passée. Les fantasmes qu’ils soient sexuels ou sociétaux ont la particularité de ne jamais se réaliser. Outre le chaos médiatique suscité par la naissance de ce qu’on à nommé par « les radios libres », on a assisté à une succession de personnalités qui se ressemblent. Aucun d’eux n’est venu en politique pour servir la cité et le corps politique. Tous se sont servis de la politique pour changer de caste pour certains et changer de classe sociale pour d’autres.
On a pu découvrir des professeurs d’université ministre pendant un certain temps puis une fois ex ministre , se sont trouvés trop beaux et trop haut perchés pour reprendre la craie en amphi et dans les salles de travaux dirigés. On reste plus longtemps ex ministre que ministre pourtant.
Ils sont nombreux ces cadres maliens qui après une fonction nominative ont refusés de redevenir le cadre qu’ils ont été. Leur train de vie à explosé, et ne correspond plus à leur passé.
Combien de simples enseignants du premier cycle devenus maire d’une commune ou la spéculation foncière sévit se sont gavés puis après leurs mandats ont refusé la vie qui était la leur.
La politique est faite certes de privilèges mais aussi de grands devoirs. Ceux qui embrassent la voie politique au Mali font le choix des privilèges. D’ailleurs la politique est la seule discipline à capacité enrichissante qui permet de dépenser ce qu’on n’a pas créé en équivalent de richesse. Toute la vie de la cité tient à la comptabilité. Qu’il soit national ou de l’entreprise, le bilan comptable doit présenter les ressources qui permettent les dépenses.
Ce n’est pas un hasard si tout concoure à perpétuer les voies d’enrichissement exponentielle des personnalités politiques peu importe la santé financière du Mali. Les députés quasi illettrés et souvent absents de l’hémicycle s’octroient des émoluments qui n’ont aucun fondement comparé au niveau de subsistance du peuple qui les élit. On peut craindre que les élus se retournent une fois élus contre leurs électeurs.
Pendant que les électeurs n’ont pas les moyens de se soigner contre un simple paludisme dans centres hospitaliers maliens, leurs bulletins de votent permettent à des élus de s’offrir le luxe des hôpitaux étrangers.
Outre les quelques faibles salariés ayant empruntés la fusée sociale permise par la politique du ventre, d’autres types de nouveaux riches politiques n’ont jamais présenté une seule fiche de paye avant l’aubaine de la vie politique.
Il n y a presque pas d’industrie au Mali, idem pour des actions et obligations. Le commerce de l’influence mixé avec la corruption entretiennent le train de vie de milliardaire des dirigeants politiques. L’immobilier devenu un casse-tête dans un pays vaste comme 3 fois la France laisse perplexe tout cartésien. Toute proportion gardée, le même terrain coûte plus cher à Bamako qu’à Abidjan alors que le niveau de développement et l’attractivité de la capitale économique ivoirienne dépasse largement celle du Mali. Ceux qui détiennent les clés de cette bulle spéculative sont les maires, les députés, les départements de l’administration territoriale, les ministres, le président de la république et les différentes notabilités du pays. Faites le constat, les plus grands propriétaires terriens sont ces personnes cités qui n’ont pas forcement hérités et qui n’ont pas les fiches de paye qui justifient ces patrimoines.
Pourquoi tout le monde fait ce constat indécent mais jamais les solutions n’ont été envisagées à hauteur de souhait? On ne peut pas demander aux députés de changer les règles du jeu qui leur est favorable. On ne peut pas demander aux ministres de rompre avec le statu quo qui fait d’eux des privilégiés d’office au-delà de leurs capacités à créer de la richesse et de la sécurité. Le président de la république non plus ne fera pas l’effort de casser ce beau cycle qui fait de lui un créancier du Mali. Sans exception, tout ce beau monde qui au gré des alliances de circonstance en arrivent par moment à s’opposer ne dénonce jamais cet enrichissement illicite.
Dans les circonstances actuelles de la vie politique malienne, à moins d’être une bande de 1000 personnes à vouloir inverser la courbe de la chute en s’investissant dans la politique politicienne, toute personne qui s’engagerait à son échelle individuelle fait le choix de la facilité. La politique au Mali est la voie de la facilité qui ouvre toutes les portes. On ne verra pas Soumaila Cissé et IBK soutenir l’idée d’un audit immobilier au Mali sur le dernier quart de siècle. Ils ne s’engageront pas non plus sur la voie d’un dégonflement de la bulle spéculative immobilière. Ils soutiendront difficilement les mouvements de dénonciations des pratiques esclavagistes de « Orange Mali » initiés par une écrasante majorité de jeunes maliens sur les réseaux sociaux.
Les seules personnes mises en avant au Mali sont les loups de la politique qu’ils soient jeunes ou moins jeunes. L’entrepreneuriat et les créateurs d’emplois ne sont jamais mis en avant. D’ailleurs les entreprises qui ont recours aux marchés publics de l’état perdent des plumes avant de recouvrer leurs rémunérations après l’exécution des marchés. Souvent les entrepreneurs sont contraints de payer des dessous de tables au trésor public avant de recevoir leurs chèques pourtant la voie de entrepreneuriat dans un pays dont le système est incertain est celle du courage. C’est un choix risqué comme partout mais dans le cas du Mali ça devient un choix hasardeux compte tenu du climat des affaires empoissonné par la caste politique. Les PME qui créent des emplois sont ceux qui créent aussi la richesse qui entretien le train de vie des politiques budgétivores.
Le Mali et ses politiciens constituent une énigme qui pourrait constituer un cas d’école à enseigner dans les plus prestigieuses universités. L’un des pays les plus pauvres de la planète avec le PIB/Habitant parmi les plus faibles collectionne les politiciens les plus insouciants qui exposent au reste du monde des signes ostentatoires de richesse et de luxe qui frôle la mise en scène.


Elijah De BLA
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