Beaucoup a été dit concernant le recrutement de nos soldats. La gestion des militaires sous ATT a été fortement critiquée à cause de mauvais recrutements. Sous IBK, l’on croyait que les choses allaient changer. Loin s’en faut. Le clientélisme, les quotas des chefs, les listes additives et les enfants recommandés sont toujours d’actualité.
Aujourd’hui, comme hier, pour être recruté dans l’armée, c’est la croix et la bannière. En fait, ce sont les jeunes volontaires et ceux qui sont passionnés par le métier des armes qui souffrent. À toutes les occasions, ils doivent attendre qu’on finisse de recruter à la volonté des différents chefs militaires, de la hiérarchie militaire et des chefs de services pour espérer avoir une quelconque chance d’être retenus. C’est pourquoi l’armée et la police sont devenues des dépotoirs pour les recalés du système éducatif, dont les parents cherchent des zones de recasement.
La magouille autour des recrutements dans l’armée serait l’une des principales causes de l’insécurité grandissante au Mali. Car, ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui viennent dans l’armée non pas par conviction, mais pour tourner dos à la galère. En effet, ce sont les députés, les ministres, les militaires hauts gradés de l’armée…qui imposent leurs enfants lors de ces recrutements.
Pour preuve, le recrutement qui est actuellement en cours ; il dépasse tout entendement. En effet, plusieurs candidats sont recalés pour des problèmes de santé, sans qu’on ne leur dise ce dont ils souffrent réellement. Alors qu’ils sont aptes, selon certains spécialistes de la santé. Certains ont été recalés au niveau des épreuves physiques. Par contre, d’autres ont été admis alors qu’ils ne figuraient pas sur la liste des candidats, et pis, ils n’ont passé aucune épreuve ou test.
C’est par exemple le cas au niveau du Génie militaire. Là, chaque chef de service a eu droit à un quota de 3 personnes ; tout comme au niveau de la Garde nationale, de l’Armée de terre et dans bien d’autres corps. La plupart de ces «admis fantômes» sont des fils de militaires et recalés du système éducatif malien, des enfants qui ne doivent leur salut qu’au fait qu’ils ont «un ou des bras long(s)» dans l’armée. Au moment où d’autres jeunes gens sont en «nage», c’est-à-dire transpirent sous le chaud soleil pour être recrutés, «ces jeunes recommandés» se la coulent douce en famille et se retrouvent admis, à leur grande surprise.
Le hic, c’est qu’au terme de ces recrutements, aucune réclamation n’est possible ; personne ne peut trouver une voie de recours quelconque. Il en est de même pour les bourses de formation. Là aussi, il faut être «recommandé» pour en avoir une. Pour ces bourses, certains font le tour de l’état-major, du ministère de la Défense, car il n’y a aucun critère de sélection ou de mérite. Les soldats achètent ces bourses et une fois en stage, ils récompensent leurs «bienfaiteurs» avec l’argent gagné.
Si avant, la priorité était donnée aux volontaires pour gagner les rangs de l’armée, aujourd’hui, le fils ou la fille d’un officier devient, d’office, militaire. Sans que l’on se sourcille sur son aptitude à servir dans la Grande muette. Ainsi, au cours des recrutements, ceux qui ont la vocation d’endosser l’uniforme, sont écartés au profit des enfants et des nièces, des neveux des copines et des copains des officiers supérieurs.
Conséquence : l’armée malienne est bourrée d’inaptes personnes, et même de handicapés physiques, prompts à fuir au premier coup de feu de l’ennemi. Pis, quand il s’agit de l’envoi de certains jeunes au front, leurs parents officiers s’y opposent, sachant bien qu’ils ne sont pas faits pour le métier des armes.
Avec la crise multidimensionnelle que nous avons connue, pour nombre de Maliens, ces pratiques auraient dû appartenir au passé. Paradoxalement, tel n’est pas le cas, avec ce qui se passe, au vu et au su du ministre de la Défense et des Anciens combattants. Il dort peut-être. On va guetter son réveil.
Sinaly KEÏTA