Dans le village, le développement passe nécessairement par les femmes. Le bon vivre ensemble dans nos villages a pour baromètre le groupe des femmes. C’est ainsi qu’elles se retrouvent sur la place publique ou ‘’Fèrèkènè’’ pour une grande réjouissance autour d’un instrument de musique appelé le balafon ou ‘’Bala’’ en bambara. Cet instrument de musique est utilisé pour résoudre les conflits sociaux dans les ménages. Une fois ces problèmes résolus, l’équilibre familial marche fort et une certaine tranquillité naît au sein de la communauté.
Donc, la place publique ou ‘’fèrèkènè’’ dévient un tribunal où le désaccord ou encore les mésententes trouvent leurs solutions définitives. Alors, qui dit mieux ! Ainsi, le balafon, le N’Goussoun et les femmes constituent un facteur de mobilisation et de cohésion sociale. Aussi, la femme n’a jamais été et ne serait jamais un objet d’ornement dans notre société. Un proverbe bambara dit ceci : « La tresse des cheveux de la femme est plus vieille que la barbe de l’homme ». Un autre proverbe prouve la bravoure de la femme : « Derrière tout grand homme, se trouve une brave femme ».
Comment vit le N’Goussoun aujourd’hui chez les bambaras ? Et que dévons-nous en-faire ?
Dans la plupart de nos villages, aujourd’hui, le N’Goussoun est légué au second plan au profit des musiques étrangères qui n’apportent rien à notre culture positivement. Ainsi, nous assistons à la déperdition de nos valeurs sociétales qui nous identifiaient à travers le monde entier. La culture malienne est une référence mondiale et nous devons tout faire pour la préserver. Bien vrai que nous soyons dans un village planétaire, nous devons rester nous-mêmes.
Heureusement, dans le Bélédougou, l’artiste Mariam Bagayoko, originaire de Kolokani, a porté haut le flabeau du N’Goussoun à travers le Mali, l’Afrique et le monde. Si nous ne prenons pas garde, un jour, ce serait le regret total, car nous ne devons pas du tout perdre en premier lieu tout ce qui reste lorsqu’on a tout perdu : la culture. Combiens sont les jeunes femmes dans nos villages, aujourd’hui, qui savent danser au N’Goussoun ? Je pense qu’elles veulent toutes ‘’décaler’’ ou ‘’couper’’. Nous assistons à la disparition de nos valeurs ancestrales. Et chacun se croit ‘’civilisé’’ en dansant lors des ‘’balani show’’, sans comprendre le sens même des chansons. Chez nous, le chant a une valeur éducative. Ainsi donc, sachons garder un pied dans la tradition et l’autre dans la modernité tout en restant soi-même. Il est grand temps de s’arrêter et de regarder dans le rétroviseur avant qu’il ne soit trop tard.
Jeunes du Mali, l’avenir nous appartient. Alors, faisons le nécessaire pour ne pas tomber dans l’erreur de la chauve-souris.
Bourama Coulibaly, Animateur-Producteur ORTM Mopti