Suliman Baldo, expert indépendant sur la situation des droits de l'homme, a souligné la nécessité de passer à une vitesse supérieure dans la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
"Il est de la responsabilité primaire des signataires de cet accord (gouvernement malien et groupes armés du nord) de procéder à une accélération dans le processus de paix", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse donnée à la fin de sa sixième mission au Mali, du 21 février au 2 mars.
"Ceci est nécessaire, a-t-il ajouté, pour assurer le plein respect des droits de l'homme, notamment la protection des civils et le retour de services de base et des forces de l'ordre public particulièrement dans le centre et le nord du pays".
Pour lui, "la situation sécuritaire au Mali nécessite une réponse robuste et décisive de la part du Mali, des pays de la région et de la communauté internationale". Sinon, affirme-t-il, "la situation des droits de l'homme ne va pas s'améliorer comme il se doit et les populations du centre et du nord vivront dans l'insécurité physique et alimentaire".
M. Baldo s'est déclaré préoccupé par l'état d'avancement des dossiers sur la lutte contre l'impunité pour les crimes graves commis dans le contexte de la crise depuis 2012.
De nombreux dossiers n'avancent toujours pas. Seules les affaires des bérets rouges disparus et la répression du contre-coup d'état, qui remontent à l'année 2012, semblent avancer.
Dans la situation actuelle du pays, a-t-il conseillé, "il ne faut absolument pas laisser un climat d'impunité s'installer".
L'expert a déploré aussi "des retards" dans la mise en application des mesures prévues dans les accords pour renforcer la dévolution de pouvoirs aux instances régionales et locales.
A son avis, ces retards profitent surtout à certains groupes ayant un intérêt dans la déstabilisation du Mali qui intensifient leurs attaques contre les Forces armées maliennes et la Minusma (mission de paix de l'ONU).
Aux attaques terroristes se greffent aujourd'hui les risques de violence intercommunautaire, a relevé l'expert qui s'est aussi inquiété des agressions contre la circulation des personnes et des biens civils et humanitaires attribués à des narcotrafiquants et autres bandits armés.
M. Baldo a déclaré avoir constaté pendant son séjour, que très peu d'endroits dans les zones du nord et du centre du Mali ont été sécurisés malgré la signature de l'accord de paix depuis bientôt un an.
Il s'est déclaré "attristé" lors de son séjour à Mopti, dans le centre du Mali, "par les informations faisant état de graves violations et d'abus des droits de l'homme que subi la population du fait de jeunes gens radicalisés et armés".
Il a aussi déploré des "dérapages" et "mauvais traitements des personnes interpellées lors des opérations militaires menées par les forces de l'ordre et les forces internationales pour neutraliser de tels groupes.
"L'insécurité qui règne, en particulier dans le centre et le nord du Mali, prive les populations de la jouissance des droits de l'homme et la reprise des services de l'Etat", a noté M. Suliman Baldo.
"L'insécurité et l'absence ou l'insuffisance des services sociaux de base continuent à entraver le retour des réfugiés et des personnes déplacées qui veulent regagner leurs communautés dans les zones affectées par le conflit", a -t-il poursuit.
M. Baldo, qui a pris ses fonctions d'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali le 1er août 2013, présentera un rapport sur la situation au Mali au Conseil des droits de l'homme de l'Onu le 22 mars 2016. Fin