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Pour haute trahison : La Haute cour de justice reçoit la plainte contre IBK
Publié le jeudi 3 mars 2016  |  L’aube
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© aBamako.com par Momo
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Fait inédit ! Des Maliens, réunis au sein du bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (BIPREM-Fasoko), ont porté plainte contre le président Ibrahim Boubacar Keïta. Motif : haute trahison et gestion scandaleuse de l’argent public. L’information est tombée, le mardi 1er mars dernier, lors d’une conférence de presse animée par Lacine Diawara et Bokary Dicko, respectivement président et vice-président du Biprem. Entre autres faits reproché à « l’accusé », son refus de présenter publiquement ses biens, le détournement de 28 549 901 190 FCFA lors des achats de l’avion présidentiel et des équipements militaires ; la dilapidation du dénier public dans l’acquisition des engrais agricoles dits frelatés et 1000 tracteurs; la diminution indue du budget des forces armées ; et l’insécurité galopante qui règne au Mali. Sur ces griefs, du reste fondés, le BIPREM exige d’IBK des explications et justifications. Il est donc attendu à la barre… A cet effet, les initiateurs de la plainte ont effectivement déposée une requête le 1er mars 2016 auprès de la Haute cour de justice, avec accusé de réception sous le numéro 104.

Ce vendredi 4 mars 2016 marque la moitié du mandat présidentiel d’Ibrahim Boubacar Keïta dont l’investiture a eu lieu le 4 septembre 2013. Pendant cette période de mi-mandat, le Mali a subi, dans les domaines sécuritaire, identitaire et financier, une gestion politique scandaleuse jamais égalée. C’est du moins l’avis du BIPREM qui estime que c’est à « cause de cette gouvernance hasardeuse, boiteuse et calamiteuse » que notre pays vit les pires moments de son existence. En effet, selon Bokary Dicko, « notre souveraineté est maintenant déchirée : Kidal et plusieurs localités du nord sont coupées du Mali. Notre sécurité est démantelée : agressions sanglantes et courantes des militaires et des civils. Notre honneur est souillé : mendicité humiliante des dirigeants et leur incapacité flagrante à honorer les engagements nationaux auprès des organismes internationaux (Onu, Oci, Omc, Cpi…). Notre bonheur est ruiné : corruption galopante, concussion grimpante, éducation dégradante, pauvreté cinglante et impunité flambante ».

C’est dans le but de rendre des comptes au peuple malien sur ces 30 mois de gouvernance chaotique que le Biprem-Fasoko exige du président IBK, étant le chef suprême des armées et le premier magistrat, des explications et justifications sur sept (7) faits majeurs. Le premier est relatif au refus du président, qui viole ainsi la constitution, de présenter publiquement ses biens. Deuxièmement, l’organisation reproche au président, le détournement de 28 549 901 190 FCFA (selon le BVG 2014) lors des achats de l’avion présidentiel (prix inconnus entre 8, 17 et 21 milliards) et des équipements militaires. Le troisième grief a trait à la dilapidation du dénier public dans l’acquisition des engrais agricoles dits frelatés et 1000 tracteurs pour les agriculteurs maliens. Le quatrième : la diminution indue du budget des forces armées de 281 milliards en 2015 à 213 milliards en 2016 et l’augmentation incongrue du budget de la présidence de la République de 9,3 milliards en 2014 (14,6 milliards en 2015) à 19,3 milliards en 2016. Cinquièmement : l’organisation met au compte d’IBK, la sortie dramatique de Kidal du giron malien (avec ses lots de morts aussi bien militaires que civils) due à la « visite improvisée d’un premier ministre envoyé, par son patron, en mission dans cette région qui est le bastion des rebelles ». Le sixième fait a trait à l’incapacité avérée du chef de l’Etat à mettre en application un accord d’Alger « trop impopulaire et infructueux signé depuis plus de 10 mois ». Et enfin, le Biprem veut des explications sur le « record de l’instabilité gouvernementale par les tâtonnements de 3 premiers ministres et 6 gouvernements en 28 mois prouvant le manque d’efficacité et de perspicacité du président de la République».



Malaise généralisé

Le Biprem n’a pas d’abord demandé la démission du président IBK, mais exige rigoureusement sa comparution pour donner au peuple malien des explications simplifiées sur des dérapages qui font embourber et obstruer la souveraineté et la prospérité nationale.

Qu’IBK comparaisse devant la justice ou non, l’histoire retiendra qu’il fut le premier président dont la gestion a suscité colère et indignation au sein de la population, à tel point que de simples citoyens ont osé l’attaquer en justice. Cette plainte traduit le sentiment de malaise généralisé qui s’est emparé des Maliens, depuis l’accession d’IBK au pouvoir. « Tous les Maliens savent aujourd’hui que rien ne va sur le plan social», à en croire Lacine Diawara, président du Biprem. Qui précise que de l’élection d’IBK à nos jours, au moins 347 critiques de presse ont désapprouvé la gestion du pays. « Cela n’est pas un hasard, parce que même les presses dites proches du pouvoir actuel on fait des critiques », a-t-il ajouté. Aujourd’hui, l’organisation estime que le président doit changer de style de gouvernance et revoir son entourage, car il est très mal entouré. Par ailleurs, Diawara a fustigé le comportement des agents (qui auraient agi conformément à des instructions) du service courrier de l’Assemblée. Un service qui a refusé de prendre le courrier (la plainte), après avoir pris connaissance de son contenu. Qu’à cela ne tienne, les plaignants restent déterminer à mener leur action jusqu’au bout. Dans cette dynamique, ils comptent lancer une pétition qui sera disponible pour signature dans les différentes mairies du district de Bamako. Aussi promettent-ils d’autres actions si leur plainte ne trouve pas un écho favorable auprès de la haute cour de justice.

Des invités, dont l’écrivain Doumbi Fakoly, ont réagi pendant la conférence de presse. Selon ce dernier, « Moussa Traoré a mis plus de 20 ans pour mettre le Mali a genou ; Alpha oumar Konaré a mis 10 ans pour mettre le pays à terre ; ATT en a mis 10 pour le trimbaler ; et IBK a mis deux petites années pour éclater le Mali en plusieurs morceaux ».

Le bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (BIPREM-Fasoko) est un regroupement associatif de citoyens pacifistes qui se sont assigné une mission de veille et d’alerte des populations en vue de défendre la paix et la justice sociale. Cette association, pour rappel, s’était opposée à l’embargo économique contre le Mali en 2012. C’est elle aussi qui, en décembre 2012, voulait organiser une marche de Bamako à Kidal.

I B Dembélé
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