Le philosophe Albert Camus a dit que les choses mal nommées ajoutent à la souffrance du monde. Le Mali est en attente ! De quoi ? De beaucoup de choses et la formule peut se passer de commentaire : c’est l’impasse !
Le pays est tombé à la renverse, vitrifié par l’inertie et grevé par les malaises. Le système politique bât de l’aile, voire en panne, la société civile en sieste prolongée, se délite. Les partis politiques impliqué dans la majorité présidentielle se sont mis sur l’orbite de la soumission et se contentent du profil de dindons de farce dans un climat de prédation. Que dire de plus du Mali sous IBK ? Rien sinon qu’il s’est immergé sous l’iceberg de la lassitude et de l’attente. Le pays est dans un cul-de-sac. Il est difficile de prédire quoi que ce soit dans le capharnaüm de cette année 2016. Malgré les envolées thuriféraires et autres alimentaires des soutiens, la signature de l’accord d’Alger 2015, n’apporte rien de neuf au quotidien des Maliens, à chaque jour suffit son lot de morts. L’homme de la rue ne rêve plus, il dénigre la politique rejette les discours des responsables de toutes sortes et tous domaines. L’autorité de l’Etat est sérieusement infiltrée, voire infectée par diverses influences malsaines dont la famille n’est pas la moindre. Dans son soutien à un tel système contre le peuple, le discours des politiques de la majorité présidentielle s’est dégradé jusqu’au point où on ne fait plus la distinction entre blague et déclaration politique, promesse et badinerie, métaphore courtoise et attaque blessante. La réalité est que le consensus au sein de la majorité présidentielle est une affaire d’allégeance et non de compétence ni de probité non plus, la culture d’Etat est sacrifiée sur l’autel des compromissions pour celle du pouvoir, celui-ci enivre, grise et dérègle les esprits à telle enseigne qu’il a momifié la pensée des cadres qui y participent. Ainsi dans le Mali d’aujourd’hui il y a peu d’homme d’Etat, il réfléchit autour de lui des lueurs du pessimisme, exhale des odeurs de corruption et croule sous des tonnes de fatalisme et de fanatisme. En un mot comme en mille, le pays s’apprête à Dieu ne plaise à un naufrage politique et peu de bouées de sauvetage !
Un président qui manque d’aura internationale, n’a aucune capacité pour redorer le blason d’un pays à terre. Il avait charmé une jeunesse sans repère en lui miroitant des lendemains meilleurs, mais celle-ci a vite déchanté : la précarité est là, l’incompréhension aussi.
Le président fut un choix forcé, pourrait-on dire, « le moins mauvais des choix » disait-on dans les cercles de la transition chaotique à l’attention des pays occidentaux…
On se rend compte de l’erreur dans le casting, jamais la famille n’a autant envahit les sphères de décision dans l’Etat, les scandales financiers éclatent au grand jour, la patrimonialisation du pouvoir est devenue une évidence et dégage son odeur dans les gouvernements successifs.
La course derrière les privilèges, les fortunes mal-acquises, les pots-de-vin ont réduit en peau de chagrin l’espace de la légalité et de la transparence.
L’inflation a détruit tout pouvoir d’achat, la misère ayant gagné les catégories mal loties de la population arrive maintenant à une classe moyenne, déjà quasi inexistante.
Sans conteste, l’espoir est en berne le président IBK, n’est pas venu pour assumer le pouvoir, mais pour le consommer, il ne gouverne pas, il gère son fauteuil. Pour cela, il est resté à la gare de l’histoire, puisqu’il semble que le train du changement est déjà parti sans qu’il s’y accroche.
Souleymane Koné
(Ancien Ambassadeur)