La mairie et le gouvernorat se concertent sur la meilleure démarche à adopter vis-à-vis des occupants. Mais l’opération reste d’actualité
Elle se fera, mais quand ? Question cruciale sur un domaine délicat, mais aussi question dont la réponse n’est toujours pas disponible. Annoncée avant-hier par le gouverneur du district de Bamako, Hadi Traoré, la nouvelle opération de libération des chaussées et des trottoirs des Communes II et III devait concerner leurs occupants légalement ou non installés. Prévue pour débuter pour hier matin, l’exécution du grand déblayage semble reportée aux calendes grecques. En effet, contacté hier par nos soins, l’exécutif régional n’a donné aucune précision sur la date de démarrage de l’opération qui aurait dû logiquement suivre ce qui s’apparentait à une sommation de déguerpissement.
L’on se rappelle que l’administrateur civil au discours abrasif avait confirmé (lire l’Essor du 3 mars dernier) qu’il agissait de concert avec les mairies, l’ensemble des services techniques, les acteurs et les leaders des marchés (qui sont les représentants des différentes corporations). Comment interpréter alors ce report ? Est-ce un recul de l’autorité face à des occupants qui se comportent en maîtres des lieux ?
Dans l’entourage du gouverneur, on nous a fait comprendre que le maire du District nourrirait des appréhensions par rapport à la méthode préconisée et souhaiterait que soit prolongée la réflexion sur l’exécution des opérations de libération des voies publiques. « Si cette réflexion peut contribuer à améliorer la réussite de l’exercice, l’humilité et la démarche participative nous obligent à inclure la vision de nos partenaires dans la solution à dégager et les mesures à prendre », lance-t-on du coté du gouvernorat où s’exprime une nette préférence pour la démarche consensuelle. « Nous n’exclurons personne », y répète-t-on.
Le gouverneur précise qu’il aura une séance de travail avec le maire du district, Adama Sangaré, afin d’évaluer l’ensemble des acquis et fixer une nouvelle date pour la libération des voies publiques. L’autre raison du report, selon l’administrateur civil, est la nécessité d’obtenir l’entière implication des responsables bamakois qui se seraient engagés à faire un travail de persuasion sur le terrain. « Dans les jours à venir, nous évaluerons ce qu’ils ont pu faire et nous ajusterons en conséquence notre manœuvre », assure le gouverneur Hadi Traoré. Les parties parviendront-elles à harmoniser leurs approches ?
Un tour au Dabanani suffit pour se convaincre que la libération des trottoirs est devenue une nécessité. La zone connaissait hier son animation démentielle habituelle au moment où nous passions. Les étals à ciel ouvert qui ont envahi des deux cotés chaussée et trottoirs rétrécissent la voie au strict minimum roulable. Des débris de légumes et autres sachets plastiques jonchent le sol, dégageant une odeur nauséabonde. Transports publics et voitures personnelles se disputent le bout de bitume encore carrossable. Pour se frayer un chemin sur ce qui leur reste de passage, les piétons avancent en se frottant les uns aux autres.
Contactée, la Mairie du district n’a pas souhaité se prononcer sur l’opération qui a été reportée. Mais bien décidé à mener à bien son projet, Hadi Traoré souligne que la Mairie est au cœur de l’activité, qu’on le veuille ou pas. Et le légat du district de Bamako de conclure sur assurance : « C’est une opération qui aura lieu dans tous les cas. Le recul vise à bien préparer le déguerpissement ».
C. M. TRAORÉ