Nul ne resta indifférent face au caractère hautement historique de son élection à la tête du Mali. La légitimité de son pouvoir fut d’une insondable magnificence. En cet homme, la confiance des maliens, était pleine et entière. En lui, l’on semblait voir, « l’homme de la situation », et donc, le « rédempteur » de la Nation. Mais voilà qu’IBK tirera habilement profit d’une confiance aussi aveugle que sourde, pour plonger ses compatriotes dans une désillusion sans commune mesure, d’où leur amer regret, au jour d’aujourd’hui, pour s’être fait naïvement entraîner dans son traquenard.
En effet, aucune promesse majeure faite par IBK n’a, jusque-là, été tenue. La « croisade » vigoureusement annoncée contre le favoritisme, n’est plus qu’un vil mirage. Les actuels tenants de l’appareil public étaient certainement impatients d’accéder au pouvoir d’où la quasi-systématisation de la corruption et le « partage de gâteau » dans toutes les sphères de la République. L’on assiste désormais à une course effrénée pour les prébendes ainsi que des malversations aussi flagrantes que vertigineuses. La « rigueur implacable » promise au sein de la Justice d’État, ne fut qu’une belle poudre aux yeux des citoyens. Car, les connexions mafieuses existant entre le Pouvoir judiciaire et l’Exécutif, demeurent plus que jamais vivaces. Les 200.000 (deux cents milles) emplois promis, ont, à l’heure actuelle, fini par être vus comme une pure insulte à l’intelligence des maliens, principalement la jeunesse, qui semble carrément ignorée par des prétendus sauveurs. Le phénomène du chômage devient, de plus en plus, assimilable à une « seconde religion » au Mali. La politique de redynamisation de l’agriculture s’est avérée inféconde à travers la cherté insoutenable des denrées de première nécessité et une insécurité alimentaire de plus en plus désespérée. La politique de rationalisation des dépenses publiques et la réduction du train de vie des autorités comme annoncée par le Gouvernement, n’était, là encore, qu’un subterfuge visant à donner l’impression aux maliens, que le patrimoine de l’État était géré avec « méthode », « parcimonie » et « efficience ». Pour preuve, le caractère budgétivore de l’administration actuelle amènent les responsables publics à jouir de privilèges si délictueux que l’on soit, sérieusement, en droit de se demander si, en vérité, nous sommes dans un pays pauvre. Les promesses d’équipements et l’amélioration des conditions sociales des hommes en uniformes, semblent quasiment oubliées.
De mal en pis
Autrement dit, les moyens matériels et financiers mis à la disposition des forces de défense et de sécurité, restent médiocres et dérisoires d’où l’incapacité nette de celles-ci de répondre dignement aux exigences sécuritaires de l’heure afin de mieux enrayer la psychose de l’insécurité régnant partout au pays depuis maintenant plus de deux ans au préjudice de paisibles citoyens.
A ce propos, la déception des hommes en armes fut immense lorsqu’IBK, Président de la République du Mali et Chef suprême des armées, insulta, avec une désinvolture rare, la souveraineté de l’État du Mali, en déclarant ouvertement devant l’Armée nationale, lors de sa visite à Sikasso : « J’ai tout fait pour vous équiper, mais ils ont tout fait pour m’empêcher de vous équiper ». Qui aurait pu croire une démission grave venant de celui-là même en qui tous les espoirs reposaient ? Comment peut-on franchement tenir des propos rustiquement « irresponsables » devant une institution désignant l’instrument même de notre souveraineté ainsi que devant tout un peuple qui n’aspire qu’à vivre dans une nation digne et responsable, capable de s’assumer en toutes circonstances. L’ensemble des maliens, tant civils que militaires, furent profondément indignés par d’aussi suicidaires déclarations venant du Premier magistrat de l’État. Par ailleurs, La stabilité et la fermeté tant promises lors des campagnes présidentielles par celui qui sera élu à 77% du suffrage exprimé, ont paradoxalement fait place au banditisme à grande échelle, l’insécurité généralisée et la clanisme du pouvoir d’État ainsi que l’instauration d’une oligarchie financière sans précédent. Les promesses de préservation de l’autorité de l’État et la garantie de la souveraineté nationale, se sont ironiquement soldées par la signature de l’un des textes les plus farfelus, voire honteux de notre histoire (Accord d’Alger), consacrant sans ambiguïté, le démantèlement de l’État et la partition programmée du pays. Un document « mortifère » sacrifiant l’avenir de tout un peuple, au profit de la seule vie d’un régime manifestement accablé par un souci d’existence et dont l’incompétence n’est plus un secret pour personne. La succession de scandales ou humiliations aussi graves, voire dangereuses pour la respectabilité d’un Etat ainsi que l’estime d’un peuple, n’a, jusque-là, eu aucune réponse de la Justice promise par Ibrahim Boubacar Kéita. Quelle belle récompense d’IBK pour les maliens ! Qui l’eût cru ? Personne, assurément !
Voilà, la quintessence de l’amère désillusion qu’incarne, aujourd’hui, Ibrahim Boubacar Kéita, aux yeux des maliens, ceux-là mêmes qui ne juraient que par lui. Au peuple donc de s’assumer sans autre forme de procès !
Dougoufana Kéita