Tombouctou (Mali) - Les représentants des quinze pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, en visite au Mali, ont appelé samedi à accélérer la mise en oeuvre de l’accord de paix, à trois semaines d’un forum "de réconciliation" dans le nord en proie à des attaques récurrentes.
Arrivée vendredi soir à Bamako, la délégation s’est entretenue tôt samedi
matin avec le Premier ministre malien Modibo Keïta, avant de se rendre à Mopti (centre), puis à Tombouctou (nord-ouest), où elle a échangé avec des autorités régionales, locales et différents acteurs du processus de paix, a constaté un journaliste de l’AFP.
Pour l’ONU, "la priorité aujourd’hui est à la pleine mise en oeuvre de
l’accord de paix", "l’accélération de (sa) mise en oeuvre (...) y compris et
d’abord sur le terrain", avait indiqué le représentant de la France, François
Delattre, lors de la rencontre avec le Premier ministre.
Lors des échanges à Mopti et Tombouctou, il a notamment été question des
défis sécuritaires neuf mois après la signature de l’accord de paix. Un
document entériné dans un premier temps en mai 2015 par le gouvernement
malien, les mouvements armés qui le soutiennent - la Plateforme -, puis en
juin 2015 par les groupes rebelles à dominante touareg qui l’ont combattu dans le nord du pays - la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Les diplomates onusiens ont notamment été informés de la tenue, du 27 au 30
mars, d’un "forum pour la paix et la réconciliation" à Kidal, jusqu’à récemment sous contrôle de la CMA. Début février, la CMA et la Plateforme ont
annoncé s’être entendues pour y cohabiter pacifiquement, quelques jours après l’arrivée sans heurts dans la ville de centaines de pro-Bamako.
Des représentants de ces deux camps ainsi que du gouvernement ont annoncé leur décision d’organiser ce forum à l’issue de plusieurs jours de discussions en février à Bamako, d’après un communiqué conjoint publié par la presse locale.
Une annonce saluée samedi par le chef de la Mission de l’ONU au Mali
(Minusma), Mahamat Saleh Annadif, qui a affirmé attendre "avec beaucoup
d’impatience" cette rencontre de Kidal. "Il est extrêmement important que nous conjuguions nos efforts pour que l’accord de paix soit intégralement
appliqué", a-t-il ajouté.
En 2012, le nord du Mali a été transformé en sanctuaire et en base
d’opérations par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de
l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite
évincée. Les jihadistes ont été chassés et en grande partie dispersés à partir
de janvier 2013 par une opération militaire internationale, qui se poursuit
actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes
et étrangères. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques se sont
étendues à partir de début 2015 vers le Centre, puis le Sud.
A Mopti, les autorités régionales ont indiqué être confrontées à plusieurs
difficultés pour le rétablissement de la sécurité, particulièrement dans des
zones inondables et difficiles d’accès de cette région dans le delta intérieur
du fleuve Niger. "Ce qui nous manque, c’est le lien aérien", a affirmé Boukary
Koïta, du gouvernorat de la région.
"Il y a encore des progrès à effectuer, c’est vrai, en matière de formation, d’équipement" notamment, a indiqué François Delattre.
La visite de la délégation au Mali prend fin dimanche.
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