Si les Keïta du passé ont porté le Mali au firmament de la diplomatie mondiale, ceux d’aujourd’hui ont pris la ferme décision de l’enterrer à jamais. Les cérémonies mortuaires, dirait-on, se dérouleront à la fin de ce mois à Kidal où les participants vont lire l’oraison funèbre au cours d’un forum dédié à la paix et à la réconciliation maculées du sang des militaires et civils maliens tués en défendant leur chère patrie. A quand s’arrêtera le festival des brigands qui se nourrissent du sang des pauvres maliens?
A l’annonce de l’organisation du forum sur la paix et la réconciliation qui se tiendra à Kidal du 27 au 30 mars courant, les relais français, regroupés au sein de nos partis politiques et de notre société civile et chargés de donner à la moindre occasion le dernier coup de massue à notre peuple pour sauvegarder leurs intérêts haïssables et ceux de leurs protecteurs, ont commencé à crier victoire quant à l’aboutissement de leur dessein funeste contre le Mali.
Ils ont, durant toute la semaine, mené des campagnes médiatiques à l’endroit de leurs militants qui, malheureusement, n’arrivent toujours pas à comprendre que leur situation de détresse, de désespoir, de misère et d’extrême pauvreté tire son origine de la mauvaise gestion de ces mandibules françaises.
Les dirigeants politiques et de la société civile tentent, par cette opération de charme, de convaincre les esprits fins qu’après le forum, Kidal sera dans le giron du Mali et tout rentrera dans l’ordre pour le bonheur des Maliens. Pour cela, ils mettent en avant le retour des investisseurs, la relance de l’économie, le décaissement des fonds pour la reconstruction du Nord et la mise en route des projets de développement en berne à cause de l’insécurité. Mais, il n’en sera rien. Ces oiseaux de mauvais augures se trompent de combat et sur toute la ligne.
Kidal, un prolongement naturel de la France
La paix et la réconciliation qu’ils proclament et qu’ils essayent de faire avaler comme des couleuvres au peuple malien, ne sont que d’autres nouvelles méthodes d’enrichissement et d’accaparement de nos maigres ressources créées par une catégorie de gens qui a décidé de voler impunément l’argent public pour vivre dans l’insolence et dans l’arrogance.
Dans la mesure où les ficelles sont toujours tirées dans l’ombre par le président français, François Hollande, qui considère Kidal comme un prolongement naturel de la France, depuis l’appel de trahison de Dioncounda Traoré, lancé à son pays en 2013, pour, disait-il, sauver le reste du Mali d’une éventuelle invasion des bandits armés.
Que les Maliens se détrompent ! Personne ne viendra faire la paix dans notre pays. Cette tâche incombe uniquement au peuple malien qui doit prendre appui sur son passé pour revisiter les mécanismes de gestion des conflits afin qu’on se retrouve pour débattre toutes les questions liées à la vie de la nation.
C’est bien ce que le sage Seydou Badian disait : «Etre de son temps, c’est vivre à la pointe de l’histoire mais en se souvenant qu’il y a derrière nous un passé prodigieux et infini. Celui qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va.»
Comme pour dire que pour bien servir l’avenir, il faut absolument s’inspirer du passé. Sinon, les solutions importées ou imposées n’ont pas de lendemain et dans leur application elles sont toujours sources de tensions entre les composantes du peuple qui aspire à la paix, seul gage d’un développement durable.
On comprend aisément la joie des leaders de la mouvance présidentielle, de l’opposition et de la société civile pour la simple raison que la France va les accueillir à Kidal sans la moindre présence des représentants de l’administration de la 8ème région, repliée de force à Gao. Ils sont contents parce que Fançois Hollande, le président français, a décidé que le forum se tienne à Kidal, placé sous mandant français depuis le retrait en mai 2014 de l’administration et de l’armée malienne suite à la visite mouvementée du Premier ministre de l’époque Moussa Mara.
Autre motif de leur joie, la saignée de notre Trésor public. Ils auront de quoi chauffer leurs marmites en percevant des perdiems à la fin du forum. Quand on sait que leur protecteur a imposé au gouvernement malien de prendre en charge tous les frais de l’organisation du forum au cours duquel ils vont célébrer les funérailles du Mali. Au moins, le mérite de Moussa Mara aura été d’être accueilli à l’aéroport de Kidal par le gouverneur de cette région et en présence des chefs des services techniques et militaires.
L’organisation du forum de Kidal ne participera pas à la recherche d’une paix et d’une réconciliation dans notre pays. Mais de tromper encore le peuple sur les vrais problèmes de survie qui se posent avec acuité dans notre pays. Il permettra à la France de maintenir le statu quo sur la 8ème région administrative de notre pays. Ce pays n’a rien entrepris et n’entreprendra rien pour ramener la paix dans notre pays mais il cherche toujours à renforcer sa présence et sauvegarder ses intérêts dans notre pays.
Si ce ne sont pas les ennemis de notre pays, comment peut-on se réjouir de la tenue de ce forum à Kidal sans que la présence du Mali ne soit effective dans cette région ?
On se rappelle que depuis mai 2014, les symboles de la souveraineté nationale ont disparu de cette partie de notre territoire. Et cela, malgré la signature du fameux accord d’Alger qui prévoit le retour de l’administration dans la région de Kidal. La région est abandonnée au bon vouloir de la France et de ses protégés de la CMA qui décident qui doit se rendre à Kidal.
La France montre par la tenue du forum à Kidal à la face du monde qu’elle a une mainmise sur la 8ème région du Mali. Ce forum, sans la présence de notre administration dans l’Adrar des Ifoghas, n’est ni plus ni moins qu’une insulte à la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la défense de la préservation de l’unité nationale. Il traduit la volonté de la France de François Hollande d’enterrer le Mali et de permettre aux traitres maliens de célébrer les funérailles de notre pays à Kidal.
Il est grand temps que les Maliens se donnent la main pour extirper les mauvaises graines qui jouent le jeu de l’impérialisme français de nos rangs.
Yoro SOW