L’Organisation des Nations Unies a envoyé au Mali une délégation depuis le 04 mars pour venir constater de visu les progrès et les difficultés enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix. Elle a ensuite évalué la situation sécuritaire et s’est imprégnée de la réalité sur le terrain. Elle a en outre pu apprécier l’impact de l’Accord pour la paix sur les conditions de vie des populations du Mali, spécialement celles des régions du Nord. Cette mission qui arrive au moment où l’Accord de paix et de Réconciliation est à un tournant décisif, devrait permettre à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali de prendre le leadership à la force Barkhane qui est considérée par bien nombre de maliens comme une force d’occupation et d’exploitation. Le mandat de la MINUSMA sera-t-elle revu et adapté? L’ONU arrêtera-t-elle enfin de sous-traiter la sécurité du Mali avec les forces françaises ?
Le séjour dans notre pays d’une délégation de l’ONU aurait dû être une occasion de clarifier la position des différentes forces qui opèrent dans le septentrion malien. Au lieu de cela, ce fut plutôt une revue des troupes et le traditionnel satisfecit, alors que le citoyen lambda écœuré est resté sur sa faim quand à sa préoccupation sécuritaire et surtout du double jeu de la France qui souffle le chaud et le froid au Mali.
La question qui taraude les esprits est celle de savoir si la France est au dessus des Nations Unies pour s’imposer à elles dans la résolution de la crise au nord du Mali ? Alors que l’idée selon laquelle il faut négocier avec Iyad Ag Ghali est approuvée par la plus part des citoyens maliens, c’est la France qui s’y oppose, traitant ainsi Iyad d’ennemi numéro 1 de la paix.
Alors qu’après plusieurs recoupements, il semble que les services secrets français travailleraient avec Iyad. Le premier ministre français, lors de sa visite au Mali n’a pas caché son opposition à tout dialogue avec le « terroriste » Iyad et du coup le gouvernement du Mali a pris le relais pour rejeter toute proposition de dialogue avec des groupes autres que ceux signataires de l’Accord de Paix. Est-ce à dire que la France n’a pas intérêt à ce qu’il y ait la paix et la stabilité au Mali ?
La réponse semble que OUI, car de l’avis de bien des experts en géopolitique, c’est dans le désordre qu’elle peut mieux exploiter le Mali. Mais disons-le clairement, on ne peut pas résoudre la crise malienne en étant avec toutes les parties en conflits, Gouvernement et groupes armés en même temps.
Et mieux, la France serait même en train de renifler les nombreux gisements du sous sol malien comme en témoignent le défilé de ces gros engins de travaux publics au nord. Si l’ONU est au dessus des Etats, sa représentation doit jouer le rôle de leadership dans la résolution de la crise malienne.
Vivement donc la reprise en main de la crise malienne par la MINUSMA pour que le Peuple fatigué puisse enfin retrouver le chemin de la paix et de la stabilité.
Youssouf Sissoko
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