La France a une part de responsabilité directe dans l`effondrement de l`Etat malien. Elle a soutenu dès les années 1980 des programmes d`ajustement structurel d`inspiration néolibérale qui ont détruit l`école et la santé publiques et ont ainsi ouvert une voie royale aux institutions islamiques de substitution.
Elle a endossé la libéralisation de la filière coton voulue par la Banque mondiale, qui a accéléré l`exode rural et l`émigration, tout en bloquant cette dernière, alors même que les remises des expatriés sont plus élevées que l`aide publique au développement.
AQMI, ÉRIGÉ EN ENNEMI PRINCIPAL DE LA FRANCE
De toute manière, Nicolas Sarkozy a de facto coupé celle-ci. Il a également contribué à l`affaiblissement de l`autorité du président Amadou Toumani Touré en exigeant de lui la signature d`un accord de réadmission des migrants clandestins, politiquement inacceptable aux yeux de son opinion publique, et en guerroyant sur le territoire malien de pair avec l`armée mauritanienne à partir de 2010, sans même toujours l`en avertir.
Cette militarisation de la question du nord du Mali a conféré à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), érigé en ennemi principal de la France à l`extrémité d`un "arc de crise" supposé s`étendre du Pakistan à la Mauritanie, des lettres de noblesse anti-impérialistes qui ont facilité son recrutement de combattants. Elle a aussi gonflé le flot des déplacés et des réfugiés en aggravant la pauvreté des populations sahariennes.