Les rideaux sont tombés ce week-end sur l’audience « de confirmation des charges » contre Ahmed al-Faqi al-Mahdi, ancien membre du groupe Ansar Dine transféré devant la Cour Pénale internationale (CPI) pour la destruction des mausolées de Tombouctou, en 2012. Il est présenté comme celui qui fut le chef de la « hesbah », c’est-à-dire la brigade des mœurs de Tombouctou chargée de faire appliquer de force l’idéologie jihadiste. Pour la Procureure de la CPI, la gambienne Fatou Bensouda, la destruction des mausolées est un crime de guerre. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Studio Tamani, la Procureure Fatou Bensouda qui a effectué plusieurs déplacements à Bamako déclare que « les accords politiques n’ont rien à voir avec l’enquête judicaire de la CPI. Plusieurs enquêtes sont en cours sur les cas de crime au Mali pendant l’occupation. Lorsque mon bureau aura réuni les preuves suffisantes contre ces personnes, la CPI délivrera des mandats », a-t-elle ajouté.
Au-delà de ces belles phrases, la CPI aurait envoyé un beau message au peuple malien en lançant des mandats d’arrêt contre ces criminels de sang qui continuent de narguer leurs victimes et les parents de leurs victimes. Le procès de ce menu fretin a un coût d’inachevé. De l’avis de nombreux citoyens, les organisateurs du procès d’Ahmed Al-Faqi al-Mahdi, inconnu du bataillon des groupes jihadistes jusqu’à son transfert à la Haye, se moquent des victimes des exactions infligées par les envahisseurs et leurs acolytes. Il y a un vrai paradoxe dans le procès mené avec un tapage médiatique.
Au moment où cet ex-chef de la « « hesbah » d’Ansar Dine comparaît devant la Procureure Fatou Bensouda, des criminels de grands chemins qui ont massacré des soldats maliens à Aguelhoc, paradent à Bamako en toute impunité au vu et au su de cette communauté internationale qui s’acharne contre Ahmed al-Faqi al-Mahdi qui n’obéissait qu’aux ordres. Les anciens leaders d’Ansar Dine recyclés dans le Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad (HCUA) sont devenus aujourd’hui des gens fréquentables, des enfants chouchous derrière lesquels la communauté internationale et les autorités maliennes courent. La deuxième visite au Mali des membres du Conseil de sécurité en l’espace d’un an, illustre bien cet état de fait. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Les auteurs, notamment ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui ont revendiqué le massacre d’Aguelhoc, sont reçus en grande pompe à travers le monde par des Chefs de l’Etat comme ce fut le cas, le 03 mars dernier à Ouagadougou. Ils se complaisent dans leur arrogance et leur insolence contre la République du Mali et ne ratent aucune occasion pour réveiller leur projet séparatiste.
On libère des auteurs de crimes atroces en catimini au mépris du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et on applaudit la comparution du destructeur de mausolées à la Haye. Quelle hypocrisie ! Qu’on arrête de tromper le peuple qui n’a que trop souffert.
On ne peut pas construire une paix durable sur un montage de mensonges. C’est sur ce terrain que les uns et les autres se sont engouffrés contre les avis du peuple. Un peuple qui observe tout et qui ne manque pas de rappeler à l’ordre les imposteurs et autres démagogues qui n’ont jamais renoncé à leur projet sécessionniste. En empêchant un meeting de Mamadou Djéri Maïga, la brave et légendaire jeunesse de Gao (dont certains leaders ont été lâchement fauchés en janvier 2015 par les balles partisanes de la MINUSMA) a envoyé un message fort à la communauté internationale et aux autorités maliennes. Tôt ou tard, les traîtres qui ont livré ce pays aux envahisseurs répondront de leurs actes.
Chiaka Doumbia