Après les villages de proximité, c’était le tour de la ville de Ké-Macina d’être la cible d’attaque terroriste, le jeudi 3 mars dernier aux environs de 18 heures. Si l’on ne déplore pas de perte en vie humaine, par contre le bilan matériel est très lourd. Le véhicule personnel du commandant de Brigade par intérim, Garba Samaké, a été brulé par les assaillants avec un ordinateur portable tout neuf à bord.
Selon nos informations, il était environ 18 heures, lorsque Garba Samaké en service seul au poste de la gendarmerie, à l’entrée de la ville, remarqua des mouvements suspects de deux jeunes qui se dirigeaient vers la ville à moto. Le comportement lui a tiqué. Aussitôt, il a pris ses précautions. Et, il a eu raison d’écouter son 6ème sens. Car, quelque instants après, il apercevait deux autres individus à moto qui s’immobilisèrent brusquement à son niveau, confirmant son intuition de la présence des hommes obéissant aux ordres de l’invisible Amadou Kounfa, prêts à faire feux. Dès lors son instinct de vieux soldat lui recommanda de se mettre à l’abri pour ne pas essuyer de tirs. Ainsi, il fut un mouvement vers le poste de commandement pour sortir par la fenêtre.
Une fois parvenu à l’arrière cours du poste, il arme son fusil pour riposter aux coups de rafales des assaillants. C’était dans une course poursuite contre lui. Ne pouvant pas faire à l’assaut seul, il se refugie dans la maison la plus proche du poste sans être atteint par les balles de ses agresseurs. Mais, dans une zone sous d’extrêmes menaces constantes, comment Garba Samaké s’est-il retrouvé seul à affronter cette horde de criminels sans foi ni loi ? Selon nos informations, normalement, ils étaient 3 gendarmes en service ce jour là. L’un d’entre eux lui aurait demandé une permission pour aller régler un problème urgent en ville, et l’autre se serait éclipsé sans l’informer quelques heures plus tôt. Comme s’il aurait été informé de l’attaque. C’est ainsi, que le CB adjoint par intérim s’est retrouvé seul face aux terroristes.
Mais, eu égard à la rapidité de l’opération, il n’a pu apporter son véhicule avec lui, qui a été complètement calciné avec son ordinateur à bord. Après ce forfait, ils se sont dirigés un peu vers la ville, indique notre source, pour tirer sur les 4 roues d’un autre véhicule qu’il croyait appartenir à un autre agent de sécurité. Ils ont failli le brûler. Le malheureux propriétaire doit son véhicule sauvé grâce au Livre Saint avait à bord qu’ils ont aperçu à travers les vitres.
La gendarmerie en panne de véhicule
Mais, le hic qui fait tilt ici, c’est que les quatre hommes ont tenu la ville en respect pendant près de deux heures en présence d’autres forces qui ont tardé à riposter. Ce qui a provoqué la colère chez la population.
Il y a lieu de remonter le moral de nos troupes qui commencent à sentir le poids de la guerre en renforçant leurs moyens roulants. Car, si les assaillants ont eu l’audace d’attaquer le poste, c’est parce qu’ils avaient conscience que les éléments sont non seulement handicapés, mais également parce que la cible est très excentrée.
Selon des habitants joints au téléphone, l’unique Pick-up dont la Gendarmerie locale disposait est garé à la suite d’un accident. Sachant donc cela, il leur était plus facile de créer la trouille chez nos hommes. Le commandement doit prendre à bras-le-corps la problématique des moyens. Comme pour dire que les populations locales se doivent de jouer leur partition dans cette guerre asymétrique que les ennemis de la paix veulent imposer à notre pays, en créant des conditions de psychose par des attaques surprises lâches, contre lesquelles aucune armée n’est suffisamment préparée. L’armée la plus forte au monde, comme celle des américains, a été contrainte à la retraite par les Talibans en Afghanistan. Il n’y a donc aucune honte à se faire dans cette phase de la guerre qui est plutôt psychologique. Les rapports de force dans ces genres de combat sont toujours certes disproportionnels, mais tournent à l’avantage des lâches, qui attaquent toujours au moment où l’on s’y attend le moins.
Modibo Dolo
Source: Tjikan