WASHINGTON - Les Etats-Unis se sont gardés mardi de
critiquer l'Algérie après le dénouement sanglant de la prise d'otages dans un
complexe gazier du sud-est du pays, au cours de laquelle trois Américains ont
péri.
"Nous n'allons pas d'ici porter un jugement de valeur sur la manière dont
les Algériens ont géré cette attaque impitoyable", a répondu lors de son point
de presse quotidien la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland.
Trente-sept étrangers et un Algérien ont été tués lors de cette prise
d'otages menée durant quatre jours par des extrémistes islamistes, avant un
assaut des forces spéciales algériennes samedi.
Trois Américains figurent parmi les morts.
"Les Algériens nous ont dit que les assaillants avaient fomenté le projet
de tuer tous les otages et de faire sauter l'usine. Il y aurait eu une énorme
explosion qui aurait tué tout le monde, avec un résultat évidemment encore
plus tragique que ce qu'il a été", a encore justifié la diplomate américaine.
Son homologue de la Maison Blanche, Jay Carney, a jugé que "les terroristes
qui ont mené (cette opération) sont les seuls responsables de cette tragédie,
et les Etats-Unis condamnent leurs actions dans les termes les plus forts".
"Nous restons en contact étroit avec le gouvernement algérien pour mieux
comprendre ce qui s'est passé, pour pouvoir oeuvrer ensemble à éviter de
telles tragédies à l'avenir", a ajouté le porte-parole du président Barack
Obama.
Mme Nuland a rappelé que la prise d'otages et l'assaut des forces de
sécurité algériennes s'étaient déroulés dans des "circonstances très
difficiles, horribles et tragiques" et que le complexe gazier était à "environ
un millier de miles d'Alger, dans une zone très reculée".
"L'une des choses que nous devons mieux comprendre est le niveau
d'informations dont disposaient les autorités algériennes aux différentes
étapes de la crise" des otages, a encore expliqué la porte-parole du
département d'Etat.
Pour autant vendredi, avant le dénouement de la prise d'otages, les
Etats-Unis et le Japon avaient lancé un avertissement à l'Algérie pour qu'elle
préserve la vie de ceux qui étaient encore retenus par les ravisseurs
islamistes, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ayant exhorté Alger à faire
preuve d'une "précaution extrême".
L'administration Obama était toutefois très prudente dans ses critiques.
D'abord parce que Washington disposait visiblement de peu d'informations sur
ce qui se passait sur le complexe gazier d'In Aménas, à 1.300 km au sud-est
d'Alger, près de la Libye. Ensuite, parce que des responsables américains
savent que l'Algérie est extrêmement jalouse de sa souveraineté et ne goûte
guère les critiques étrangères.