Dans une interview qu’elle a nous accordée, l’infatigable défensseur des droits des femmes, Mme Faoutamata Siré Diakité, présidente de l’Association pour le progrès et la défense des femmes (APDF), nous décrie sa comprehension du 8 mars, mais aussi de ce qu’elle pense de la nouvelle loi accordant désormais 30% des postes électifs et nominatifs aux femmes.
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis l’ambassadrice Fatoumata Siré Diakité, présidente nationale de l’Association pour le progrès et la défense des femmes (APDF). Une association créée le 6 avril 1991, pour la défense des doits des femmes maliennes, victimes de toutes formes de violences.
Quelles sont les missions essentielles de votre association ?
Les missions essentielles de l’APDF sont : la défense et la protection des droits des femmes et des filles; la lutte contre toutes les formes de violences et de discriminations faites aux femmes et aux jeunes filles. Nous travaillons aussi à faire connaitre aux femmes leurs droits, faire en sorte que les femmes réfusent la violence. L’APDF travaille dans le cadre du renforcement des capacités de l’autonomisation économique des femmes et des filles. Nous luttons contre les pratiques traditionnelles néfastes, comme l’excision, le lévirat et le sororat. Notre organisation lutte aussi contre les discriminsations étatiques, et les discriminisations faites aux femmes handicapées.
Quelles sont les problèmes majeurs rencontrés généralement par les femmes maliennes dans leur foyer ?
Les problèmes majeurs auxquels les femmes dans leur majorité sont confrontées dans leur foyer sont d’abord les violences domestiques ; les coups et bléssures volontaires. Des femmes qui reçoivent des coups de couteau, des femmes sont fusillées, tuées. Les femmes subissent les violences physiques mais aussi économiques. Certains hommes même ayant des moyens financiers réfusent de subvenir aux dépenses familiales ; le défaut d’entretien des femmes. Il y a certains hommes qui réfusent à ce que leurs femmes travaillent afin de gagner quelque chose malgré qu’ils ne satisfont pas aux demandes financières de leurs épouses. Un autre problème auquel le plus souvent les femmes sont confrontés est le litige foncier. Quand l’époux décède, les parents du défunt viennent tout retiré des mains de la conjointe qui a souvent des enfants ; et les biens sont mis au nom d’un frère ou de la maman du mari défunt comme si la conjointe n’avait droit à rien. Les jeunes frères du frère défunt s’accaparent de tous les biens, en ignorant ses enfants et la veuve.
Comment procedez-vous, quand vous recevez une plainte pour violence ?
Quand une femme vient se plaindre de la violence qu’elle subit, nous lui demandons de nous faire parvenir un écrit, et qu’elle nous dise ce qu’elle veut de nous. Si elle veut être assistée, elle nous dit le type d’assistance dont elle veut qu’on la fasse. Nous ne proposons pas à sa place, c’est elle qui nous dit la voix à suivre, car elle sait ce qu’elle veut, elle connait son environnement social. C’est donc à partir des propositions qu’elle nous soumet,que nous nous prononçons sur son cas, nous la conseillons. Au cas où la femme opte pour la médiation, nous invitons le mari par une lettre afin qu’il vienne pour qu’on trouve une solution à leur différend. Il faut préciser que contrairement à ce que beaucoup pense, l’APDF ne convoque pas un époux, mais l’invite à venir afin qu’on trouve la solution au différend qui l’oppose à son épouse. Nous ne sommes pas la police, la gendarmerie, encore moins un tribunal. Dans un premier temps, nous écoutons verbalement la femme, avant de lui faire écrire une lettre pour nous saisir. A partir de cette lettre, nous cherchons des renseignements sur elle ( si elle est légalement mariée ou selon sa réligion). Nous cherchons aussi des informations sur son conjoint, et nous invitons le mari à la médiation. Quand les parties se défèrent à notre inviation, nous donnons la parole en premier à l’homme, puisque la femme avait déjà été écoutée. L’homme nous explique les griefs qu’il reproche à son épouse. Après la médiation, une ou deux semaines après, nous appelons la femme pour savoir si la médiation a apaisé la tension dans le foyer. Nous faisons une évaluation de leur rapport après leur passage, pour savoir si toutefois l’époux respecte les engements pris devant nous, et qui est consigné dans un régistre de l’APDF. Au cas où la réconciliation réussit, nous demandons aux époux de s’excuser mutuellement, et nous, nous demandons pardon au couple pour des choses qu’on a eu à dire lors de la médiation et qui ont dû touchées l’un d’eux. Quand la première tentative de médiaion échoue, nous renvoyons le couple à la maison en leur donnant un autre rendez-vous, en se disant qu’ils peuvent entre temps revenir à de meilleurs sentiments. Il arrive qu’entre-temps, l’un d’entre eux attrait l’autre en justice, si c’est le cas, quand la femme vient nous voir pour nous dire que le mari a constitué un avocat, nous lui donnons aussi un avocat pour sa défence, cela à la charge de l’APDF. Nous travailllons avec 4 avocats dont un se trouve à Ségou.
Que vous inspire la nouvelle Loi accordant 30% de postes nominatifs et électifs aux femmes ?
J’ai été appelée à intervenir à l’Assemblée nationale pour l’adoption de cette loi. J’ai été une actrice active de ce processus. On ne refuse pas un acquis, même si il est faible par rapport à la situation présente. Nous venons de très loin, mais nous pensons que les 30% sont peu par rapport à ce que les femmes maliennes ont fait comme action de militantisme, et de développement dans notre pays depuis l’indépendance. C’est un pays qui doit aller à la parité comme c’est la cas au Sénégal, au Rwanda. Les 30% doivent augmenter. Je pense qu’il y’a un manque de volonté politique qui ne dit pas son nom, mais pour un début, nous nous réjouissons de ces 30%, en esperant que d’ici 5 ans, le Mali irra à la parité. C’est quand même l’occasion pour moi de remercier les parlementaires et le gouverenement qui a accepté de déposer un projet de Loi, et la ministre de la Promotion de la femme qui a suivi le projet de Loi. Après sa promulgation par le président de la République, nous espérons que dès les élections communales et régionales à venir, et lors du prochain rémaniement ministériel que cette loi sera appliquée dans toutes ses rigueurs. Le gouvernement doit tout faire pour respecter son propre projet, et le président de la République ne doit accepter un gouvernement ne comportant pas 30% de femmes à son sein. Il doit veiller à ce que lors du prochain rémaniement après la nomination des deux premières personnalités du gouvernement, la troisième soit une femme et vice-versa ( 2 hommes une femme, ou une femme deux hommes ). Il faut reconnaitre qu’adopter une loi est une étape et sa mise en œuvre en est une réalité.
Au-delà du caractère festif, que doit représenter le 8 mars ?
Il faut que les femmes maliennes sachent garder l’esprit même du 8 mars. Le 8 mars a été décreté à tarvers le combat des femmes américaines. Elles n’ont pas fait de cela des évènements folkhloriques comme on le voit chez nous. Le 8 mars doit être considéré comme une journée de bilan et de révendications. Les associations de femmes doivent se mettre ensemble pour remettre une doléance commune à la ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ; qui à son tour la remettra au président de la République. Le ministre de la Promotion de la femme peut aussi nous inviter à venir refléchir sur par exemple la mise en œuvre effective de la nouvelle loi de 30% de postes accordés aux femmes. Ce ne sont pas des thématiques qui manquent, pour magnifier le 8 mars. Madame le ministre peut aussi nous inviter à aller traduire un document de révendacation par rappart à des priorités, comme la stratégie de mise en œuvre des accords d’Alger. Nous avons vu dans ce processus que le gouverenement, la CMA, la Plateforme, mais les associations des femmes n’ont jamais été confiées. Le gouverenment doit ils sont tous des hommes. Cependant, deléguer des femmes, ne serait-ce que Madame, le minsitre des femmes à figurer dans les différentes commisions de mise en œuvre des accords d’Alger. Ce sont des doléances que nous pouvons soumettre aux autorités, car de nos jours, quand vous verrez la composition des différentes parties prenantes des accords, tout le monde est unanime que ce sont les femmes qui ont payé le plus lourd tribut dans ce conflit au nord du Mali. Nous devons prouver aux autorités qu’on ne peut pas aller à la paix sans notre implication.
Votre dernier mot à l’endroit des femmes maliennes ?
Je souhaite une joyeuse fête de 8 mars à toutes les femmes du Mali, en leur disant que désormais, qu’elles considèrent que le 8 mars n’est pas une journée festive, mais un moment de receuillement et de doléances pour notre bien-être. Elles doivent aussi comprendre que le lieu de célébration du 8 mars n’est pas un endroit où les femmes doivent venir défiler pour montrer qui a le plus beau et valeureux sac à main, de chaussures, ou qui a la meilleure couture. Cela doit cesser. Je les invite à une reflexion à dépasser le côté festif du 8 mars et d’aller au sens originel de ce moment de receuil. Il faut qu’à partir de 2017, nous prenions en compte le sens même du 8 mars. Les femmes doivent se mettre ensemble comme le font les syndicats des travailleurs maliens, le 1er mai pour remettre un cahier de doléances, cela au nom de toutes les femmes maliennes aux autorités de notre pays, pour la prise en compte de nos préoccupations. Je pense que si on avait au Mali, un homme à la tête du département de la femme et de l’enfant ; et une femme à la tête du ministère des Afffaires étrangères et du ministère de l’Economie et des Finances, ce serait une grande avancée pour notre pays. Bonne fête à mes sœurs.
Propos recueillis par B. Bouaré