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Edito: Kouffa mais pas Iyad ?
Publié le mercredi 9 mars 2016  |  Le Républicain
Amadou
© Autre presse par DR
Amadou Koufa




Elle n’a pas fait l’objet d’une déclaration officielle mais l’info selon laquelle un groupe de fondamentalistes des régions du Centre (Mopti et Ségou) a décidé de renoncer au jihadisme est à prendre au sérieux. D’abord parce que depuis trois mois, des bonnes volontés étaient à l’œuvre pour ramener dans l’enclos national les brebis égarées d’une cause que ne partagent nullement les populations de Mopti, adeptes d’un islam soufi, tolérant et pacifiste. Ensuite parce que certains de ceux que nous avons entendus sur les ondes font partie de la délicate mission de bons offices qui déclare avoir obtenu le ralliement de ce groupe de plusieurs dizaines de moujahidine.

C’est moins les résultats de la déradicalisation que d’une exfiltration suivie d’engagements de réinsertion. Bonne nouvelle cependant si elle se confirmait. Car le Centre est devenu au fil des mois l’épicentre d’une insécurité portant trois dangers : fragiliser la stabilisation du Nord ; étendre le terrorisme au Sud du pays ; réveiller à Mopti le dangereux volcan en sommeil d’incomptables conflits de production qui ont déssiné, à leur tour, des lignes de fracture communautaires et ethniques. Bravo donc aux émissaires et aux ralliés. Car obtenir la paix sans être obligé de faire la guerre est une force, pas une faiblesse. Mais les éléments de langage tenus (du genre ce sont nos frères donc le dialogue est indiqué) sont à surveiller.

Pour la simple raison que les excuses valables pour les combattants de Hamadoun Kouffa doivent aussi l’être pour ceux d’Iyad Ag Ali, déclaré ennemi numéro un avec un avis de recherche d’un montant bien plus élevé que le budget annuel de Kidal. D’ailleurs, l’hypothétique front de Libération du Macina a tout d’une délocalisation ethnicisée d’Ansardine. Histoire de rappeler une fois de plus que le déterminant de la paix, c’est Iyad Ag Ali plutôt que ses fondés de pouvoir. Enfin, récupérer des dizaines de jihadistes n’est une solution à la crise que si l’on ne jette pas sur les routes de la révolte des centaines de personnes coupables du délit de faciès, comme les droitdelhommistes s’en sont indigné ces derniers temps notamment pour la Région de Mopti.

Adam Thiam
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