La tenue prochaine d’un Forum pour la paix à Kidal marquera-t-elle l’arrivée à bon port du Train Accord Paix-Mali ? Ce train coloré de sang, chargé de cadavres, poussiéreux de manœuvres dilatoires, conduit par le Mali, ses amis et sa rébellion. De Bamako à Ouaga, Alger, Bamako et enfin Kidal, le trajet de ce train est unique. Et ne s’assimile pas à un chemin de fer ordinaire.
La paix n’a pas de prix, dit-on. Mais, le Mali, à bord du train, attendu prochainement à Kidal, a réellement de prix. Et confirme, si besoin en était encore, que si la guerre nous a été imposée, l’accord pour la paix qui en a été issu, nous a bien emballés, sinon trimballés. Si personne ne peut garantir la paix au Mali après ce Forum, il reste que Kidal devrait avoir lieu.
D’abord, pour le symbole. Cela est admis : en matière de négociation, le symbole a un sens. Kidal aura toujours hanté la quiétude au Mali. Kidal, ville rebelle du Mali, aura toujours fait trembler Bamako ; Kidal, capitale de la République de l’Azawad, aura toujours mis à mal l’indivisibilité du Mali. Kidal reste la région terrible du Mali. On peut donc parler de paix au Mali, sans un Forum de Kidal. Personne n’y avait pensé. Sauf les meneurs du jeu de paix : Cma, Plate-forme et compagnie.
Ensuite, l’opportunité de la tenue du Forum à Kidal. Avec maintenant dix régions, dont les nouvelles constituent des démembrements de la région de Kidal, y tenir un Forum, constitue une opportunité de lancer le processus de développement des nouvelles régions. Il est un cadeau de naissance aux deux régions, Taoudéni et Ménaka. Il est bien certain que cette opportunité n’est pas comprise par les parties prenantes. Notamment, les promoteurs de ce Forum. Et, c’est cela la troisième raison. Celle qui a guidé la Cma, depuis le début du processus de négociation de l’Accord de paix.
Pour cette Cma, la guerre, c’est à Kidal qu’elle a commencé et s’il y a paix, elle se doit d’être confirmée à Kidal. Stratégie politique, d’affirmation d’une position qui aura tenu le long du processus. Preuve en cela, la signature en deux temps de l’Accord pour la paix.
Tenez-vous bien, le Forum de Kidal constitue la troisième phase de la signature de l’Accord pour la paix au Mali. Pour ceux qui n’ont juste-là pas compris et exprimaient leur impatience quant à une mise en œuvre réelle de l’accord pour la paix, après sa signature à Bamako, la Cma a toujours eu le dernier mot dans le processus. Le tueur, l’apatride ne peut s’accommoder d’un second rôle. Le présent Forum le confirme bien. Ce n’est peut-être pas bon de le dire. Elle n’aura peut-être pas Kidal comme capitale de l’Azawad. On espère bien que le Mali restera Un et indivisible.
On peut croire aussi au maintien de la laïcité du Mali. Mais la rébellion aura tout trouvé du Mali à l’issue du processus de l’Accord pour la paix. Ebranler le Mali et s’en servir, telle est et demeure son ambition. Ses acteurs sévissent au Nord du Mali et ont bénéficié de l’écoute au Sud et ailleurs. Un Mali paisible, réconcilié avec lui-même participe peu à la réalisation de cette ambition.
Et ce Forum en est une étape. Il sera sûrement un moment d’intenses émotions entre fautifs, coupables, patriotes et amis du Mali. Et marquera peut-être le retour de l’administration dans les régions nord du Mali. Mais, Kidal gardera son exception. Etre rebelle à Bamako.
Bien malin celui qui peut dessiner un projet de paix durable au Mali, au sortir des assises de Kidal, en y voyant la fin de l’insécurité et en jurant sur la bonne foi de la Cma, pour une paix globale et durable au Mali. Kidal, que dalle !
Békaye DEMBELE