Tout le monde en parle : la plainte du BIPREM déposée devant la haute de Cour de justice contre le président IBK pour haute trahison. C’est une première exactement au Mali que des gens s’en prennent au président de la République, en voulant le traîner en justice pendant qu’il est encore en fonction. Par cet acte, et surtout à cause du caractère sulfureux de ses auteurs, on en vient à l’idée qu’il s’agit d’une sorte de machination chez les plaignants, en mal d’instinct existentiel, qui étalent au grand jour leur lubie de banaliser également le pouvoir d’État.
Pour les fins spécialistes de droit public, la procédure devant la haute Cour de justice, habilitée à juger le président de la République et les ministres, pour haute trahison, dans l’exercice de leurs fonctions, habituellement subtile et complexe, il y a mal donne, en ce qui concerne cette plainte du BIPREM contre IBK et la procédure suivie par elle devant la haute cour de justice. En fait, les plaignants en saisissant la haute cour de justice, et de leur requête, et en évoquant la haute trahison contre le président de la République, savaient pertinemment bien qu’ils étaient complètement en déphase de la procédure en la matière. Selon les spécialistes de cette question, la saisine pour haute trahison, devant la haute cour de justice, qui est par essence une émanation de l’Assemblée nationale, doit s’opérer devant celle-ci. En substance, c’est l’Assemblée nationale qui mette d’abord en cause la responsabilité pénale du président IBK avant toute autre gesticulation ou autre exhibition, motivée par un quelconque dessein malveillant.
Sachant d’emblée qu’ils vont tout droit au mur, avec une telle procédure devant la haute cour de justice, tout en s’entêtant à le faire, les plaignants ont bien conscience qu’ils ne sont animés que de l’intention de nuire. S’agissant de cette option juridictionnelle, les initiateurs de la plainte contre IBK savaient pertinemment bien qu’ils ne visaient pas la procédure en la matière. Et pourtant, ils ne se sont pas gênés d’introduire leur action. De ce fait, il apparait plus nettement que l’intention qui s’y cache est liée à tout, sauf au désir de justice qui devait se manifester par un intérêt réel et actuel, lié à l’action judiciaire qu’ils ont enclenchée à l’encontre du président IBK. En dehors de cela, les plaignants, pour ceux qui les ont côtoyés, sont plutôt mus par des considérations sordides. Pour nécessairement user des effets d’annonce, pour leur seul confort existentiel, les plaignants du BIPREM ont choisi cette option juridictionnelle, devant une juridiction qui sort de l’ordinaire dans l’arsenal juridique national, en usant, pour cela, du label d’ONG, avec la seule motivation de se faire signaler.
Il apparait, pour tout le monde, qu’en justice, il n’y a pas d’action sans intérêt. Les plaignants du BIPREM sont persuadés que le président IBK n’a aucun tort à réparer vis-à-vis d’eux. C’est d’ailleurs pourquoi ils se sont installés dans l’approximatif et dans l’incertitude dans l’énoncé de leur plainte, formulée en l’espèce sur la base de simples spéculations, ne mentionnant aucun fait concret, susceptible d’être reproché à quiconque. Ayant abondamment utilisé la malice, comme charge de la preuve, en énonçant, à l’appui de leur plainte, des faits de gestion, effectués par le gouvernement, comme l’achat de l’avion présidentiel, le contrat d’armement militaire ou l’achat des 1000 tracteurs, les plaignants du BIPREM, en l’espèce, ne font que de la sensation outrancière dans le seul but d’exceller dans le chantage qui devient alors la seule arme d’envoûtement en leur possession.
Ces derniers, agissent ainsi sur ce terrain, d’autant qu’il est de notoriété publique que la plupart d’entre eux, en tant que plaignants, sont perçus, çà et là, dans l’opinion, comme des anciens courtisans de l’actuel président de la République, surtout à l’époque où il était en campagne pour l’élection présidentielle. En jouant trop sur l’instinct existentiel, ne serait-ce que pour se signaler dans le firmament de l’ancienne coterie, les plaignants du BIPREM, s’ils ont réussi à secouer le cocotier, comme ils le prétendent, n’ont pas pour autant emporté la sympathie de l’opinion publique pour la seule raison qu’il devient trop pesant, pour eux, le facteur de décrépitude morale qui se dégage d’une telle opération qui ne vise que l’égo.
Les plaignants du BIPREM, en s’attaquant d’une telle manière osée au président de la République, imaginent bien déclencher, en leur faveur, un écho favorable auprès des ondes occidentales, lesquelles ont d’ailleurs abusivement commenté cette opération, sans au préalable se référer ni à sa pertinence ni à sa justesse politique. Eh bien, pour un tel crédit, ils en ont eu assez pour leur promotion personnelle, auto-proclamés qu’ils sont comme de véritables acteurs crédibles d’une société civile qui bouge enfin. Cependant, pour l’histoire récente du pays, contrairement à un tel préjugé positif dont ils jouissent auprès des médias occidentaux, l’opinion publique malienne ne s’emballe guère face à une telle exhibition judiciaire, mal agencée, émanant de responsables du BIPREM dont elle sait d’eux, en tout cas, beaucoup d’entre eux, qui étaient, il n’y a pas encore longtemps, des suppôts de l’ex-junte militaire, dirigée par le capitaine Aya Sanogo, aujourd’hui détenu en prison, à Sélingué.
À cette époque, au vu et au su de tout le monde, plusieurs membres influents de ce réseau, au détriment de l’orthodoxie et de l’éthique de leur profession (beaucoup d’entre eux étaient des hommes de médias), s’étaient transformés, en un laps de temps, à des défenseurs zélés de l’ex-chef de la junte qu’ils ont adoubé de tous les soutiens au même moment où ces derniers étaient la risée de toute la communauté internationale pour avoir fomenté dans le pays un abject coup d’État militaire, ayant précipité le Mali dans le gouffre. Ce sont ces hommes et femmes, zélateurs sans vergogne de l’ex-junte militaire, transformés aujourd’hui en vrais samaritains de la justice et la gouvernance publique, qui reçoivent des glorifications ciblées de la part de ces mêmes ondes occidentales, jadis pourfendeuses déclarées de cette même junte militaire, honnie et bannie en son temps, comme la peste, par cette même presse.
L’opinion publique ne voit dans la démarche de ces plaignants du BIPREM contre le président IBK que duplicité et surenchère propagandiste dans le seul dessein de refaire surface, comme ils savent le faire, une fois sentant les intérêts personnels menacés, en usant de la malveillance orchestrée. D’une telle approche, l’opinion publique malienne ne voit que le signe d’une déchéance morale aucun prétendu sentiment à la justice ne saurait véritablement restaurer. Comme c’est le cas de cette plainte du BIPREM contre le président IBK qui n’a pas encore fini de révéler tous ses dessous scabreux.
Sékouba Samaké