« Le Gouverneur du District de Bamako informe les occupants des voies publiques en Communes II et III de bien vouloir dégager les lieux avant le mercredi 02 février 2015 à 18 heures, délai de rigueur. Passée cette date, les contrevenants se verront expulser des lieux de force…», tel était, en substance, le contenu d’un communiqué diffusé la semaine dernière par le Gouverneur du District de Bamako, Hadi Traoré. Depuis…rien. Les artères de notre belle et salle capitale sont toujours occupées. Bien occupées.
Bamako abritera dans dix moins, en janvier 2017, le Sommet Afrique-France. Désigné comme Président du Comité National d’Organisation de ce sommet, Abdoullah Coulibaly et son équipe sont à pied d’œuvre pour que les invités, Africains et Français, se sentent bien et sentent l’embaumement du grand Mali dont rêve IBK. Pour réussir leur tâche, un coup de main des autorités leur est utile. C’est là que le gouvernorat du District de Bamako et la Mairie du District entrent en scène. Mais, le maire Adama Sangaré de l’Adema-PASJ ne dort plus que d’un œil et demi depuis qu’IBK est aux affaires. De plus, pourquoi faciliter la tâche à un candidat rival au poste de maire du District. Le RPM, parti au pouvoir, n’entend pas les choses de cette oreille. Alors, Hadi Traoré est seul face au défi du maintien d’ordre.
Les défis sont immenses et la mission presque impossible. La ville, qui produit environ 2 500 m3 de déchets par jour, n’a plus de décharge publique. C’est le ravin de la commune V derrière l’hôtel Olympe qui reçoit tous les déchets de Bamako. La décharge de Noumoubougou dans laquelle l’Etat a injecté plus de 6 milliards FCFA de deniers publics n’est toujours pas opérationnelle. Sur ce front, le gouverneur est engagé, aidé, en cela, par de bonnes volontés telles que Toguna SA. Mais, là où le Gouverneur perd des étoiles c’est le récurrent problème d’occupation des voies publiques. «Nous travaillerons exclusivement sur les communes II et III dans la semaine (Ndlr, jeudi dernier). Il est clair que nous aurons affaire à des gens de mauvaise foi. Ceux qui feront preuve de patriotisme et de civisme seront traités avec respect. L’État exercera résolument sa force vis-à-vis de ceux qui s’opposeront à son autorité», avait déclaré le gouverneur. Mais ce énième ultimatum expiré, le Gouverneur a, de visu, constaté que ni le message ni le messager qu’il est n’avaient été compris. En plein marché Dabanani, jeudi dernier, face aux cameras de la télévision nationale, il récidive : « Dès samedi, nous dégagerons toutes ces zones », lançait-il.
A ce jour, force est de constater que le gouverneur du District qui avait, préalablement, procédé à une campagne de sensibilisation jette l’éponge. Son approche dite nouvelle n’a pas marché. Du moins, pas encore.
Qui s’y frotte, s’y pique.
Avec les années, la réglementation de la circulation à Bamako est devenue une sorte de Bastille imprenable. Qui s’y frotte, s’y pique. Et ce n’est pas le général Sada Samaké, ex-ministre de la Sécurité qui dira le contraire. Lui qui, avec un bataillon fort de 800 éléments, avait échoué. En fait, ce que le ‘’Général des bois’’ ignorait c’est qu’il est plus facile de maintenir de l’ordre dans une forêt que dans une mare. De caïmans, en plus. Ces choses-là, n’ont pas de secrets pour un Canard. Il aurait dû prendre conseil auprès du Palmipède qui est aussi bien à l’aise dans les eaux que dans la forêt. Dans la ville des trois Caïmans, différents pouvoirs ont essayé de déguerpir les occupants des voies publiques. Sans succès. Des mauvaises langues affirment que c’est une mission suicide pour les autorités qui s’y aventurent. En administrateur chevronné, Hadi Traoré, semble connaitre les enjeux et les jeux de cette affaire. D’aucuns disent qu’il a jeté l’éponge. Peut-être qu’il a, tout simplement, mis de l’eau dans son vin, face à un peuple qui peine à s’offrir trois repas quotidiens.