Revêtues du traditionnel pagne confectionné pour la circonstance, sur lequel on pouvait lire « Se rassembler pour une plus grande prise de conscience de l’égalité pour les femmes et les filles », les femmes de la ville de Gao ont réussi une mobilisation totale pour la célébration de la Journée internationale de la femme, ce mardi 8 mars 2016 à Gao.
L’évènement s’est tenu à la Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la famille (DRPFEF), en présence du Gouverneur de la région de Gao, M. Seydou Traoré. Egalement présents, les autorités régionales tant civiles que militaires, les représentants de la MINUSMA, des agences des Nations unies et des organisations non gouvernementales internationales, les responsables des associations de femmes et de jeunes ainsi que ceux des associations et organisations de la société civile, les radios libres de Gao et l’ORTM. Les femmes déplacées de Kidal ont aussi pris part à cette célébration.
L’ambiance était à la fête. Les femmes ont participé massivement à cette journée à côté de Mme Haidara Aissatoune Sangho, Directrice de la DRPFEF, qui au cours de son mot de bienvenue, a remercié toute l’assistance pour avoir répondu à son invitation. « Permettez-moi tout d’abord de vous remercier d’avoir répondu à notre invitation. Ensemble, nous respectons une tradition, celle de la célébration de la Journée internationale de la femme » a-t-elle déclaré.
Se référant au thème national pour la journée, à savoir ‘Egalité, genre et autonomisation de la femme’, Mme la Directrice de la DRPFEF a souligné que : « la promotion de la femme est une des priorités des hautes autorités du Mali. Avec l’adoption le 24 novembre 2010 de la Politique Nationale Genre (PNG), le Gouvernement du Mali s’est résolument engagé pour la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. De façon spécifique, la PNG/Mali cible le renforcement de la capacité économique des femmes, la reconnaissance de la contribution des femmes au développement économique par leur insertion aux circuits et à l’accès égal aux opportunités économiques, à l’emploi et aux facteurs de production ».
Parlant de l’autonomisation de la femme, le Gouverneur de la région de Gao a déclaré que « beaucoup d’efforts ont été consentis par les autorités, mais beaucoup reste à faire dans le sens de l’égalité des sexes inscrite dans la protection des droits des femmes en vue de favoriser leur pleine participation au processus de développement du pays ». Il a ensuite invité les femmes à plus d’engagement et d’implication pour ramener les filles et les fils du pays vers l’entente et la cohésion, gage du développement harmonieux tant souhaité.
Mme Houlematou Touré, directrice retraitée du Centre d’application pédagogique, a mis l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles et l’égalité des sexes. « L’investissement dans l’autonomisation économique de la femme est la voie la plus sûre vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive. Les femmes apportent une contribution énorme à l’économie » a-t-elle affirmé.
M. Sékou Traoré, chef du sous-bureau ONU Femmes à Gao, a plaidé pour la prise en compte de l’égalité genre et à la création de situation favorable à l’autonomisation de la femme pour un développement durable. Il a précisé « qu’il ne s’agit point de créer ou de chercher d’autres facteurs, mais plutôt de donner aux femmes une chance égale pour leur participation dans les instances de prises de décisions, de leur implication dans les différents processus de développement du pays, de prendre en compte dans les planifications des différents budgets, les préoccupations des femmes en ayant une idée distributive équitable ». Il a aussi indiqué que « ONU Femmes a mis à la disposition de 24 groupements de femmes de Gao, Taboye et Soni Aliber en 2013 la valeur de 30 millions de CFA pour le relèvement économique au profit de 600 femmes déplacées retournées et restées dans la région de Gao juste après l’occupation. De 2015 à nos jours, son organisation a appuyé 750 femmes de 19 groupements de Bourem, d’Ansongo et de Gao pour un montant de 42 millions de CFA ». M. Sékou Traoré a terminé son allocution en déclarant « Vive la femme malienne dans un Mali où les hommes et les femmes jouissent du même droit pour l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) ! ».
La célébration de la Journée internationale de la femme à Gao fût une occasion pour remercier Mme Maiga Fatoumata Touré, directrice de l’ONG Greffa, pour son engagement actif à l’émergence de la femme rurale. Le diplôme de mérite lui a été décerné par le Préfet du Cercle de Gao. Elle a profité de cette journée pour indiquer que « le 8 mars est une journée, c’est aussi un mois, une année. Bref, c’est toute la vie ». Cependant, elle s’inquiète que la femme continue de faire l’objet de plusieurs abus physiques ou sexuels et de privation de ses droits les plus élémentaires. Toutefois, la Directrice de l’ONG Greffa reconnaît qu’il y a eu des progrès considérables dans le domaine des droits de la femme, même s’il restait encore du chemin à parcourir. Elle a conclu en disant « beaucoup de choses ont changé entre temps et je dirais que beaucoup de choses restent à faire, la lutte continue ».
Devant la Case de la Paix dans l’enceinte de la DRPFEF, les femmes ont exposé leurs produits. Dirigée par Mme Hautou Maiga, l’association ZEINA a saisi cette opportunité pour faire connaître ses principaux produits dont la farine de mil, le vermicelle de blé, le dah instantané, fonio précuit, feuille d’oignon naturelle, la confiture de datte sucré, les croquettes de gingembre. La pomme de terre, le céleri, l’oignon, la tomate, la carotte et le persil sont séchés et prêts à la consommation. L’association ZEINA a bénéficié de l’appui de la MINUSMA à travers son projet à impact rapide en Août 2015. Mme Hautou Maiga a lancé un appel en faveur de la paix en ces termes, « En cette journée spéciale du 8 mars, je lance un appel à toutes les filles et tous les fils du Mali pour que des efforts soient faits pour faire en sorte que la paix devienne une réalité et perdure dans notre pays ».
Parlant du retour à la paix, Mme Dadia Walet Mossa, conseillère communale de Kidal et présentement déplacée dans la région de Gao, a lancé un vibrant appel à la nation pour que soient créées des conditions favorisant la paix permettant ainsi aux maliens à vivre en paix.
Les élèves des classes de 6ème et 8ème années de l’Ecole Sosso-Koira avaient quant à eux préparé un sketch sur le thème de la célébration et ont exécuté des pas de danse Takamba, sous les applaudissements du public.
Mme Haidara Aissatoune Sangho de la DRPFEF a invité les partenaires techniques et financiers à poursuivre leurs efforts en vue d’accompagner l’Etat malien dans le cadre du respect des droits de la femme. Ceci dans le seul but d’atteindre les Objectifs du Développement Durable (ODD), surtout de parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.
Un 8 mars célébré sous le signe de la paix et la reconciliation à Ménaka également !
Elles étaient plus 400 femmes à avoir répondu à l’invitation dans la salle de conférence du Conseil régional. Le chef de village, le maire de la commune urbaine de Ménaka, les officiers de la division des droits de l’Homme, des Affaires civiles et de celle de l’Information publique et de la communication et du Chef du contingent Nigérien de la MINUSMA à Ménaka, tous étaient présents.
La journée internationale de la femme à Ménaka placée sous le thème local « Place de la femme dans la résolution des conflits », a été organisée par la section de l’information publique et de la communication en collaboration avec la cellule locale de la coordination des associations et ONG féminines (CAFO) et les sections des affaires civiles et des Droits de l’Homme de la MINUSMA.
« Je demande à toutes les femmes de Ménaka de s’impliquer d’avantage dans le processus de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu d’Alger, et la résolution des conflits dans notre région » a dit M. Nanoute, maire de Ménaka, aux nombreuses femmes venues de toutes les localités du cercle de Ménaka.
La cérémonie a été marquée par plusieurs interventions dont celles de la présidente locale de la CAFO Halimatou Sotbar, du chef de village Moussa Tiegoum, du maire de la commune urbaine de Menaka, M. Nanoute et du représentant de la MINUSMA. A ces interventions s’ajoute la conférence débat co–animée par un consultant local, M. Youssouf Sotbar et M. Moussa Ouoba de la section des droits de l’Homme de la MINUSMA à Gao. Le thème de la conférence a porté sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Les activités de la commémoration de la journée internationale de Gao ont continué ce 8 Mars au Conseil régional de Ménaka sur le même thème et dans les langues locales.
« Nous femmes de la région de Ménaka, avons décidé de ne plus accepter la passivité ou l’attentisme mais plutôt, de favoriser une participation effective à toutes les prises de décision et ce, à tous les niveaux. » a lancé madame Halimatou Sotbar, présidente locale de la CAFO. Les femmes de Ménaka ont profité de cette célébration pour lancer un appel pressant aux belligérants des différents affrontements intercommunautaires, à cesser immédiatement les hostilités en cours dans la région.
« Permettez–moi de ne pas passer sous silence, les affrontements intercommunautaires entre Dahoussahak et Iboguilitane d’une part, les Dahoussahak et les Peulhs d’autres parts, qui entament le léger mieux sécuritaire visible depuis quelques temps et qui risque de mettre à mal les efforts de paix enclenchés par le Mali et la communauté internationale. Eu égard à cette nouvelle situation dans notre région, nous femmes de Ménaka, lançons un appel aux belligérants de cesser immédiatement ces tueries insensées et invitons par la même occasion les autorités communales et administratives, les leaders coutumiers et religieux, les forces armées maliennes, Onusiennes et celles de la plateforme et de la CMA à faire cesser par tous les moyens ces affrontements qui n’ont que trop duré avec leurs cortèges d’assassinat à tout bout de champs » a déclaré la présidente de la cellule locale de la CAFO, madame Halimatou Sotbar.
L’implication des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger est gage de réussite et de paix durable au Mali
Toujours le 8 mars, la MINUSMA à travers sa section de l’Information publique a appuyé l’Association pour le Progrès et la Défense des Femmes de Gao (APDF), dans le cadre de l’organisation d’un atelier de sensibilisation sur la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et ses annexes, portant sur les femmes et la sécurité.
Prévu du 8 au 9 mars, cet atelier a été ouvert successivement par la Présidente nationale de l’APDF, Mme Fatoumata Siré Diakité, et M. Seydou Traoré, Gouverneur de la région de Gao, en présence d’une cinquantaine de femmes leaders provenant des Cercles de Gao, Ansongo, et Bourem, mais aussi de la région de Ménaka.
Mme Samantha Buonvino de l’Unité “Outreach” de la section PIO a fait un exposé sur la Résolution 1325, son contenu et sa mise en œuvre, faisant également référence au Plan d’Action National du Mali 2015-2017, récemment lancé à Bamako et financé à hauteur de 9 milliards et 368 millions CFA par la MINUSMA, l’ONU Femmes, et les Royaumes de Suède et des Pays-Bas.
Selon Mme Buonvino, « comprendre l’importance de cette résolution signifie également prendre action pour sa mise en œuvre. En tant que femmes, nous ne devons pas nous limiter à suivre l’application du Plan d’Action National. Nous devons nous impliquer et participer directement au processus de paix. Les groupements de femmes peuvent agir au niveau du plaidoyer, de la sensibilisation et de la mobilisation, de la formation en matière de genre, entre autres. Les outils indispensables pour agir sont notre intellect et notre volonté ».
Tous les Etats membres des Nations Unis sont tenus d’appliquer et de mettre en œuvre la Résolution 1325, donc les réseaux de femmes peuvent partager leurs expériences, apprendre des erreurs et bâtir sur les succès des unes et des autres pour avancer. La résolution 1325 reconnaît que les hommes et les femmes sont affectés différemment par les conflits armés et que pour bâtir une paix durable les femmes doivent être entièrement impliquées dans le domaine de la sécurité. Sans la participation des femmes, les stratégies de paix, de développement et de reconstruction sont affaiblies.
L’architecture d’une paix et d’une stabilité durable, nécessitent une implication tant des femmes que des hommes. L’activité de l’APDF permettra aux femmes leaders de mieux comprendre cette résolution et finalement de mieux savoir se situer dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paix. Mme Fatoumata Siré Diakité, ancienne ambassadrice du Mali en Allemagne, a assuré que cette activité, organisée à Gao, sera par la suite répliquée dans la ville de Tombouctou