Voici venus les dindons de la farce. Assurément, c’est la saison la plus chaotique des hivernages que puissent connaitre les services publics relevant de la tutelle du Ministre de la Communication de notre actuel Gouvernement. L’incompétence, l’insouciance et la boulimie sont les tares triangulaires entretenues par le département. Appels à candidatures tripatouillés, des directions générales sous la conduite d’intérimaires, bref un cocktail menant à un chaos général. Jugez-en vous-mêmes !
Depuis plus d’un an, l’Agence malienne de régulation des télécommunications et de la poste (Amrtp) n’a pas de directeur général faute de volonté politique. Il semble que c’est une caverne de milliards de francs, donc un trésor de guerre électorale à ne pas confier à des mains propres.
Curieusement, le Ministre qui y a nagé pendant de longues années et continue d’ailleurs à s’y plaire, ne veut pas céder le chéquier, comme si c’est un patrimoine personnalisé.
A l’Agetic, autre direction relevant de lui Choguel, le dernier Directeur général a fait valoir ses droits à la retraite il y a bientôt un trimestre. Là aussi, il n’a pas daigné trouver un remplaçant à M. Dolo depuis, malgré la pléthore d’ingénieurs qui court à Bamako. A- t-il donc une ambition pour la politique nationale de développement des nouvelles technologies ?
A l’Agetic comme à l’Amrtp, c’est l’épaisseur de la ressource financière qui fait peur et les offres des marchés juteux des fibres optiques donnent le tournis. Est-ce pourquoi l’homme providentiel de Maïga tarde à sortir sur la toile ? Allez savoir.
Que dire alors de la doyenne des entreprises maliennes, la Poste ?
Il y a des mois que le dernier PDG, pour des raisons à creuser, a rendu le tablier. L’héritier de Diakité n’est toujours pas choisi par le Ministre alors que, relancé et appuyé, cette structure, l’une des plus riches, peut être une grande pourvoyeuse d’emplois à la jeunesse, de Kidal à Ambidédi, comme s’y est engagé le chef de l’Etat. Hélas !
Alors que retenir de l’Ortm et de l’Amap ?
C’est bien triste la vacance à la tête de ces deux services publics. Cela dénote juste une incurie du ministre et de son équipe. Sinon comment comprendre qu’il leur soit impossible et ou qu’ils soient incapables de sortir dans la grande famille des journalistes et ingénieurs de l’information, des têtes capables de piloter ces structures ? Il s’agit plus d’aider la République à s’installer définitivement dans la démocratie par une gestion équitable, mais libre de l’information publique. De ce fait, respectable est la procédure d’appel à candidatures, mais c’est déjà long un mois que les médias de cette envergure soient laissés à eux-mêmes, disons sans directeurs ? Il est aussi vrai que le ministre chercherait des béni oui oui à lui, ou son « Tiékolonba » (marchepieds) ou le dindon de la farce.
Les appels à candidatures sont autant respectables que farfelues, osées et/ou suscitées, donnant à la vacance de poste l’allure d’un drame.
En fait, c’est du jamais vu, l’approche de l’appel à candidatures. Cependant, la multiplicité des dossiers donne une double lecture:
– L’Ortm et l’Amap sont des poules aux jeux d’or. – Au terme de cette phase, il n’eut pas de transparence sur la liste non publiée des prétendants. Nul ne sait les projets dont ils sont porteurs pour ces services publics. – Pourquoi certains sont éliminés et d’autres retenus ? – Aussi, il est dit que le jury n’est pas du sérail et parle trop dans les rues de Bamako. – En fait, nous sommes en face d’une Offre publique amicale, un chèque en blanc. – Pendant qu’il est encore temps, notre chef du Gouvernement doit user de son honneur pour éviter à notre pays le chaos par un choix d’hommes sérieux, propres et neufs à la tête de l’Ortm comme de l’Amap, de la Poste , l’Agetic et bien entendu l’Amrtp. – De ces choix dépendent demain la réussite des missions confiées à la Communication gouvernementale et de la HAC. – Fini donc le temps des pupilles militants de tous les régimes et nomades républicains des temps nouveaux, abonnés à tous les banquets aujourd’hui, tisserands cherchant étoffe personnelle.
Loin de nous tout rejet de la nouvelle méthode (Appel à candidatures), mais une pensée pour un meilleur choix d’homme patriote. Alors attention aux anciens combattants ou ayant fait fonction. Comme c’est dans l’air du temps, que l’appel à candidatures soit une chance plutôt une semence de brimades, de clientélisme et de déchéances. Bienvenue donc aux gens d’honneur aux commandes de nos services publics.
Dounamba JAARAWFA Professeur et Politologue
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